Persévérance scolaire

Chambly : les multiples dimensions de la persévérance

Ce sont les multiples dimensions de la persévérance que la boxeuse Martine Vallières-Bisson (MVB) souhaite faire rayonner auprès des jeunes avec ses conférences dans les écoles. 

« Les jeunes sont écœurés de se faire dire qu’il faut persévérer. Il faut leur expliquer concrètement c’est quoi, la persévérance », établit MVB. Elle décrit le concept de la persévérance à ses yeux. « C’est de continuer d’avancer face à l’adversité. Mais tu n’es pas obligé d’y aller de front, la tête en avant. Tu peux bifurquer, trouver de petites solutions, t’adapter, même si c’est le chaos et que ce n’est pas le chemin que tu avais prévu », conçoit-elle. L’entraîneuse au Crew Performance Gym de Chambly présente donc dans les écoles sa conférence La persévérance – le parcours atypique d’une boxeuse. « Le mot persévérance a été surutilisé. Je veux lui redonner son essence. La persévérance, c’est ce qui fait que tu vas évoluer dans la vie, sur tous les aspects », estime-t-elle.

Un milieu défavorisé

Dans le milieu de la boxe, le mot persévérance est associé à MVB. Elle se définit en ce terme. « Rien n’a été facile pour moi. Certains ont des histoires pires que la mienne, mais, jeune, j’ai eu un parcours difficile », raconte au journal la conférencière. Issue d’un milieu défavorisé financièrement, elle a vu sa mère devenir paralysée des deux bras. Son père a dû mettre les bouchées doubles. « J’ai été témoin, dès un jeune âge, de l’importance de travailler fort, que rien ne nous est donné », a-t-elle réalisé. Avec sa sœur cadette, elle a rapidement mis la main à la pâte pour aider le nid familial. Après la séparation de ses parents, alors qu’elle avait six ans, se nourrir à la soupe populaire était chose commune avec sa maman. Elle a vécu la coupe d’électricité hivernale du temps où Hydro-Québec pouvait le faire. « Vivre ça a développé mon côté combatif. De se dire que l’on va passer à travers. On trouve des solutions en essayant de ne pas trop se victimiser », dit-elle. 

Manger les coups de la vie

MVB a débuté la boxe à 16 ans. Elle fait alors un lien entre ce sport et sa vie. « Je mangeais les coups de la vie jusqu’à ce que je tombe en mode survie et que je me mette en mode action-solution », compare-t-elle. C’est à travers cette discipline qu’elle a orienté sa persévérance. « T’as l’impression, parfois, qu’il n’y a pas d’issue, puis tu retombes dans la persévérance en travaillant fort », soutient-elle. La boxeuse professionnelle relate avoir utilisé le négatif de sa vie comme « du gaz » afin de se propulser vers l’avant. Elle nuance toutefois que le fait de venir d’un milieu favorable n’est pas un gage de facilité. 

Un professeur marquant

Au primaire et au secondaire, MVB n’a pas connu de difficultés scolaires notables. Ce ne fut tout de même pas un fleuve tranquille pour qu’elle complète son cycle secondaire. Elle se souvient d’un professeur de sciences à l’école qui a contribué à ce qu’elle s’accroche. Elle raconte, les yeux dans l’eau, que chaque midi, elle se rendait au secrétariat de l’école. En toute discrétion, un lunch lui était destiné. « C’est comme s’il me tapait sur l’épaule en me disant » Hey girl, let’s go! Il y a quelque chose pour toi après. C’est une passe et je vais t’aider à la traverser ». »  

Pour subvenir à ses besoins, MVB est tombée sur le marché du travail et n’est pas allée au cégep. À plus de 21 ans, sans cégep, elle a appliqué à l’université avec « base d’expériences » en kinésiologie. Son second choix était animation et recherche culturelle, dans l’événementiel. C’est dans cette seconde option qu’elle a été acceptée. Après une session universitaire, elle a dû cesser. Plus tard, elle est retournée sur les bancs d’école pour amasser une attestation d’études collégiales en technique de la petite enfance. « Il n’y a aucun parcours qui est mauvais. Tu peux retourner à l’école, tu peux suivre diverses formations, mais arrêtons de penser qu’il n’y a qu’un seul profil. La persévérance a plusieurs dimensions », termine la sportive.