Montérégie : constats après l’interdiction du téléphone cellulaire
Depuis la rentrée scolaire, les élèves de niveau secondaire n’ont plus le droit à l’usage du téléphone à l’école. Après un mois, le journal fait un retour avec la direction de chacun des trois établissements sur son territoire.
Marie-Claude Messier, directrice de l’école secondaire de Chambly, Vincent Laporte, directeur de l’école Monseigneur-Euclide-Théberge, et Serge Gobat, directeur de l’école Paul-Germain-Ostiguy, ont répondu aux questions suivantes.
Quelles différences notez-vous chez vos élèves depuis l’interdiction d’utiliser le téléphone cellulaire à l’école?
École secondaire de Chambly (ÉSC) : « Depuis un mois, les cellulaires ne sont plus utilisés à l’école et la différence est frappante. Par exemple, l’année dernière, dès que la cloche sonnait, les élèves sortaient leur téléphone de leur poche. Aujourd’hui, ce que l’on constate, ce sont des jeunes qui discutent, qui se côtoient et qui socialisent réellement. À l’heure du midi, au lieu de voir des regroupements d’élèves absorbés, chacun dans son appareil, on observe des jeunes qui sortent dehors pour jouer au sport, des gymnases toujours occupés, et même des espaces de jeux de société et de socialisation qui sont maintenant très populaires. C’est une transformation du climat de vie dont nous sommes très fiers. »
Monseigneur-Euclide-Théberge (MET) : « Nous remarquons qu’il y a plus d’effervescence et d’énergie dans l’école. Les élèves se promènent la tête redressée et remarquent la présence des gens qu’ils croisent. On peut voir qu’il y a des discussions plus animées, et les sourires et les rires sont plus nombreux. Certains doivent toutefois s’ajuster, trouver de nouveaux repères pour arriver à temps à leurs cours, mais ça demeure une simple période d’adaptation. »
Paul-Germain-Ostiguy (PGO) : « Les élèves interagissent vraiment plus souvent entre eux, ils communiquent verbalement plus régulièrement et ils vont plus fréquemment dehors aussi. Il y a plus d’élèves qui se sont inscrits aux activités parascolaires. Il y a de la vie dans l’école, comme avant l’arrivée des téléphones intelligents. »
Que concluez-vous de cette mesure liée à l’interdiction?
ÉSC : « Pour nous, le bilan après un mois est très favorable. La mesure a permis d’améliorer la socialisation, de stimuler l’activité physique et d’encourager les échanges entre élèves. En un mois, nous avons constaté très peu de manquements et un grand respect de la règle. Les jeunes se sont adaptés rapidement et leur collaboration est vraiment très bonne. »
MET : « C’est beaucoup de positif, et une grande majorité des élèves s’adaptent très bien et rapidement. Les parents, pour la très grande majorité aussi, soutiennent la démarche et collaborent avec l’équipe-école. »
PGO : « C’est une excellente décision qui a un impact positif sur les élèves. »
Y voyez-vous des aspects négatifs?
ÉSC : « À ce jour, il n’y a pas d’aspects négatifs majeurs. Quelques ajustements sont notés, par exemple en éducation physique, où certains élèves utilisaient le téléphone pour chronométrer ou mesurer leur distance, ou encore pour écouter de la musique. Mais ces petits inconvénients demeurent minimes en comparaison des bénéfices de la mesure. »
MET : « Non, rien de significatif. »
PGO : « Pas pour le moment. »
« Ce que l’on constate, ce sont des jeunes qui discutent, qui se côtoient et qui socialisent réellement. » – Marie-Claude Messier
Avez-vous eu à saisir/confisquer des téléphones? Si oui, combien, environ?
ÉSC : « Depuis l’entrée en vigueur de l’interdiction, nous avons eu à confisquer un téléphone une seule fois pour une deuxième offense. La procédure est simple et inscrite dans notre code de vie : au premier manquement, le téléphone est confisqué et l’élève peut venir le chercher à la fin de la journée à l’accueil. Au deuxième manquement et pour tous les suivants, le téléphone est gardé à l’école et le parent doit se déplacer, entre 7 h et 15 h, pour venir le récupérer. »
MET : « Oui, nous avons dû intervenir auprès de 37 élèves, dont seulement deux ont récidivé, en 25 jours de classe, avec plus de 1 300 élèves à l’école. Nous sommes satisfaits du niveau d’adhésion de nos élèves et de leurs parents à cette nouvelle règle. »
PGO : « Depuis le début de l’année, nous avons confisqué environ 20 appareils électroniques. Nous tenons à préciser que nous avions déjà commencé, l’an dernier, à sensibiliser les élèves et leurs parents à l’arrivée probable de cette nouvelle règle. »
