Richelieu : protéger l’habitation pour les aînés

Le militantisme et l’engagement de la Richeloise Sylvie Adam, en matière de protection des aînés en habitation, notamment dans le dossier du Villa Belle Rivière, lui ont permis de remporter le Prix Hommage Aînés Montérégie.

Sylvie Adam s’est élevée dans un dossier d’actualité, soit la protection des aînés en lien avec l’habitation. Son action n’est pas passée inaperçue. Dans le cadre des célébrations entourant la Journée internationale des aînés du 1^er octobre, la Table régionale de concertation des aînés de la Montérégie a souligné son implication bénévole. La Richeloise de 72 ans s’est vu attribuer l’un des Prix Hommage Aînés Montérégie 2025. « Je me suis demandé  » Pourquoi moi? « . Pour moi, c’était normal de réagir à cette injustice », considère celle qui a absorbé la nouvelle peu à peu.

Une vente inquiétante

En 2022, la vente de la résidence pour aînés Villa Belle Rivière, un organisme à but non lucratif (OBNL), à des intérêts privés s’effectuait. « Les augmentations de loyers vont suivre », s’était alors inquiétée Mme Adam.

Elle soutient que « l’insécurité morale » était à son comble au sein de la résidence richeloise. Mme Adam a regroupé autour d’elle les locataires « sous le choc », les ressources communautaires et juridiques pour tenter d’empêcher la vente. Cette démarche l’a menée à défendre les droits des locataires aînés jusqu’à l’Assemblée nationale. 

Son équipe et elle avaient alors alerté les ministres concernés et avaient réussi à faire protéger les logements gérés par une OBNL, ce qui s’est concrétisé par l’adoption d’une loi à cet égard.

« Il y a une petite rancœur qui est restée, mais on s’y fait. » – Sylvie Adam

À ce moment, elle devenait une référence pour les autres résidents inquiets qui l’apostrophaient à ce sujet. « Encore aujourd’hui! », indique-t-elle. Rassembleuse, elle s’implique encore pour dynamiser son environnement. « Quand je suis arrivée ici, j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup d’isolement. J’essaie de guérir ça », nous fait-elle savoir.

« Acheteur de bonne foi »

Après avoir vu le dossier aller en appel, la vente n’a pas pu être freinée. « Je ne peux empêcher la vente, parce que l’acheteur est de bonne foi », avait justifié le juge. Le nouveau gestionnaire de l’immeuble a ensuite rencontré les résidents. « Il a essayé de nous rassurer en nous disant que les locataires déjà présents ne seraient pas touchés pour les cinq premières années », décrit Mme Adam. Pourtant, depuis la vente, Mme Adam a vécu une augmentation mensuelle d’environ 150 $ au total. « On le sait, que ça va toujours aller en montant. Il y a une petite rancœur qui est restée, mais on s’y fait. Le temps fait bien les choses », se résigne la Richeloise. Elle ajoute qu’un logement de dimension 3 1/2, à 470 $ en 2021, désormais disponible, se loue maintenant à 1 300 $. 

Dans sa nature

La septuagénaire a travaillé pour le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale du Québec, un milieu qui touche l’aide sociale. « J’ai toujours eu un p’tit côté Mère Teresa et crié à l’injustice. Je pense que oui, ça fait partie de ma nature », convient-elle.

Elle remarque, particulièrement à Richelieu, une vulnérabilité financière chez les aînés. Elle souligne que la population y est vieillissante. « Ici, on a une personne qui, un mois sur trois, n’achète pas ses médicaments pour pouvoir mettre de la nourriture dans son réfrigérateur. Les pensions de vieillesse n’augmentent pas aussi vite que les augmentations de loyers », rappelle-t-elle. Elle se dit déchirée devant cette pauvreté.

Création du COLORI

Après la vente du Villa Belle Rivière, le Comité Logement de Richelieu (COLORI) a été créé en 2023. Il est un acteur récent dans le monde du logement à Richelieu. Sa mission vise à trouver des solutions au problème de logement abordable pour les personnes âgées de 60 ans et plus. Sylvie Adam en est la secrétaire. Sans pouvoir donner plus de détails à ce stade, elle affirme que le regroupement est présentement en période de négociations afin de faire une acquisition.