Carignan : des résidents en renaissance à la Maison des aînés et alternative

Une évolution positive de la clientèle est observée depuis que celle-ci est passée du CHSLD Saint-Joseph à la Maison des aînés et alternative (MDAA) de Carignan.

« Je vois des résidents qui renaissent », constate Pascal Dubois, gestionnaire responsable du milieu de vie de la MDAA de Carignan. Il dénote une volonté de revivre. « Des gens que je n’entendais pas parler chantent, maintenant, et jouent du piano », confie-t-il, ébloui.

M. Dubois raconte l’histoire d’une résidente qui est arrivée en novembre dernier au CHSLD Saint-Joseph. La clientèle de Saint-Joseph a déménagé vers la MDAA en début d’année 2025. « Elle ne marchait pas, elle était dans son lit. On a commencé à la lever, à la bouger, à l’activer, etc. », décrit-il. Le 20 mai, elle obtenait « son congé » pour réintégrer son domicile. « Quand on en est à retourner des gens à la maison, c’est du jamais-vu. C’est un miracle! », exprime-t-il avec enthousiasme. Il l’explique notamment par la présence accrue de divers professionnels qu’il n’avait pas au CHSLD Saint-Joseph tels ergothérapeute, physiothérapeute et technicien en éducation spécialisée. « Au CHSLD Saint-Joseph, les résidents étaient plutôt enfermés entre les murs. C’était sombre, restreint, il n’y avait pas d’activités », compare-t-il. 

Incitatif à visiter son aîné

« C’est beaucoup plus animé. J’ai pratiquement 75 % plus de monde qui vient parce que c’est plus lumineux, plus grand. Ça donne envie d’entrer en dedans, de voir ce qui s’y passe et de participer », avance M. Dubois. Il considère la nouvelle MDAA comme un incitatif à ce que les familles visitent leurs aînés. « À Saint-Joseph, je dirais que j’avais 10 familles qui venaient sur 41 résidents. », nuance-t-il.

Changement de culture

En avril 2021, Québec a publié sa Politique d’hébergement et de soins et services de longue durée (PHSSLD). Elle y énonce des orientations « générales et inclusives » qui s’appliqueront à tous les types d’hébergement de longue durée. Elle met de l’avant une « approche novatrice » qui sera davantage adaptée aux besoins des adultes hébergés (…) tout en soutenant l’intégration des milieux de vie dans la communauté. Elle soutiendra également les établissements dans la bonification des modes de gestion et des pratiques cliniques.

«Ça fait 100 ans que l’on fait pareil, mais il faut changer.» – Pascal Dubois

Pour concrétiser cette vision, la Politique affirme qu’un changement de paradigme s’impose. Les gestionnaires et l’ensemble des acteurs du système de santé et de services sociaux « doivent faire preuve d’audace, de créativité et de flexibilité afin de donner accès à un continuum résidentiel évolutif et adapté aux divers besoins des personnes concernées ». Sonia Bélanger, ministre responsable des Aînés, voit les MDAA comme l’occasion idéale permettant de modifier d’anciennes habitudes. « On vient changer toute l’approche. On n’est plus dans un milieu institutionnel. On est dans un milieu de vie à échelle humaine », déclare-t-elle, lors de l’inauguration. « Je veux l’inculquer (PHSSLD) et changer la culture qu’il faut toujours être rapide à exécuter une tâche. Ce n’est pas ça que l’on veut. Cette culture va se transférer tranquillement. C’est du pas à pas. Ça fait 100 ans que l’on fait pareil, mais il faut changer », soutient Pascal Dubois.

Sonia Bélanger salue le fait que les aînés ont accès à une chambre individuelle, équipée chacune d’une salle de toilette et d’une douche. « On a encore des CHSLD où l’on a des chambre à deux. J’ai connu l’époque où il y avait des chambres à trois et à quatre. Je n’appelle pas ça du luxe, j’appelle ça la base », déclare-t-elle dans un souci de dignité et d’intimité.

CHSLD vétustes

Selon Sonia Bélanger, l’identification des CHSLD les plus vétustes s’effectue. Elle en soulève une vingtaine. « On va soit les rénover, soit les reconstruire. Il y a des infrastructures qui sont tellement âgées que ce n’est pas possible de les rénover, sinon, de le faire à des coûts exorbitants », indique-t-elle.

Le CHSLD Saint-Joseph est désormais inutilisé. « Pour l’instant, même si l’installation est vétuste, elle est fonctionnelle. On va réfléchir sur son utilisation future. La population du territoire est très vieillissante. Ça nous sert de contingence pour l’instant, par prudence », identifie Richard Deschamps, président-directeur général du CISSS de la Montérégie-Centre. Il estime qu’une décision sera prise d’ici un an ou deux quant à l’avenir du lieu.

Du trafic à gérer

Le secteur de Carignan dans lequel se situe la MDAA se distingue par l’aménagement de plusieurs rues non complétées ou se terminant en cul-de-sac. Dans ce quartier enclavé de Carignan, c’est beaucoup de circulation qui s’anime depuis l’installation des dernières infrastructures. Au personnel de la MDAA, il faudra ajouter dans quelques mois un CPE d’au moins 80 places. Sur la même rue, l’école du Boisé accueillera en surplus une cohorte de première secondaire. Cela fait beaucoup de mouvement sur la rue Marie-Anne Ouest, alors qu’il n’est pas possible de rejoindre ces lieux par Marie-Anne Est. Patrick Marquès, maire de Carignan, mentionne qu’il sera éventuellement envisageable de faire déboucher Marie-Anne Est.

Pascal Dubois précise que, pour l’instant, le manque à gagner en matière de recrutement se situe au chapitre des infirmières et infirmières auxiliaires. Environ 200 employés gravitent actuellement autour de la MDAA. Une fois celle-ci remplie à pleine capacité, il évalue qu’environ 300 travailleurs seraient nécessaires pour assurer ses activités.