Policier pendant 30 ans, le sergent de la Régie intermunicipale Richelieu–Saint-Laurent, Pierre Tremblay remettra son badge, le 30 novembre, pour prendre la route de la retraite. À l’heure des bilans, le Journal de Chambly s’est entretenu avec celui qui est né pour protéger les autres.
C’est dans un restaurant à déjeuner que Pierre Tremblay nous a donné rendez-vous, un matin maussade d’octobre. « J’ai été chanceux, j’ai travaillé sur les quarts de nuit que la moitié de ma carrière. Dans ce temps-là, on était sur le café pour rester éveillé », lance-t-il, en refusant poliment le café offrt à la table.
Aux tables voisines, les clients saluent le sergent, qui les salue à son tour. Bien connu pour son humour, Pierre Tremblay a su tisser de bons liens avec le milieu communautaire. S’il parle avec passion de son métier, c’est sans mélancolie qu’il voit la retraite. « Je suis prêt », assure-t-il, en souriant à pleines dents.
Historique
Le 15 juillet 1987, Pierre Tremblay a enfilé l’uniforme pour la première fois, à l’âge de 25 ans.
Le policier a fait ses débuts au petit poste de Sainte-Julie, qui en était à sa première année d’existence. L’approche communautaire prônée par le directeur de l’époque a attiré Pierre Tremblay. Avec six années comme patrouilleur et patrouilleur-enquêteur derrière la cravate, on lui a confié le mandat de créer une section sociocommunautaire.
« Je me souviens encore de l’émission de mon premier constat d’infraction, raconte-t-il. Le conducteur avait manqué un arrêt et nous nous étions garés quelques rues plus loin. Je ne connaissais pas encore le coin, je ne me souvenais plus de la rue de l’infraction. J’ai dû chercher sur ma carte, j’étais nerveux et j’ai mal rempli le ticket avec le papier carbone. Après 20 minutes, je lui ai finalement dit de ne pas recommencer ! »
Promu sergent en 1999, il a quitté le département à regret, avec la ferme intention d’y revenir.
Quatre ans après la création de la Régie en 2005, Pierre Tremblay est revenu à ses premières amours pour piloter le service sociocommunautaire du corps policier.
« On a travaillé fort pour prendre le meilleur de ce que tout le monde faisait. En prévention, on regardait comment éviter des types de criminalités ou d’accidents, en fonction de ce qui représente le plus chacun des secteurs », résume-t-il
« C’était un peu comme lorsque tu commandes du chinois, un peu du programme un et deux pour tel secteur, un combo du programme trois et cinq pour un autre quartier », image celui qui est maintenant porte-parole pour la Régie.
« La qualité essentielle d’un policier, c’est l’empathie pour ressentir les émotions des gens. »
– Pierre Tremblay
Le département collabore avec plusieurs organismes et associations, ce qui lui permet de créer des liens avec un plus grand nombre de personnes dans la communauté. Le sentiment de sécurité de la population peut ainsi être renforcé.
Entre la vie et la mort
Malgré la passion pour son métier, Pierre Tremblay reconnaît qu’il peut aussi être difficile émotionnellement. « Tu as beau te préparer, mais tu n’es jamais prêt à ton premier cas de suicide, confie-t-il. À l’école, on se pratique à prendre nos pouls, mais le corps froid et la texture, ça m’avait donné des frissons. Le premier contact avec la mort est marquant, mais on apprend à dédramatiser et on en parle beaucoup pour évacuer. »
« Le pire, c’est d’aller annoncer les décès aux proches de victimes. Je travaille pour protéger et dans ces moments, je provoquais la douleur. À un certain point, je n’étais plus capable de le faire », reconnaît avec émotion le policier.
Dans sa carrière, le sergent a eu la lourde tâche d’annoncer à des membres de sa propre famille le décès d’un proche. « Tu cherches tes mots, tu sais qu’ils sont tellement lourds et que la réaction sera intense. Ça me bouleversait », se remémore-t-il.
Heureusement, le travail compte aussi son lot de victoires, où la police arrive à sauver des victimes, ou augmenter leur sentiment de protection. Selon Pierre Tremblay, le sentiment du devoir accompli et l’impression d’avoir fait quelque chose de bien sont les plus belles récompenses.
Au quotidien
Né le 24 novembre 1962 à Montréal et laissé à la crèche, Pierre Tremblay a été adopté par un couple de Drummondville, où il a vécu son enfance. C’est au cours d’un emploi d’été dans un camp de jour qu’il a découvert son intérêt pour travailler avec les jeunes délinquants.
« Toute ma vie m’a destiné à faire ce que j’ai fait. J’ai toujours voulu aider. La qualité essentielle d’un policier, c’est l’empathie pour ressentir les émotions des gens », estime-t-il.
Les enfants du sergent Tremblay auront été témoins de déformation professionnelle. « Peu importe où on allait, je savais toujours où chacun était et je gardais ma trousse de premiers soins en tout temps », remarque-t-il.
Les petits-enfants, les voyages et travailler le bois attendent Pierre Tremblay dès décembre. Le passionné de moto rêve aussi de traverser la mythique Route 66, pour découvrir l’Ouest américain.
Au poste, le sergent Jean-Luc Tremblay prendra le relais de son acolyte du même nom.