Chambly : témoignage d’une élève de l’ancienne école de la Roselière

La Chamblyenne Satya Vadaga fréquentait l’école de la Roselière lorsque celle-ci a perdu son statut de pédagogie Waldorf, en 2013, en raison du non-respect du régime pédagogique. Elle revient sur ce passage de sa vie.

Satya Vadaga a fréquenté l’école de la Roselière de la maternelle jusqu’à la cinquième année. « En général, j’ai adoré mon expérience à cette école. C’est sûr que c’était une éducation qui est différente du système public québécois », établit l’étudiante, qui fait actuellement sa licence en droit à l’Université d’Ottawa.

Elle souligne que c’est plus tard qu’elle a réalisé certains « bénéfices » inculqués par ce parcours. Elle met de l’avant que l’école préconisait notamment les aptitudes artistiques et manuelles. « On était en contact avec le monde vrai : cours de couture, peinture, atelier pour aprendre à clouer », énumère celle qui vante les vertus « concrètes » qu’elle a assimilées tôt dans sa vie.

Comparaison entre amis

La femme de 21 ans a grandi dans le Vieux-Chambly. Dans le voisinage, la majorité des enfants fréquentaient l’école de quartier conventionnelle. « On se comparait entre amis. On voyait que l’on n’avait pas du tout la même éducation, que l’on n’apprenait pas les mêmes choses, que l’on n’avait pas les mêmes références. Ça pouvait être un peu aliénant, mais en soi, j’ai vu tellement d’effets positifs relativement à cette éducation », exprime celle qui vit désormais à Gatineau.

 L’école ferme

« Manquements importants, notamment parce que le Programme de formation de l’école québécoise, qui doit obligatoirement être enseigné à tous les élèves du Québec, ne l’est pas en totalité à l’école de la Roselière », a communiqué en 2013 la Commission scolaire des Patriotes à propos des résultats d’une enquête commandée par le Conseil des commissaires. C’était la fin de école à l’enseignement de la pédagogie Waldorf. 

Satya Vadaga se souvient particulièrement de la déception de sa mère. Celle-ci a d’ailleurs été impliquée dans les démarches juridiques entamées par la Corporation des parents de l’école de la Roselière contre la Commission scolaire des Patriotes au sujet de la fermeture. « L’histoire de la Roselière est celle d’une communauté tout entière dont certains membres conservent, encore aujourd’hui, des liens forts, tissés autour de valeurs humaines riches et profondes », retient Geneviève Guilbault, mère de Satya.

En cinquième année, Satya Vadaga soutient qu’elle n’avait pas la conscience de l’aspect légal entourant le système éducatif québécois. « Je voyais les bénéfices que l’on en retirait. Je ne comprenais pas que notre école ne respectait pas le programme », dit-elle. 

Un système à respecter

Le système scolaire impose entre autres le respect de la Loi sur l’instruction publique, le Régime pédagogique et le Programme de formation de l’école québécoise. Le champ d’études de Satya Vadaga est désormais en lien direct avec les lois. « Aujourd’hui, je suis plus sensible à cet aspect, je peux comprendre. Notre système d’éducation n’est pas du tout basé sur les valeurs prônées à l’école de la Roselière. Je suis capable de m’imaginer que le système québécois n’était pas fait pour ce genre d’éducation-là », conclut-elle. 

Choc culturel

Satya Vadaga a donc fréquenté l’école Jacques-De Chambly lors de sa sixième année. Pour elle, c’était un tout autre environnement à apprivoiser. « Je me sentais comme une extraterrestre », dépeint en riant la femme, qui n’avait alors jamais utilisé d’ordinateur à ce jour.

Elle raconte que son professeur lui faisait travailler l’utilisation du logiciel Word. « Je ne savais pas comment ça fonctionnait, alors que tous savaient y faire. Je me faisais demander ce que j’avais appris à mon école et pourquoi on m’avait appris à coudre », se remémore la Gatinoise, qui, à la maison, ne s’adonnait ni à l’électronique, ni aux jeux vidéos.

Elle décrit positivement ce changement en matière de répercussions sociales. « Ça m’a permis de développer des compétences sociales que je n’avais pas développées à l’école de la Roselière, car nous étions peu nombreux », précise-t-elle. 

Le meilleur des deux mondes

Avec le recul, la vingtenaire résume que si elle pouvait revenir en arrière, elle ne dérogerait pas à ce parcours. « Beaucoup de mes aptitudes et qualités y ont été forgées. J’enverrais mes enfants à une école Waldorf, mais je voudrais que l’école soit en conformité avec le système d’éducation. Mais en même temps, je crois qu’il y a des lacunes dans le système d’éducation publique au Québec », estime Mme Vadaga. Elle considère la fusion des deux univers. « On pourrait s’inspirer de la philosophie Waldorf. Je ne dis pas que tout est bon, et il y a des choses avec lesquelles je ne suis pas en accord, mais ça a été un avantage pour moi », termine celle qui a poursuivi son cycle scolaire à l’école secondaire Marcellin-Champagnat, à Saint-Jean-sur-Richelieu.