Une artiste aux toiles vivantes

C’est au Corps de garde du Fort-Chambly qu’a eu lieu le vernissage de Traces humaines et animales, signée Ghislaine Riendeau, ce 26 septembre dernier.

Pour plusieurs, c’était l’occasion de découvrir la peinture de l’artiste et même d’y trouver la toile qui serait la pièce maîtresse de leur salon.

Un rendez-vous sauvé de justesse

Même si la ville a dû annuler les autres activités organisées dans le cadre des « Journées de la culture », par souci des recommandations de la santé publique alors que le territoire était encore en zone d’alerte COVID modérée, elle a maintenu le vernissage au grand bonheur des visiteurs, et de l’artiste peintre, qui se réjouissait de les y accueillir.

Lauréate du Premier Prix au Concours d’œuvres d’art de Diffusion culturelle de Lévis, Ghislaine Riendeau se fait connaître pour son regard unique porté sur la nature et sa manière d’exprimer les émotions qu’elle en éprouve.

« Je suis à l’écoute du premier regard en faisant émerger l’émotion créatrice. Je décode les langages de la peinture en recherchant des endroits où la nature a laissé ses empreintes depuis l’âge de pierre jusqu’à nos jours. Cette approche mène à la réalisation de scènes d’aspect primitif, pures, naturelles et par opposition à celles-ci, certaines scènes urbaines peuvent jaillir, m’interrogeant sur leur finitude dans l’espace temps. »

Un retour aux sources

Ancienne professeure de mathématiques, Ghislaine dit avoir toujours aimé peindre. Artiste de Lévis originaire de Sainte-Clothilde, elle raconte avec affection avoir beaucoup de parenté à Chambly. La ville le lui rend bien en ayant choisi de l’exposer après un coup de cœur du comité sélectif.

Nadine Mercier, Régisseure art et patrimoine à la Ville, explique qu’ « une fois par année, la ville lance un appel de projets et reçoit les propositions. Un jury sélectionne les expositions qui seront présentées au  Corps de garde et au Pôle culturel. » Celle de Madame Riendeau a fait l’unanimité.

« Une peinture, c’est un peu notre âme. On lui montre de la douceur. » – Ghislaine Riendeau

C’est son émerveillement pour la nature vivante, les codes ancestraux et la dualité des traditions primitives et de la modernité qu’elle explore en peinture. Sa fascination pour l’archéologie, la transmission culturelle intergénérationnelle et l’évolution à travers le temps donne vie à ses toiles. Elle approuve le choix du terme « spiritualité » pour décrire son rapport à l’art. « Une peinture, c’est un peu notre âme. On lui montre de la douceur. »

Un style bien défini

Malgré la diversité des œuvres exposées, on sent une continuité dans l’exposition Traces humaines et animales, et un style unique qu’on reconnaît à l’artiste. Celle qui a étudié la peinture auprès des grands, dont Albini Leblanc et Gabriel Lalonde, a trouvé son style à elle, sa propre composition de couleurs.

Usant de jeux de mouvements et de perceptions, de reliefs qui échappent au rendu des photos, et de masses de couleurs aussi harmonieuses entre elles que chaudes, Ghislaine se dit « interpellée par les empreintes de la vie ».

Elle utilise principalement l’acrylique. « Je peins à la spatule, j’utilise les médiums et techniques mixtes : lavis, grattages, encres, feuilles d’or. Les couleurs blanc éthéré, terre de sienne et d’ocre rappellent les tonalités de la terre. »

Ghislaine nous mime les gestes des coups de pinceau telle une chef d’orchestre pour illustrer la conception de « L’Énigme de la Grotte », cette toile qui incarne à elle seule un langage à la fois musical et visuel.

L’artiste derrière la création

Au lieu d’un discours d’ouverture, l’artiste choisit d’aborder ou de se laisser approcher par les curieux et les admirateurs avec la même dévotion. Elle raconte généreusement les récits de ses voyages aux Grottes de Lascaux, qui lui ont inspiré quelques œuvres du même nom, dont sa toile fétiche à découvrir. Entre les fossiles, les animaux vivants, les arbres, la terre, les statues gréco-romaines, le sang animal figuré et les traces ancestrales, il faut trouver et lire une histoire vivante que Ghislaine Riendeau raconte avec une poésie naturelle.

Lorsqu’on lui demande pourquoi elle semble idéaliser l’oie blanche, représentée dans plusieurs toiles de la série Pause Migratoires, elle explique que « c’est un oiseau qui inspire la pureté, et sa migration est un rythme de la nature. Les oies vivent et reviennent aux mêmes endroits ». Elle ajoute que « le peintre Riopelle a beaucoup fait découvrir le Québec avec les oies », et qu’elle n’essaie pas de représenter l’oie fidèlement à une réalité intégrée, mais plutôt comme elle la voit. « J’essaie vraiment de composer mes oies en les représentant avec l’humanité et la douceur qu’elles m’inspirent. »

Traces humaines et animales, qui devait se poursuivre jusqu’au 12 octobre, a malheureusement été interrompue par la ville le 30 septembre dernier en réponse au niveau d’alerte COVID-19 de la région. Les Chamblyens qui auront été charmés par les œuvres de l’exposition écourtée pourront les retrouver sur le site de l’artiste.