Chambly : les politiciens réagissent à la menace de tarifs
Les politiciens locaux s’expriment quant à la menace de surtaxe douanière de 25 % qu’imposerait au Canada le président des États-Unis, Donald Trump.
Le président des États-Unis, Donald Trump, a repoussé de 30 jours les tarifs américains qui seraient imposés au Canada.
Alexandra Labbé, mairesse de Chambly, mentionne trouver la situation économique préoccupante. « Les leviers pour y répondre sont cependant nombreux et l’ensemble des paliers gouvernementaux sont à pied d’œuvre pour trouver la bonne façon de coordonner nos efforts à tous, autant au chapitre de notre consommation individuelle que pour l’octroi de grands contrats publics », rétorque-t-elle. La mairesse affirme qu’elle suivra attentivement les travaux de l’Union des municipalités du Québec et des autres municipalités pour s’assurer que « les impacts pour Chambly seront bien compris et maîtrisés au mieux pour la suite ». Elle avance qu’une municipalité de la taille de Chambly pourra « certainement » jouer un rôle « important » dans le soutien de l’économie locale. « Nous serons présents pour notre écosystème d’affaires », assure-t-elle.
« Voir un pays aussi gros que les États-Unis, qui a toujours été un voisin allié, nous menacer comme ça, c’est inquiétant et déstabilisant », rapporte Jean-François Roberge, député provincial de la circonscription de Chambly et ministre au gouvernement. Bien que les tarifs soient suspendus, il soutient que l’incertitude qui règne autour de la question a déjà blessé le pays économiquement.
Yves-François Blanchet, député fédéral de Beloeil – Chambly, estime qu’il serait « bien imprudent » de se contenter d’un sursis face à une « menace qui demeure bien réelle » au terme de celui-ci. « Il faut utiliser ces 30 jours pour faire des représentations et évaluer sans attendre les réponses possibles à court terme, que ce soient des tarifs, des règles d’accès au marché ou des alliances avec d’autres pays également menacés », considère-t-il. Le chef du Bloc québécois ajoute que son parti multiplie les contacts avec les entreprises, les groupes de pression et les diplomates.
Effets sur la consommation
Les consommateurs québécois sont nombreux à avoir changé leurs habitudes de consommation et ils appliquent un boycott contre les produits américains. Alexandra Labbé mentionne que ses habitudes sont déjà résolument tournées vers l’achat local et que ses réflexes seront assurément de plus en plus « aiguisés » pour favoriser les achats de provenance canadienne. « Je suis rassurée de voir que le milieu des commerces de détail se met en marche pour mieux identifier les produits qui seront de bons achats dans le contexte et que les choix des consommateurs seront ainsi mieux éclairés », évalue-t-elle.
À l’instar de la mairesse, M. Roberge soutient également avoir entamé le virage. « J’essaie de me passer le plus possible de produits qui sont identifiés comme américains. Déjà, avec l’administration Trump, les Américains ne sont plus nos alliés. Donc, en ce moment, je limite ma consommation de tout bien associé aux États-Unis », fait-il entendre. Jean-François Roberge mentionne que sa famille en fait de même. « Idéalement, on achète québécois, sinon canadien ou un autre pays, mais le moins possible américain. »
M. Blanchet se dit très impressionné par la vivacité du mouvement populaire et spontané d’achat local en réponse aux possibles tarifs de la Maison-Blanche. « Les gens se mobilisent et prennent leur propre sort collectif en mains. Bravo! Il y a toutefois des limites à ce que l’on peut faire pour changer nos habitudes de consommation, mais ça compte déjà sur le plan économique et national », croit-il. Il ajoute que l’État doit encourager ce mouvement, notamment en favorisant l’identification des produits québécois.
Produits provenant des USA
La majorité de la population englobe, dans sa routine d’achat, des produits provenant des États-Unis. « J’ai encore, bien humblement, du chemin à faire pour la consommation de fruits et de légumes plus saisonniers et de provenance locale. J’aime la diversité offerte au niveau des légumes frais. Je vais fournir un effort supplémentaire pour m’assurer de la provenance de mes prochains achats dans ce rayon », envisage Alexandra Labbé.
« Je ne suis pas différent des autres gens. Lorsque j’utilisais Amazon, ce qui était déjà problématique avant les menaces de tarifs, j’y cherchais les produits québécois. Je ne crois pas que les gens vont simplement abandonner le monopole d’Amazon, pas plus que mes parents n’auraient pu abandonner Bell Canada, qui était un monopole sur la téléphonie dans les années 60 ou 70 », compare Yves-François Blanchet. Il soutient que le marché s’ouvre et que l’offre locale peut s’améliorer. « On fait tous un effort et ça comptera plus que bien des tarifs en réponse ou des investissements de l’État. Il faudra se déplacer et magasiner. Comme avant », termine-t-il.