Chambly : des lectures en anglais dans un programme d’étude francophone
Jean-François Roberge, ministre de la Langue française et député de Chambly, ne trouve pas « normal » que des étudiants de niveau cégep doivent faire certaines de leurs lectures en anglais afin de réussir leurs cours.
Certaines lectures sujettes à évaluation, ainsi que des activités formatives interactives en anglais, ont été relevées par le journal dans la démarche de reconnaissance des acquis et des compétences en pharmacie offerte aux assistants techniciens en pharmacie. « Je pense que nous devrions être capables de suivre cette formation en français. C’est quelque chose avec lequel je suis inconfortable. Cependant, ce n’est pas au ministre de la Langue française de décider ce qui se passe en enseignement supérieur », déclare Jean-François Roberge au journal.
Pourtant en milieu francophone
Ces étudiants en pharmacie sont francophones. Ils travaillent dans un milieu francophone et suivent ce perfectionnement par l’entremise d’un établissement d’instruction francophone, tel que celui du cégep de Sorel-Tracy. « Ce cours n’a pas été créé par nous. Il a été créé en consortium. Ces outils ont été développés par le cégep de Drummondville », répond Christine Lord, directrice de la formation continue, du service aux entreprises et municipalités au cégep de Sorel-Tracy. Elle incite donc le journal à poser ses questions à son homologue du cégep de Drummondville, Lucie Marchessault.
Mme Marchessault mentionne tout d’abord que chaque cégep est soumis à « certaines règles » de la Charte de la langue française mais qu’il a aussi sa propre politique en matière de langue française. « C’est indiqué qu’il peut y avoir des circonstances dans lesquelles une autre langue que le français peut être employée », affirme-t-elle.
Elle ajoute qu’une « série de raisons » le permet. « Ce sont des ouvrages qui ne sont pas disponibles en français actuellement ou de nouveaux programmes d’étude pour lesquels il n’y a aucun ouvrage en français disponible et pour lesquels le développement du matériel en français exige un délai », explique Mme Marchessault dans ce cas. Elle justifie en soulevant notamment la nouveauté du programme de DEC en pharmacie. « Nos enseignants surveillent régulièrement pour s’assurer qu’aussitôt qu’il y aura des versions en français, nous allons les inclure », détermine Lucie Marchessault.
» On est pris un peu avec ça. C’est souvent ainsi dans les nouveaux programmes. » – Lucie Marchessault
Refus de lire en anglais
Que fait un étudiant qui ne comprend pas l’anglais ou qui exige d’être instruit en français exclusivement? « Nous allons le mettre en contact avec quelqu’un qui pourra l’aider et trouver des ressources à l’interne dans le cégep. Nous avons des répondants à la réussite qui peuvent aider », explique Lucie Marchessault. Elle ajoute qu’en attendant les documents en français, les enseignants ou tuteurs proposent une aide aux étudiants pour la traduction, pour ceux qui ne sont pas à l’aise en anglais. « Nous sommes quelque peu contraints par cette situation. C’est souvent ainsi dans les nouveaux programmes. Nous essayons de réduire au maximum l’utilisation des documents en anglais », convient Mme Marchessault, qui souligne son obligation de transmettre des documents officiels, même s’ils ne sont pas traduits.
Ministère de l’Enseignement supérieur
Le ministre de la Langue française dit avoir demandé à son équipe de se « pencher sur la question » et d’interroger le ministère de l’Enseignement supérieur (MES).
Le journal s’est tourné vers le MES. Il affirme être responsable de l’établissement des compétences pour les programmes d’études du DEC. « Nous ne sommes pas responsables de l’enseignement et des contenus utilisés pour ce faire, ni du contenu des lectures qui est exigé dans le cadre d’un cours. Chaque cégep doit s’assurer de proposer des activités pédagogiques répondant aux exigences du programme d’études », conclut-il.
Un porte-parole du ministère de la Langue française a ensuite répondu au journal concernant les lectures concernant la démarche de reconnaissance des acquis et des compétences en pharmacie. Il rappelle que la Charte de la langue française prévoit que les établissements d’enseignement supérieur doivent adopter une politique linguistique. « Celle-ci doit notamment traiter de la langue d’enseignement, y compris celle des manuels et autres instruments didactiques, et de celle des instruments d’évaluation des apprentissages », dit le ministère dirigé par Jean-François Roberge.
Cette Charte doit en outre préciser les conditions et les circonstances dans lesquelles une langue autre que le français peut être employée en conformité avec la Charte, « tout en maintenant un souci d’exemplarité et en poursuivant l’objectif de ne pas permettre l’usage systématique d’une autre langue que le français au sein de l’établissement ».