Chambly : assurer la laïcité dans les écoles

Alors que le cas de l’école Bedford, Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), entache le réseau de l’éducation, le député de Chambly et ministre de la Laïcité, Jean-François Roberge, rappelle l’obligation de neutralité religieuse dans le réseau public scolaire.

La Loi sur la laïcité de l’État consacre la neutralité religieuse dans les écoles publiques. Elle interdit le port de signes religieux à certaines personnes en position d’autorité, y compris le personnel enseignant ainsi que les directeurs des établissements primaires et secondaires publics. « Ça doit absolument s’appliquer dans notre réseau public, ce qui n’a pas été le cas à l’école Bedford », reconnaît Jean-François Roberge.

Un cas troublant

Onze enseignants ont été suspendus à l’école Bedford. Un rapport y révèle qu’un clan dominant y a implanté un climat de peur et d’intimidation. On reproche notamment à ce groupe d’enseignants d’avoir eu recours à des techniques d’intimidation et d’humiliation, ainsi qu’à de la violence physique et psychologique envers certains élèves et membres du personnel. L’existence des troubles d’apprentissage n’y était pas reconnue par certains enseignants. Ils exerçaient une pression abusive sur les jeunes en difficulté. Ceux-ci ont reçu des punitions pour leur incapacité à suivre la cadence. « Je trouve ça dégoûtant, inquiétant », exprime le ministre de la Laïcité.

On n’y enseignait pas, ou très peu, certaines matières, dont les sciences et technologies. Le gouvernement vérifie actuellement que ce genre de cas ne soit pas répandu. « C’est un cas extrême. Il ne faut pas penser que de tels dérapages sont fréquents. Je me garde de faire peur aux Québécois », affirme Jean-François Roberge.

Il soutient qu’il incombe à la direction de l’école de s’assurer que son personnel enseigne le Programme de formation de l’école québécoise et qu’il respecte les lois sur l’instruction publique et la laïcité. « Aussi, qu’il respecte les élèves, ajoute-t-il. Un professeur qui humilie un élève, c’est inacceptable, que ce soit pour des motifs religieux ou par incompétence, ou parce que c’est quelqu’un qui ne devrait juste pas se trouver en présence d’enfants. Ça relève du leadership de la direction de l’école et du CSS. » À l’école Bedford, le roulement a été volumineux à la direction, rappelle M. Roberge. 

Du religieux au privé

Des écoles privées peuvent se donner un mandat religieux. Jean-François Roberge mentionne qu’elles sont entièrement non subventionnées, contrairement aux écoles privées sans vocation religieuse. L’ancien ministre de l’Éducation assure que, peu importe leur statut, toutes les écoles privées ont aussi l’obligation d’enseigner

« 100 % » du programme de formation de l’école québécoise. « On a des inspecteurs du ministère de l’Éducation qui s’en assurent. Et quand ce n’est pas le cas, ils se font ramener à l’ordre et doivent prendre tous les moyens pour garantir cet enseignement », fait-il valoir. M. Roberge renchérit, soulignant qu’une école qui n’enseigne pas le programme ou qui n’utilise pas les manuels prescrits par le Ministère, « ça devient une école religieuse et on intervient ». 

Enseignant avant politicien

Avant sa carrière politique, Jean-François Roberge était enseignant. À ce titre, il affirme ne jamais avoir été témoin de dérapage de la part d’un collègue. « Si j’en avais vu, j’en aurais parlé au collègue, j’en aurais parlé à la direction, mais je n’ai jamais vu ça dans ma carrière », termine-t-il. 

Le Centre de services scolaire des Patriotes (CSSP) a lancé une campagne de sensibilisation qui vise à rallier son personnel, les parents et l’ensemble de la population de son territoire autour d’un même objectif : le respect, les uns envers les autres. En mettant de l’avant des situations absurdes, les capsules tendent à ouvrir le dialogue sur le sujet avec l’ensemble des partenaires. Par voie de communiqué, Luc Lapointe, directeur général du CSSP, fait savoir qu’à travers la démarche, il souhaite notamment améliorer le climat de bienveillance, de bien-être et de sécurité des employés et des élèves.

Le journal a demandé une entrevue aux centres de services scolaires des Patriotes et des Hautes-Rivières, ainsi qu’à la Commission scolaire de Riverside, quant au respect du régime pédagogique et de laïcité dans ses écoles. Tous les établissements ont décliné.