Vivre en région coûte-t-il vraiment moins cher ? Le vrai bilan
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Le coût de la vie en ville ne cesse d’augmenter, et nombreux sont les Québécois qui envisagent de s’installer en région pour améliorer leur qualité de vie… et faire des économies. Mais est-ce réellement plus abordable de vivre à l’extérieur des grands centres urbains ? Si certains postes de dépenses diminuent, d’autres peuvent surprendre. Voici un bilan complet, sans idées reçues.
1. Le prix des propriétés : un avantage encore marqué
C’est souvent l’argument principal des acheteurs : le prix des maisons est plus bas en région. Et en effet, les écarts sont significatifs.
À Montréal, le prix médian d’une maison unifamiliale dépasse les 600 000 $.
En région (ex. : Bas-Saint-Laurent, Abitibi, Chaudière-Appalaches), il est encore possible de trouver des maisons entre 200 000 $ et 350 000 $, parfois moins.
Cet écart peut représenter des centaines de dollars en économie chaque mois, tant au niveau de l’hypothèque que des taxes foncières. Cela dit, dans certaines régions plus prisées (Laurentides, Cantons-de-l’Est), les prix ont beaucoup augmenté depuis la pandémie, ce qui réduit l’écart.
2. Les taxes municipales : souvent plus basses, mais variables
En général, les municipalités rurales imposent un taux de taxe foncière plus bas que les grandes villes. Cependant, ce taux s’applique sur une évaluation municipale souvent plus faible.
Autrement dit, vous paierez peut-être moins en valeur absolue, mais vous aurez aussi accès à moins de services : pas d’aqueduc ni d’égouts municipaux, déneigement limité, collecte des déchets moins fréquente.
Il faut donc prévoir certains frais additionnels que vous n’aviez pas en ville (voir ci-dessous).
3. Les services de base : à vos frais en autonomie
Une propriété en région n’est pas toujours desservie par les infrastructures municipales. Vous devez parfois assumer vous-même :
- L’approvisionnement en eau (puits artésien ou de surface)
- Le traitement des eaux usées (fosse septique)
- Le chauffage au bois, au propane ou à l’électricité
- L’entretien du chemin privé, si l’accès n’est pas municipal
Ces coûts peuvent être significatifs au moment de l’achat ou de la construction. Par exemple :
- Forage d’un puits : 8 000 $ à 15 000 $
- Installation d’un système septique : 15 000 $ à 30 000 $ (cliquez ici pour en savoir plus)
- Entretien annuel : vidange, entretien du terrain, etc.
Il ne s’agit pas nécessairement de frais récurrents élevés, mais il faut les anticiper dans le budget global.
4. Transport : plus de kilomètres, plus de dépenses
C’est l’un des grands désavantages économiques de la vie en région. L’absence de transport en commun fiable force la majorité des ménages à posséder deux voitures, ce qui engendre :
- Plus d’essence (trajets plus longs pour le travail, l’école, les courses)
- Plus d’entretien (freins, pneus, réparations)
- Plus d’assurances et de frais d’immatriculation
En ville, certaines familles peuvent se passer complètement de voiture ou n’en posséder qu’une seule. En région, cela devient souvent impossible.
Selon CAA Québec, le coût annuel moyen pour une voiture compacte avoisine 10 000 $ (incluant l’amortissement, l’essence, l’entretien et les assurances). À deux voitures, c’est un poste de dépense majeur.
5. Alimentation, internet et autres services
Certains biens de consommation sont plus chers en région : les épiceries sont souvent plus petites, moins concurrentielles, et certaines marques ou produits spécialisés sont absents.
L’accès à certains services essentiels — comme l’internet haute vitesse, une couverture cellulaire fiable, des garderies ou écoles spécialisées, ou encore des soins de santé et des professionnels qualifiés en construction — peut aussi être plus limité ou plus coûteux en région.
Par exemple, dans plusieurs secteurs, les seules options viables pour l’internet résidentiel sont les réseaux cellulaires ou les services satellites comme Starlink, dont les forfaits peuvent dépasser 150 $ par mois.
6. Moins de dépenses liées au mode de vie
À l’inverse, plusieurs postes de dépenses tendent à diminuer naturellement :
- Moins de restaurants, cafés ou sorties payantes
- Moins de pression sociale à la consommation
- Moins de stationnement à payer, moins de contraventions
- Moins de frais de garderie privée (accès plus facile au CPE)
De plus, la possibilité de jardinage, cueillette, auto-construction ou d’achat direct aux producteurs peut générer de belles économies à long terme.
7. Qualité de vie et temps : une valeur difficile à chiffrer
Même si la vie en région ne se traduit pas toujours par une baisse nette de toutes les dépenses, plusieurs familles y trouvent leur compte sur le plan de la qualité de vie. Le quotidien y est souvent moins stressant, les occasions de passer du temps en nature sont plus nombreuses, les espaces de vie sont plus vastes, et l’environnement s’avère mieux adapté à la vie familiale ou au télétravail. Ces gains sont difficiles à chiffrer, mais ils ont un impact réel sur le bien-être et la satisfaction générale.
Conclusion : oui, mais…
Vivre en région peut coûter moins cher, mais ce n’est pas automatique. Tout dépend de votre style de vie, de votre lieu de travail, de vos besoins en services, et du type de propriété que vous choisissez.
Pour que ce choix soit réellement économique, il faut bien planifier, comparer les coûts complets, et surtout éviter de reproduire le modèle urbain à la campagne (ex. : longues navettes quotidiennes, dépendance à deux véhicules, etc.).
En résumé : la région peut être plus abordable, mais c’est surtout un choix de mode de vie. Pour qu’il soit payant, il doit être cohérent.