Marieville : mises à pied en raison des tarifs américains
Les conséquences des tarifs américains deviennent concrètes à l’entreprise Infasco, à Marieville, qui a effectué ses premières mises à pied.
Une douzaine de travailleurs en probation ont perdu leur emploi chez Infasco. Pierre Piédalue, président du Syndicat de la section locale 6839 du Syndicat des Métallos, explique que c’est la conséquence directe de la surtaxe de 25 % sur les exportations sur l’acier et l’aluminium. Les travailleurs « moins anciens » de l’entreprise ne seraient pas à l’abri de coupures supplémentaires .
Commandes à la baisse
L’entreprise conceptualise, fabrique et distribue notamment des pièces forgées en acier. Environ 80 % de sa clientèle est américaine. Le carnet de commandes est en baisse. Pierre Piédalue affirme que dès janvier, lors des premiers balbutiements de la taxe douanière de 25 %, l’effet s’est fait ressentir en ce qui a trait au volume des commandes. « Les clients ont mis le pied sur le frein. Ça avait ralenti beaucoup et là, on est en plein dedans », reconnaît le chef syndical. Il mentionne qu’en attendant, des clients se tournent vers l’Asie en guise d’option.
Frédéric Perron, directeur marketing et développement des affaires pour le Groupe Transformation des métaux Canada, nous fait part qu’au début, il était question de commandes reportées. Maintenant, ce sont des annulations de commandes qu’il rapporte. Il chiffre les pertes entre 10 et 20 %.
Cela résulte en une diminution massive des heures de travail. « On doit ajuster notre production à cette baisse », convient M. Perron. Une journée chômée par semaine avait été acceptée par les travailleurs. Pierre Piédalue déclare qu’il se pourrait même que la semaine chute à quatre journées chômées. « Si cette option est rejetée, je m’attends à ce qu’une centaine de travailleurs soient mis à pied », avance-t-il. Frédéric Perron, qui représente six manufacturiers, parle de 140 travailleurs qui perdent leur emploi de façon permanente.
Appuyer sur pause
Le matériel à transporter ne quitte que très peu l’entrepôt présentement chez Infasco. « On est en stand by. On en est à travailler avec les clients qui, au début, voulaient nous refiler les tarifs. On essaie de faire des rabais pour compenser. On travaille à garder nos clients. C’est un défi important », soutient le chef syndical.
Bien que complexe, l’option de développer d’autres marchés que le volet américain est nommée. « Il faudrait trouver d’autres marchés volumineux qui permettent des marges de profit attrayantes pour notre capacité de production. On avait mis l’accent sur l’automobile et le camion. On réalise qu’avoir tous nos œufs dans le même panier, ce n’est pas toujours payant », constate Pierre Piédalue. Il estime que, pour aider à l’interne, le Canada doit également travailler à faciliter ses politiques interprovinciales.
La matière qui passe entre les murs d’Infasco peut être menée à faire plusieurs allers-retours d’ici aux États-Unis. Cette logistique représente un défi en soi. « On ne veut pas avoir à faire plusieurs allers-retours et repayer les taxes chaque fois », insiste M. Piédalue.
Déménager aux États-Unis
L’usine est née dans les années 50 à Marieville. En 2005, Infasco a été rachetée par groupe Heico, une entreprise américaine. « Elle fait du lobbying à Washington pour dire que des entreprises canadiennes sont mises en péril. La réponse de M. Trump est de les déménager aux États-Unis. Ce n’est pas le genre de réponse que l’on souhaite avoir », reconnaît Pierre Piédalue. Il indique que, dans ce contexte, ses membres baignent entre incertitude et inquiétude. « Ça ne fait pas partie de nos plans du tout », exprime catégoriquement Frédéric Perron quant à l’idée de bouger des usines au sud de la frontière.
Guerre commerciale
Donald Trump, président des États-Unis, a dernièrement reculé sur les tarifs de 50 %. Doug Ford, premier ministre de l’Ontario, avait instauré une surtaxe de 25 % sur les exportations d’électricité. Donald Trump a répliqué en promettant des tarifs de 50 % sur l’acier et l’aluminium. Doug Ford a finalement annulé sa surtaxe. Washington s’en est tenue, donc, aux 25 % qui étaient déjà prévus.