Rougemont : un théâtre qui rivalise contre plus gros
Pour présenter son art, le Théâtre de Rougemont rivalise contre les gros joueurs que sont les centres culturels environnants.
Jean-Bernard Hébert, acteur et producteur qui programme les pièces présentées au Théâtre de Rougemont, convient que les centres culturels font mal au théâtre. « Les humoristes les ont envahis, mais à rabais. Ils vont aller au Pôle culturel de Chambly pour roder leurs spectacles pendant trois semaines, à 20 $ le billet. Moi, je n’ai pas juste un acteur sur scène. J’ai toute une production, relativise l’homme qui vend des billets à 45 $. Ça coûte ça! »
M. Hébert dépeint qu’il compétitionne avec cinq « gros » centres culturels gravitant autour du Théâtre de Rougemont. Outre le Pôle culturel de Chambly, il énumère le Centre des arts Juliette-Lassonde de Saint-Hyacinthe, le Théâtre des Deux Rives à Saint-Jean-sur-Richelieu, le Centre culturel de Beloeil et le Palace de Granby. « Tout ça est à vingt minutes d’ici. C’est sûr que ça nous rentre dedans », admet l’homme. Il se tourne vers le volet financier. « Un théâtre qui a coûté des millions à des contribuables, on ne peut pas accoter ça », considère-t-il.
Des travaux coûteux
Le Théâtre de Rougemont, créé en 1997, a été inactif l’été dernier en raison de travaux nécessaires. « Le lieu avait besoin d’amour. On s’est refait une beauté », fait entendre Jean-Bernard Hébert.
Pendant la période d’inactivité lors de la pandémie, les pompes à eau ont brisé. Le liquide s’est infiltré dans les loges, entre autres. Il a fallu arracher pour éviter la moisissure, caler les pompes et mettre à niveau le système de drainage. « Ça a été tough », confie M. Hébert.
Le coût de la réfection s’élève approximativement à 100 000 $. Une somme de 40 000 $ provient de Tourisme Montérégie. Le lobby de l’endroit sera baptisé l’Espace Yannick Marchand, un mécène de Saint-Césaire. Le propriétaire de la pharmacie Jean Coutu césairoise, impliqué culturellement, a remis plus de 20 000 $ dans le processus des travaux.
Parmi les aménagements à compléter, Jean-Bernard Hébert parle des fauteuils désuets pour le public, datant des années 60. La dépense n’est pas incluse dans les 100 000 $. « Ceux que l’on a ne répondent plus au besoin de la clientèle. » Pour ce faire, l’option d’acheter un fauteuil au coût de 500 $ a été mise en place. Il sera possible d’y faire inscrire son nom ou celui d’une compagnie. Au moment d’écrire ces lignes, 100 fauteuils avaient été vendus sur une possibilité de 300. Des loges « confortables » pour les comédiens sont aussi dans la lignée de ces travaux.
Théâtre d’été
Le théâtre est-il regardé de haut? « Je n’ai jamais fait de théâtre d’été traditionnel comme Claude Michaud, Michel Forget, Marcel Leboeuf, Normand Chouinard, nomme M. Hébert. C’était du folkloricotraditionnel. »
Dans le passé, il a notamment présenté Douze hommes en colère, Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges, Les Belles-sœurs et La boutique au coin de la rue. « Pour moi, il faut que ce soit drôle, mais qu’il y ait un contenu qui remplit le contenant. Il me faut mon orgasme spirituel. Je veux être séduit artistiquement », établit-il.
40e anniversaire
Les Productions Jean-Bernard Hébert soulignent leur 40e anniversaire. « Respecter son public, dit sans attendre le principal intéressé, quant au secret de cette longévité. Je n’ai jamais pris mon spectateur moyen pour un déficient socioculturel. Je lui ai présenté du théâtre de qualité », explique-t-il.
L’homme de théâtre ajoute l’importance du respect de ses acteurs. « Pour moi, c’est important qu’un artiste gagne bien sa vie. Il faut que tu traites tes comédiens comme tu aimerais être traité », estime M. Hébert, qui encense l’aspect essentiel de l’amabilité et le souci du détail qu’il met en application à travers l’expérience qu’il propose.
Deux pièces au programme
Le Théâtre de Rougemont a annoncé sa programmation estivale. Du 25 juin au 26 juillet, le public assistera à l’adaptation scénique du film culte de Francis Veber Le Placard, mise en scène par Alain Zouvi. Élodie Bégin, l’iconique Raymond Bouchard, Sébastien Dodge, Hugo Giroux, Jean-Bernard Hébert, Myriam Poirier et Marc-André Poliquin en assurent la distribution. La pièce est présentée pour une deuxième année à Rougemont.
Du 1er août au 6 septembre, ce sera au tour de l’œuvre Cougar qui peut! de fouler les planches. Carmen Sylvestre, Marie-Josée Longchamps, Yan Rompre, Pierre-Luc Cloutier et Kevin Lapierre sont de la troupe, sous la direction de Fabien Dupuis.