Un adolescent à la cuisine

Timéo Doucet a 13 ans est en deuxième secondaire. Arrivé de la France à Chambly il y a un an et demi, il se démarque par ses prouesses culinaires.

Alors que certains adolescents de son âge n’ont pas encore appris à allumer les ‘’ronds du poêle’’, le jeune homme originaire de Tours est dans son élément autour du fourneau.

« Cette passion me vient de ma mère. Depuis que je suis tout petit, je suis des cours de cuisine. J’aime pouvoir confectionner un repas moi-même et pouvoir y goûter », met de l’avant le Français.

Après avoir participé aux ateliers culinaires proposés par l’école secondaire de Chambly, Timéo a gagné le concours provincial des brigades culinaires 100 % local de la Tablée des chefs. C’est, cette fois, un nouveau défi qui l’attend. Les organisateurs de la Tablée des chefs choisiront cinq participants, à travers le Québec, ayant moussé leur candidature à l’aide d’une courte vidéo de présentation. Un jury fera la sélection des cinq élus et s’ensuivra une websérie de onze épisodes où ils devront se lancer des défis culinaires. Les postulants obtiendront la réponse en décembre.

Gastronomie québécoise

La France est reconnue, entre autres, pour sa gastronomie et sa fine cuisine. Plus jeune, Timéo a d’ailleurs rencontré Philippe Etchebest, réputé chef français qui a animé l’émission Cauchemar en cuisine, programme télévisé inspiré de l’émission britannique Ramsay’s Kitchen Nightmares avec, bien entendu, l’illustre et intraitable Gordon Ramsay. Or, en sol québécois, c’est avec une nouvelle gastronomie que Timéo jongle.

« J’aime cuisiner avec des produits locaux afin d’encourager les producteurs et je trouve ça carrément meilleur. J’aime bien les aliments du Québec, en fait », explique avec simplicité celui qui nappe de ketchup aux bleuets son hamburger et qui utilise la bière de Chambly dans ses recettes.

Une pomme pas loin de l’arbre

Il serait permis de croire que les parents du marmiton se délestent de leurs tâches culinaires et laissent fiston se charger de remplir la table, mais il n’en est rien. Si Timéo Doucet cuisine ainsi, c’est qu’il a eu, en sa mère, un modèle notable dans la cuisine.

« J’aime cuisiner avec des produits locaux afin d’encourager les producteurs et je trouve ça carrément meilleur. » – Timéo Doucet

« À travers mon travail en petite enfance, j’ai ouvert ma compagnie de traiteur (La Popotte de Stef). Nous sommes une longue lignée de grands amateurs de cuisine dans ma famille. C’est une fierté de le voir cuisiner. Tout petit, il m’accompagnait en cuisine et goûtait, comme je le faisais avec ma mère. Quand je vois que je suis un peu à court dans le temps pour ma popotte, je demande parfois à Timéo de m’aider quand il a fini ses devoirs », relate Stéphanie Hautereau, mère de Timéo, dont l’arrière grand-père était maître saucier à La Table d’argent à Paris.

Acclimatation

Ils en seront à leur deuxième hiver québécois, plus rigoureux que ce qu’ils ont connu. Ce n’est qu’une des multiples acclimatations que vivent ceux qui s’exilent de leur terre natale.

« Je me suis vite refait des amis, mais c’est sûr que j’ai été triste de quitter mes amis en France. Je me suis bien intégré à l’école. L’hiver est beaucoup plus froid, mais si l’on se met bien au chaud, ça va », dit Timéo Doucet. Ce n’est pas sur un coup de tête que ses parents, Mme Hautereau et Nicolas Doucet, ont pris la décision d’adopter le Québec.

« Toute petite, mes parents faisaient partie d’une association appelée France-Québec qui relie les deux nations. Nous avons toujours reçu des Québécois en France. Je suis venue au Québec une première fois à l’âge de 16 ans. Quand j’ai rencontré mon conjoint, je lui parlais souvent du Québec sans m’y projeter nécessairement. Quand Timéo a eu 6 ans, nous sommes venus ici. Quand nous sommes revenus, mon conjoint m’a dit ‘’On va habiter là-bas’’. »

L’idée a mûri. Ils ont consulté leur garçon pour ne pas lui imposer leur choix mais bien pour l’intégrer dans le processus décisionnel. Il aura fallu plus de quatre ans pour qu’ils obtiennent leurs papiers. Après plusieurs visites, quand la patiente famille a immigré au pays, elle avait sa résidence permanente, un condo et une voiture, déjà intégrée à sa nouvelle vie.

Bien qu’il ne sache pas encore s’il en fera un métier, le jeune cuistot détient tous les ingrédients pour faire saliver les plus fines fourchettes.