Beloeil-CHambly : Yves-François Blanchet – Bloc québécois
Le 27 mars, jour où il déposait sa demande officielle à Beloeil comme candidat dans la circonscription de Beloeil-Chambly, Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois, a accepté de répondre aux questions du Journal de Chambly dans les locaux de l’Entraide Plus, à Chambly.
Quand on est chef d’un parti politique et candidat dans une circonscription, où vont les priorités?
En fait, les gens comprennent très bien. De plus, c’est la troisième élection, alors il n’y a pas d’ambigüité sur le fait qu’un chef de parti doit faire une campagne nationale, ce qui implique qu’il y aura moins de présence dans la circonscription. Ce n’est pas une question de choix personnel. Moi, j’aimerais être plus présent. C’est beau, Chambly, Beloeil au printemps, mais l’obligation, c’est d’aller de la Côte-Nord à l’Outaouais, de l’Abitibi à la Beauce, ce qui explique l’autobus.
Dans ces élections, le danger, c’est le Parti libéral ou Donald Trump?
C’est Donald Trump. Les menaces tarifaires des Américains perturbent complètement la dynamique électorale canadienne. Tellement que la discussion normale est sur ce que l’on fait pour s’adapter, et ce n’est pas pareil en Colombie-Britannique, dans les Maritimes, en Ontario ou au Québec. Une chose est sûre, c’est que l’espace pour avoir la conversation est très limité. On le voit présentement, les gens sont insécures. On leur dit plus qu’autre chose d’aller derrière les libéraux, et il n’y a aucun espace pour la réalité économique du Québec actuellement. L’économie du Québec est construite sur les PME, la technologie environnementale, la transformation du bois, l’aluminium, les pêcheries, le secteur des arts et de la culture, qui est l’un des plus gros employeurs du Québec. Ce n’est pas la réalité de l’Ontario. Mais pour l’instant, on parle surtout de l’automobile de l’Ontario, de l’acier de l’Ontario, du pétrole de l’Ouest, pour mettre dans les autos de l’Ontario, puis des banques de Toronto, qui financent tout cela. M. Carney étant une créature de Toronto, proche de M. Ford, qui vient de se donner un mandat majoritaire de l’Ontario, le véritable champ de bataille de la campagne risque d’être la grande région de Toronto. Si personne n’impose l’agenda québécois, et si la population du Québec n’a pas la prudence d’imposer l’agenda québécois, les risques que le secteur économique du Québec, dans la négociation, devienne des monnaies d’échange, c’est très dangereux.
Quelle est la solution pour que le Québec soit considéré, pour vous?
Il y a une chance significative que le gouvernement soit minoritaire et que le Bloc ait la balance du pouvoir. Si c’est le cas, on est capables d’imposer l’agenda québécois, ils n’auront pas le choix. Les Québécois restent des Québécois, ils ont encore des enjeux pour la préservation de leur langue, des arts et de la culture d’ici, de leurs valeurs, notamment la laïcité de l’État, notamment dans nos écoles, d’une immigration qui doit être réussie, mais le coeur doit rester comment faire pour protéger la singularité économique du Québec, qui est très différente de celle de l’Ontario? Quand Trump embarque sur la patinoire, on nous ressort très vite le « Qui va négocier avec Trump? », mais la question est plutôt « Qu’est-ce que l’on va négocier avec Trump? ». On s’attend, dans les prochains jours, à entendre parler de Trump et à cacher M. Carney, parce que lorsqu’il est sur le terrain, c’est la multiplication des erreurs.
Trump, c’est une mauvaise nouvelle pour le Bloc québécois?
C’est une mauvaise nouvelle pour n’importe qui. Moi, je ne m’attarde pas aux sondages. C’est pour cela qu’il y a une campagne électorale. Quand on s’attarde trop aux sondages, c’est comme si l’on regardait le panneau indicateur et que l’on oubliait de regarder sur la glace. Il y avait un positionnement fort du Bloc avant l’arrivée de Trump, qui nous dit le pourcentage que les gens étaient prêts à voter pour le Bloc québécois, et notre potentiel est toujours à cette hauteur-là.
Vous espérez être l’opposition officielle à Ottawa?
Non, pas du tout. Dans la dynamique actuelle, ce n’est pas possible. À l’heure actuelle, puisque les enjeux sont souvent économiques, il faut imposer un agenda économique québécois parce que les autres ne le feront pas. Il faut arrêter de se raconter des histoires. Ce qui est le plus utile pour les Québécois, c’est la balance du pouvoir pour le Bloc, beaucoup plus que l’hypothétique opposition officielle qui aurait été très symbolique. Mais dans le contexte économique actuel, c’est moins de ça dont a besoin.
L’unité canadienne est-elle, aujourd’hui avec l’actualité, plus importante que l’unité québécoise?
On n’est pas obligé d’être noyé dans son voisin pour s’allier. Est-ce que le Canada veut devenir une province du Mexique parce qu’il veut s’allier avec le Mexique? Évidemment, non. Il y a 28 membres dans l’Union européenne, il n’y a personne qui a renoncé à sa souveraineté. Ils se sont alliés pour gérer des enjeux communs. Le Québec est un acteur nécessaire pour que le Canada ait une politique monétaire cohérente face à Donald Trump. Si les partis fédéralistes s’obstinent à ne pas donner la place nécessaire au Québec, il faudra que les Québécois leur fassent payer le prix. La question souverainiste reviendra très vite, parce que M. Trump a besoin, avant son élection de mi-mandat en 2026, d’avoir complété une négociation sur un traité commercial. On pourra alors voir plus de stabilité, de prévisibilité. Lorsque le Parti québécois fera son élection, un des thèmes, peut-être le thème principal, sera la souveraineté du Québec. Nous, on contribue à créer un environnement qui sera propice à ce que la conversation reprenne sur la souveraineté du Québec dans un an et demi. Ce n’est pas si loin.
Quels sont les enjeux de la circonscription de Beloeil-Chambly?
Il y a des enjeux de logement, certains enjeux de transport collectif, de desserte, la nécessité, lorsque le REM a des lacunes, d’avoir des transports plus directs vers Montréal. Je vais sortir une plateforme locale, comme à chaque campagne électorale, et on abordera l’ensemble des enjeux du comté : main-d’œuvre, logement, transport, environnement, Northvolt. Tout cela sera abordé, mais aujourd’hui, l’attention est vers la menace économique et se détourner de ça, à très court terme, ce serait prendre le risque de se déconnecter de ce qui inquiète vraiment la population.
Pourquoi vous n’avez qu’un adversaire politique, aujourd’hui, dans la circonscription?
Je ne sais pas. Ce n’est pas le seul endroit au Québec. On pourrait se dire » Blanchet est chef, donc personne ne veut se présenter contre lui », mais il y a plusieurs endroits au Québec où les libéraux, malgré l’élan qu’ils ont eu pendant quelques semaines, n’ont pas de candidature annoncée. À Beloeil-Chambly, c’est tout récent. Ne leur posez pas de questions trop vite sur le comté, il se pourrait qu’ils aient des problèmes. Je n’ai pas les explications. C’est comme si les organisations électorales des autres avaient traîné de la patte. Je n’ai pas d’explication sur l’absence des autres partis.