Un polar à l’ancienne pour Jean-Pierre Charland
ROMAN. Le prolifique écrivain Jean-Pierre Charland, auteur des séries à succès Les Portes de Québec, Les Folles Années et 1967, publie ce printemps Père et mère tu honoreras, la première enquête d’Eugène Dolan. Rencontre avec un néo-Chamblyen passionné d’
.En 1905, un riche industriel montréalais disparaît. Un jeune inspecteur, Eugène Dolan, se voit confier l’affaire. Formé au séminaire et peu habitué à côtoyer les femmes, Dolan devra les apprivoiser pour enquêter sur le disparu. Cheminant entre sa modeste maison de chambres, un bordel miteux, de chics maisons closes et de somptueux manoirs, l’enquêteur constate les inégalités sociales et les travers de la société montréalaise du début du XXe siècle.
Qui est Eugène Dolan, le personnage principal de votre nouveau roman?
Eugène est un personnage un peu étrange et mystérieux, un orphelin issu d’une mère canadienne française et d’un père irlandais. Comme beaucoup d’autres, il a été élevé par le clergé, avec un rapport un peu difficile avec le sexe féminin, puisqu’il a été sans contact d’aucune sorte avec la gente féminine de ses 12 à ses 23 ans. C’est un personnage qui a beaucoup de progrès à faire en tant qu’être humain, et je vais essayer de l’accompagner à chaque fois avec une enquête qui me permettra de mettre en évidence certains aspects de sa personnalité.
On peut donc d’ores et déjà s’attendre à une suite de Père et mère tu honoreras?
En théorie il devrait y avoir neuf autres volumes, chacun suivant l’un des Dix Commandements. Je travaille actuellement sur une autre série, mais lorsque je reviendrai à Eugène Dolan, j’hésite à poursuivre avec deux commandements en particulier, Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi et Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, mais je ne sais pas encore dans quel ordre. Mon objectif est de développer ce fameux inspecteur, et le lecteur devrait en savoir plus sur lui dans ces deux prochains tomes.
Montréal tient une place toute particulière dans ce roman, retranscrire l’atmosphère de la ville au début du XXe siècle a-t-il été difficile?
J’ai été prof histoire, je connais donc très bien cette période, mais pour réussir à le faire vivre, j’utilise des photographies et des journaux anciens. Je regarde beaucoup les annonces classées, c’est donc assez facile de savoir quels sont les spectacles et les films à l’affiche. Par exemple, Eugène est présent à la 2e ou 3e représentation cinématographique du Ouimetoscope, inauguré le 1e janvier 1906.
Au-delà de vos personnages, on ressent une volonté de faire rejoindre la petite histoire à la grande histoire sociale de l’époque…
Avoir un personnage à moitié Irlandais et à moitié Canadien-Français m’a permis de le placer à l’extérieur de deux communautés et de lui donner le regard d’un outsider sur la société.
Ce qui est intéressant au début du XXe siècle, ce sont les rapports de classe. L’ampleur des écarts et la proximité des populations est flagrante dans Père et mère tu honoreras. À Montréal, on parle de gens qui meurent de faim dans Saint-Henri, et ils sont à trois kilomètres de Westmount. J’ai voulu parler de la lutte des bourgeois pour imposer leurs valeurs culturelles au prolétariat, de la destruction des mythes religieux, ce sont des thèmes qui m’intéressent énormément.
Avec trois ouvrages par an, on peut vous qualifier d’écrivain très prolifique.
En règle générale, je sors un ouvrage au Salon du Livre de Québec, au Salon du Livre de Montréal, et à la fin du mois d’août. J’essaie d’avoir trois volumes annuellement, et j’ai une année d’avance avec mon éditeur. J’ai été prof d’histoire pendant 36 ans, et quand j’allais dans les archives, je trouvais de façon systématique de bons sujets de romans. Je n’ai pas de mal à trouver des idées, que j’accumule. Je n’aurai pas assez d’une vie pour tout écrire!