Élections municipales : des différends dans nos villes
La campagne électorale municipale a donné lieu à plusieurs différends entre les candidats à la mairie des villes de Chambly, Carignan, Richelieu et Marieville. Voici les dossiers qui ont retenu l’attention.
Chambly
Depuis août 2022, la piscine municipale de Chambly est fermée. La faute à un bris majeur, qui perdure depuis. Après des réparations annoncées pour 2025, si les subventions étaient disponibles, la Ville de Chambly a présenté son Programme triennal d’immobilisations, dans lequel elle annonce que la piscine municipale sera une priorité pour 2028, toujours sous conditions de subventions.
Le volet aquatique du parc Gilles-Villeneuve approcherait les 16 M$, selon la municipalité. Or, la piscine n’a pas vécu de rénovations pendant plusieurs années, bien avant le mandat d’Alexandra Labbé. La pandémie n’a pas aidé puisqu’en plus des mouvements de protestations et de grèves au Port de Montréal, les coûts ont explosé. Si bien que la piscine n’a pas eu l’once d’un investissement avant qu’elle ne lâche complètement, en 2022 donc.
Dès lors, plusieurs scénarios sont possibles. Le premier est de financer rapidement les réparations et d’augmenter les taux d’impositions aux citoyens. L’autre, est d’attendre quelques années et des subventions du gouvernement pour financer le tout. La Ville a opté pour cette option pour 2028, sous réserve d’acceptation du dossier.
De son côté, Mario Lambert propose de revoir le rapport effectué par la Ville et, peut-être de réévaluer les besoins de la population concernant l’équipement. Ainsi, il se dit prêt à trouver d’autres subventions afin de trouver une solution plus rapidement.
Autre sujet sensible, le projet immobilier annoncé sur l’ancien golf dans le district du Bassin. L’idée est de construire 500 portes et le plus grand parc vert de la ville tout en prolongeant l’avenue Bourgogne afin de désenclaver la rue Daigneault. Une piste cyclable et des commerces y seront aussi développés.
En septembre, la Ville de Chambly a annoncé avoir acquis 70 % du terrain de l’ancien golf, conformément au projet, soit plus de 180 000 m² au prix de 6 M$. Sauf que Barry McLean, président du club de golf, structure propriétaire du terrain, réfute avoir trouvé un accord avec l’administration de la Ville.
Carignan
À Carignan, trois candidats se présentent à la mairie. Mohamed-Elyès Jouini est l’un de ceux-ci. En septembre dernier, le conseil municipal a voté en faveur d’entreprendre des procédures judiciaires contre M. Jouini, notamment en raison de travaux de remblayage qui contreviennent au Règlement sur les permis et certificats. Une ordonnance, rendue le 8 septembre, a été notifiée à M. Jouini par la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) concernant le remblai. Il lui est exigé de cesser ou de faire cesser l’utilisation du lot à des fins de travaux de remblai. En se référant à un rapport de la Ville, la CPTAQ écrit qu’il semblerait que les sols reçus aux fins de confection du remblai soient contaminés, particulièrement en raison d’une présence « préoccupante » de chrome. S’il était élu, M. Jouini mentionne au journal vouloir trouver un terrain d’entente pour mettre un terme aux procédures entamées entre la Ville et lui.
Danielle Pilette, professeure associée à l’UQAM et spécialiste de la gestion municipale, rappelle d’abord que les lois relèvent du gouvernement du Québec. Les municipalités adoptent des règlements et seuls certains sont opposables aux tiers (citoyens). « Ce n’est pas si rare qu’un citoyen en litige se présente comme maire ou conseiller », établit-elle. Elle fait savoir que seules certaines accusations criminelles peuvent constituer un empêchement à une candidature. « Il appartient aux électeurs de juger de la valeur de cette candidature à la mairie », soutient Mme Pilette. Elle mentionne qu’en cas d’élection, il faudra voir si le conseil municipal souhaite amender le règlement en question (le maire ne voterait pas), ou si le citoyen maire souhaite emprunter une voie de légalisation de son affaire comme une démarche en urbanisme discrétionnaire.
Patrick Marquès est le maire sortant. Il avait été élu sans opposition en 2021. Morris Gatien est le troisième candidat.
Richelieu
À Richelieu, une partie de la campagne électorale a tourné autour de l’acquisition de la Caisse Desjardins de Rouville située à Richelieu. Claude Gauthier, maire sortant, souhaite en faire l’achat pour que l’immeuble devienne le futur hôtel de ville ainsi que la nouvelle bibliothèque municipale. Pour le maire actuel, il s’agit d’un projet porteur dont bénéficieront les Richelois pour des années à venir. Jacques Ladouceur, candidat qui se présente contre M. Gauthier, s’oppose au projet. Il mentionne que s’il remporte les élections municipales, il fera une consultation publique concernant le projet d’acquisition. Il propose comme solution de rénover l’hôtel de ville actuel. Il dit vouloir récupérer l’espace où ont lieu les séances du conseil pour en faire des bureaux, ainsi qu’utiliser l’ancienne caserne de pompiers en guise de future bibliothèque.
Manuel Bouthillette, directeur général de Richelieu, a parlé d’un projet de 9 M$, dont 3,5 M$ sont dédiés à l’acquisition du bâtiment, 3,3 M$ sont identifiés pour la rénovation du bâtiment concernant l’hôtel de ville alors que 2,2 M$ iront aux aménagements liés à la bibliothèque municipale.
À savoir si la Caisse Desjardins de Rouville a d’autres acheteurs dans la mire si le projet d’acquisition n’aboutissait pas, elle répond « qu’à ce stade, plusieurs variables demeurent inconnues et imprévisibles. Nous analyserons les différents scénarios envisageables avec notre conseil d’administration une fois les résultats de l’élection municipale connus ». Si la Ville n’achète pas la Caisse, des citoyens craignent qu’elle vende à une tierce partie et que l’institution financière quitte définitivement la ville. À Ce sujet, la Caisse réitère que, peu importe l’issue du vote, elle « maintiendra un centre de services plein service à Richelieu, afin de continuer à répondre aux besoins de nos membres et de la communauté ».
Marieville
L’absence de piscine municipale occupe aussi le débat à Marieville. En 2016, sous la mairesse Caroline Gagnon, « plein de fissures » ont été constatées dans la piscine municipale. Les analyses ont ensuite confirmé que le béton est en fin de vie utile. Il fallait donc penser à une nouvelle piscine.
En 2018, l’inspection printanière a révélé une détérioration trop avancée et la piscine a dû fermer. En 2019, la Ville a travaillé sur de nouveaux plans. Mme Gagnon s’est dite « distraite » parallèlement en raison de la Ville qui est devenue propriétaire de l’aréna Julien-Beauregard. Le Centre sportif Rouville acceptait de perdre son indépendance dans la gestion de l’aréna. Les plans pour une nouvelle piscine avancent tout de même et, en 2020, une demande de financement a été déposée au Programme d’aide financière aux infrastructures récréatives et sportives. La demande soumise n’a cependant pas été retenue. Pour des raisons financières, le projet a été repoussé. L’optimisation des plans et concepts pour une future piscine s’est poursuivie. Concernant sa position actuelle devant la piscine, Mme Gagnon soutient qu’elle gère avec « rigueur et respect » la capacité de payer des citoyens en rappelant les soumissions rejetées de l’agrandissement de l’hôtel de ville ainsi que de la nouvelle bibliothèque. Elle affirme que si la population souhaite une nouvelle piscine, elle « garantit » qu’elle sera la personne la « plus motivée » pour concrétiser ce projet.
Vincent Després parle « d’infrastructure négligée ». Il met de l’avant les plans et devis de 2020 ayant coûté près de 370 000 $ et « mis sur une tablette » depuis. Il déclare, par contre, qu’en cas d’élection, considérant que le travail des plans et devis aura déjà été concrétisé, il s’en servirait pour aller en appel d’offres afin de connaître le coût de construction d’une nouvelle piscine. Si l’on compare avec les travaux de la nouvelle bibliothèque, qui ont débuté à la mi-mars 2025 et qui devraient se concrétiser au printemps 2027, les Marievillois devront trouver d’autres options afin de se rafraîchir pour encore quelques étés à venir.
