Une action pour protéger ce qu’il reste du golf

Qu’est-ce qu’implique, pour l’ancien golf de Chambly, le nouveau règlement que vient d’adopter la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM)?

Le conseil de la CMM a adopté, le 16 juin dernier, un règlement de contrôle intérimaire (RCI) visant des secteurs qui présentent un potentiel de reconversion en espace vert ou en milieu naturel. Parmi les sites couverts par ce RCI, on compte six terrains de golf jugés comme nécessitant une attention prioritaire, dont l’ancien golf de Chambly. Le Club de golf Beloeil, le Club de golf de Candiac, le Club de golf de Mascouche, l’ancien golf de Rosemère ainsi que le club de golf Le Boisé, à Terrebonne, sont aussi concernés. L’ensemble de ces terrains « totalisent près de 284 hectares et sont tous localisés en périmètre urbain, où l’espace disponible est suffisant pour accueillir la croissance démographique d’ici 2041 », indique la CMM.

« C’est un premier pas dans une très bonne direction. » – Alexandra Labbé

À Chambly

« En 2020, la Ville de Chambly a pris la décision de maintenir le statu quo sur le zonage permis pour le terrain de l’ancien golf afin de prendre le temps de bien réfléchir à son avenir. Ce RCI vient nous appuyer dans notre décision. Il nous offre la possibilité de bien planifier le développement de ce grand espace, un des derniers de la municipalité, en prenant en compte tous les tenants et aboutissants », a commenté la mairesse de Chambly, Alexandra Labbé, par voie de communiqué. « C’est un premier pas dans une très bonne direction, et j’espère que ça permettra à d’autres villes d’identifier, non seulement des golfs, mais vraiment des sites qui peuvent faire l’objet d’une renaturalisation ou d’un retour à leur origine. Du bitume, ça s’enlève, et des arbres, ça se plante », exprime par la suite la mairesse, en entrevue avec le journal. « La CMM commence par les golfs qui ne sont plus en opération. Pour beaucoup de citoyens et d’élus, ce sont des sites très intéressants à renaturaliser, et ça nous donne du temps de réflexion jusqu’au prochain Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD). Pour Chambly, il fallait prendre en considération les besoins d’aménagement, le fait d’être sur un boulevard et l’intérêt commercial, qui est non négligeable. En gros, ce que l’on y fait, c’est que l’on gèle le zonage récréatif. Un club de golf qui voudrait venir s’y installer pourrait le faire, mais c’est tout », précise Mme Labbé. Notons qu’une petite portion du golf, du côté du boulevard, équivalant à environ 30 %, n’est toutefois pas couverte par le RCI, « pour des raisons de nécessité en aménagement routier et de zonage métropolitain, car c’est identifié comme une zone de développement commercial régional », précise la mairesse. Le règlement entrera en vigueur dès son approbation par la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation. Notons que son adoption survient quelques semaines après celle du RCI visant à protéger davantage de milieux naturels d’intérêt métropolitain et des espèces menacées.

Sauver de 30 à 50 % des milieux naturels

La CMM rappelle que « selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), un avenir viable n’est possible qu’en préservant de 30 % à 50 % des territoires terrestres, aquatiques et maritimes d’ici 2030. Cette réalité est
d’autant plus alarmante qu’il faut désormais agir en milieu urbain, où il ne reste pas assez d’espaces entièrement naturels
pour atteindre les cibles ». D’autres secteurs présentant un potentiel de reconversion en espace vert ou en milieu naturel s’ajouteront au RCI dans. une deuxième phase, incluant des terrains de golf. Des études seront menées par la CMM, en collaboration avec les municipalités, « afin d’accroître encore la superficie d’espaces verts dans le grand Montréal dans le cadre de l’exercice de révision du Plan métropolitain d’aménagement et de développement (…) ». « Avec ce RCI, qui sera bientôt appuyé par une réforme de la Loi sur l’expropriation promise par le gouvernement du Québec, les municipalités seront beaucoup mieux outillées pour encadrer et revaloriser les espaces verts menacés par les développements immobiliers, tels que le golf Le Boisé sur notre territoire. Nous sommes fiers d’avoir contribué à l’élaboration de ce projet de règlement avec la CMM. » « Les rapports alarmants du GIEC imposent aux municipalités de poser des gestes ambitieux et concrets pour accélérer la transition écologique et assurer aux générations futures un avenir viable. Dans ce contexte, nous sommes fiers d’avoir adopté un règlement de protection historique, qui nous permettra de dépasser notre objectif de protection de 17 % du territoire de la CMM. Ce RCI démontre le leadership environnemental de la région métropolitaine, qui est une priorité que nous partageons avec la population », souligne finalement Valérie Plante, mairesse de Montréal et présidente de la CMM.