Une crue de grande qualité

L’humoriste, comédienne et animatrice Marie-Lyne Joncas a le vent dans les voiles et le pied sur l’accélérateur. Elle roule à plein régime dans ce segment où une portion du milieu culturel fait du sur place.

Du Saguenay-Lac-Saint-Jean, elle est arrivée à Chambly à l’âge de 9 ans et y est demeurée jusqu’au cégep. En vertu d’une approche multidisciplinaire, elle vit une ascension certes fulgurante mais qui n’est pas le fruit du hasard.

« J’ai travaillé vraiment fort, ce n’est pas un secret. J’investis énormément de temps, même trop, parfois. Je suis workaholic, ce qui peut être un problème par bouts. J’ai bûché fort pour y arriver. Je suis actuellement dans un endroit où je me sens confortable. Je souhaite désormais peaufiner tout ce que je fais et devenir meilleure. Si je regarde le portrait, je suis vraiment contente », analyse celle qui a fréquenté les écoles De Salaberry et De Bourgogne, en plus de l’école secondaire de Chambly.

Contrairement à certains de ses homologues humoristes, l’incidence du confinement a été moins brutale pour Marie-Lyne Joncas. Les plusieurs cordes à son arc lui ont permis de faire flèche de tout bois pendant que d’autres ont marqué une pause à leur agenda.

« Comme tous les humoristes, les spectacles ont cessé. J’ai toutefois la chance de faire de la radio et La semaine des 4 Julie s’est poursuivie. Je n’ai pas eu réellement de pause. On a été capables de faire Le Prochain stand-up pendant l’été. Personnellement, je n’ai pas été affectée, si ce n’est la scène », résume la diplômée de l’École nationale de l’humour.

Dénonciations en humour

L’été ne s’est pas avéré de tout repos dans le milieu culturel. Alors que l’on parle de différentes vagues liées à la COVID-19, la vague de dénonciations qui a déferlé dans le milieu artistique, qualifié par certains de boys club, a jeté une douche d’eau froide collectivement et en a forcé plusieurs à ne plus fermer les yeux devant l’inacceptable.

« Je pense que c’est comme ça dans tous les milieux, mais nous, c’est un métier qui est public. C’est sûr que si Robert, dans son bureau d’avocats, est un peu abuseur avec les filles, Robert risque de perdre son job, mais les médias n’en parleront pas forcément. Le fait que ce soit public, ça a une grande répercussion sur les agresseurs et les harceleurs. Mais ce problème-là n’est pas que dans le milieu culturel. Il est dans tous les milieux. Le fait que ce soit médiatisé, ça peut faire peur et j’espère que ça va calmer des ardeurs », juge la femme qui a également étudié en théâtre au cégep de Saint-Hyacinthe.

Les Grandes Crues

La portion spectacle, c’est au sein du duo Les Grandes Crues, en symbiose avec son acolyte Ève Côté, qu’elle l’exprime. N’ayant pas leur langue dans leur poche, elles offrent un discours audacieux à un public qui en redemande.

« On est rendues là, à avoir le même discours que les hommes. Pour nous, c’est une grande fierté de parler comme la majorité des femmes parlent, mais pas à voix haute devant un public. Toutes les femmes sont un peu comme ça, un vendredi soir, avec leurs chums », met à jour Mme Joncas pour ceux qui n’auraient pas ajusté leur horloge grand-père à l’ère du temps moderne.

« Toutes les femmes sont un peu comme ça, un vendredi soir, avec leurs chums. » – Marie-Lyne Joncas

Humoriste féminine en 2020

Dans certains secteurs professionnels, le statut de la femme n’est pas reconnu au même titre que celui de l’homme et le combat d’équité demeure d’actualité.

« Je te dirais qu’en humour, on a pas mal la parité. Encore, si je parle en ce qui me concerne, je ne vois pas de différence. Dans ce milieu, c’est une question de notoriété. Tu es plus payée si tu es plus connue et parce que tu vends plus. Moi, je ne ressens pas de différence », met en lumière l’artiste.

Champ lexical

Si Bleu Jeans Bleu ne peut plus vivre son quotidien sans se faire balancer un « Heille! Fais-tu frette? T’es-tu ben dans ton coton ouaté? », il ne suffit que de quelques écoutes des capsules des Grandes Crues pour distinguer leur champ lexical. Il serait permis de croire qu’elles ne peuvent plus traverser leurs journées sans recevoir un « C’t’un minimum » ou un « C’pas compliqué » ou encore « T’écoutes, t’appliques, tu grandis » bien sentis de la part de leurs fervents admirateurs.

« Je te jure que ça ne m’est jamais arrivé. Et là, encore moins avec le masque. Les gens sont polis et sont plus de l’ordre de me féliciter pour ce que je fais. À part du monde chaud dans les bars, les gens sont très agréables. Mais si tu me croises, tu me le diras », lance en terminant Marie-Lyne Joncas au journaliste, qui en a pris bonne note.

Il est possible de voir et d’entendre Marie-Lyne Joncas à la radio le midi, à Rouge FM; dans la série Les Génies de la vitesse, sur Crave; à OD Extra le dimanche; La semaine des 4 Julie le mardi; Le Prochain stand-up, à Noovo, le jeudi.