Enjeu d'espace à l'école secondaire de Chambly

Chambly : les parents refusent à l’unanimité l’option de Mont-Bruno

Parmi les solutions proposées par le Centre de services scolaire des Patriotes (CSSP) pour pallier le manque d’espace à l’école secondaire de Chambly, les parents ont rejeté à l’unanimité le scénario d’envoyer leur enfant à l’école secondaire du Mont-Bruno lors de la prochaine rentrée scolaire.

Le message a été on ne peut plus clair lors de la rencontre du 16 décembre dernier. Les 250 parents réunis à l’amphithéâtre de l’agrandissement de l’école secondaire afin d’entendre les suggestions proposées par le CSSP ont repoussé en bloc l’idée de voir leur enfant déporté vers l’école secondaire du Mont-Bruno. « Ce serait une catastrophe pour les élèves. Ça met à risque nos enfants. Le CSSP sous-estime l’impact que ça peut avoir sur eux », estime Mariana Contasel. « J’ai un enfant qui a des besoins particuliers et qui est influençable. Je vais tout faire comme démarche pour éviter ça », renchérit Andréanne Poirier. « Je ne veux rien savoir », établit catégoriquement Geneviève Beauregard. « Ce que l’on entend, c’est réel : il y a un problème avec Mont-Bruno », ajoute Nadine Thouin.

« Je les comprends très bien. Je ne suis pas surpris de ça. Je pense que de retourner à Mont-Bruno, ce n’est pas envisageable  », considère de son côté Jean-François Roberge, député de Chambly. 

Devant ce cri du cœur général, Luc Lapointe, directeur général du CSSP, n’écarte toutefois pas tout de suite l’option Mont-Bruno. « On comprend, on est à l’écoute des parents, mais pour l’instant, c’est un scénario qui est viable », mentionne-t-il au journal.

Intimidation et rejet

Mariana Contasel soutient que les élèves de Chambly vivent de l’intimidation à l’école du Mont-Bruno. « Il y a de la violence physique envers eux. On entend plein d’histoires effrayantes. On ne peut pas permettre ça », fait-elle entendre. « Chambly se fait rejeter. Ils ont déjà leur gang, là-bas, et c’est normal. C’est très dur de s’y infiltrer », réitère Geneviève Beauregard. « Il y a de l’intimidation. Les élèves ne s’y sentent pas en sécurité. Il y a une séparation. Il y a des gangs, des cliques, il n’y a pas d’uniformité, pas d’appartenance à l’école », remarque Nadine Thouin.

« La réalité de cohabitation d’élèves qui n’ont pas fait tout leur secondaire ensemble existe à plusieurs endroits. On la connaît et on prend en considération cet enjeu. Ce n’est pas particulier à Saint-Bruno par rapport à d’autres situations existantes. Pour avoir parlé à d’autres collègues, ces enjeux existent ailleurs », avance Luc Lapointe.

Échec scolaire

Geneviève Beauregard, mère de cinq enfants, a l’impression de revivre un mauvais rêve. En cinquième secondaire, le plus vieux de ses enfants était allé vivre chez son père à Farnham pour ne pas avoir à aller à Mont-Bruno. Son troisième enfant a redoublé sa cinquième secondaire à Mont-Bruno, « faute d’outils » pour accompagner ses besoins particuliers. Elle affirme que ce passage a eu des conséquences sur la santé mentale de son fils. Le plus jeune des cinq est en quatrième secondaire et baigne dans l’incertitude.

Le fils de Nadine Thouin traverse aussi difficilement sa cinquième secondaire à Mont-Bruno, qu’il a dû recommencer cette année. Elle envisage d’envoyer son garçon de la quatrième secondaire à la Polybel.

Solutions proposées

L’ancien bâtiment a été construit en fonction des normes de sécurité en vigueur en 1990. Relié à l’agrandissement, il doit désormais répondre aux normes actuelles. Le CSSP tente d’obtenir une dérogation afin de réussir à occuper l’ancien bâtiment.

Si ce n’est pas possible, outre l’éventualité d’envoyer une cohorte à Mont-Bruno, le CSSP a parlé de trois autres scénarios.

La création d’un double horaire qui permettrait de garder les élèves, ainsi que l’équipe école, sous un même toit. La journée s’étalerait environ de 7 h 30 à 17 h 30.

L’ajout d’espaces modulaires est l’un d’eux. La piste a été écartée rapidement en raison d’enjeux financiers et d’espace sur le terrain. La nouvelle école de Carignan peut accueillir environ 700 élèves. Moins de 300 jeunes la remplissent présentement. L’idée a été rejetée en raison du voyagement en cours de journée entre l’école primaire et l’école secondaire pour les projets pédagogiques particuliers aux élèves et le manque de locaux spécialisés.

Connaître la situation plus tôt

Mariana Contasel craint que l’option Mont-Bruno ne soit priorisée en raison des « coûts moins élevés » qu’elle nécessite. « Que l’on s’arrange pour que tout le monde vienne à l’école ici. On entend juste parler des finances, mais on ne pense pas au bien-être de nos enfants », mentionne Andréanne Poirier avec émotion.

Des parents auraient aimé connaître la situation plus tôt et que davantage de scénarios leur soient proposés. « Je trouve ça déplorable que nous n’ayons pas été consultés avant de nous présenter ces scénarios », déclare Andréanne Poirier. Advenant que leur enfant doive aller à Mont-Bruno, certains auraient dirigé leur enfant au privé. Il est trop tard, à ce stade, pour se tourner vers cette option en raison des dates d’inscription.

Option à reconsidérer

Quand Luc Lapointe a fait part que l’option de l’école de Carignan avait été écartée, le public a réagi vivement. « On va assurément la reconsidérer autrement par rapport à ce que les parents nous ont nommé.

On va se remettre sur la planche à dessin et voir comment on peut faire vivre ce scénario », raconte-t-il au journal devant le fait accompli que cette option serait « un moindre mal ».