Regard sur une année unique
C’est un bilan somme toute teinté de positivité que portent Stéphane Fallu et Philippe Laprise sur l’année 2020, année qui a paralysé le monde culturel.
« C’était une année remplie d’espoir, au tout début. Depuis que je fais ce métier, c’est possiblement l’année où mon horaire était le plus rempli. Ça s’est transformé en année de retour à la maison. Une année remplie de hauts et de bas, mais qui m’a fait beaucoup de bien », met en lumière le Chamblyen Stéphane Fallu.
« Ça a été mon année sabbatique non prévue la plus inattendue de ma vie. Ça a été fou. J’ai encore de la misère à me situer dans cette pandémie. Je ne sais pas encore comment qualifier cette année. Elle m’a inquiété, mais m’a aussi fait du bien. Ça faisait vingt ans que je n’avais pas vraiment arrêté. Ce temps de répit a démontré que l’on a besoin d’être ensemble solidaires pour avancer », conceptualise Philippe Laprise, qui a également élu Chambly pour domicile.
Se réinventer
« Il faut se réinventer » fait partie des phrases les plus répandues au sein du palmarès de 2020. « Ça s’appelle survivre, c’est pas pareil, nuance en riant M. Fallu. Mais depuis que je fais ce métier, je rebondis toujours. J’ai alterné entre radio, télé et scène selon ce qui fonctionnait dans le moment. Pour moi, de la nouvelle création, ça fait partie de mon processus créatif. Prendre des guess, c’est dans mon cheminement de carrière. »
« Je suis devenu un amateur de TikTok et autres plateformes. J’ai fait Les Chroniqueurs avec mes amis humoristes afin de garder la main. J’ai fait les tournages d’Histoires de sentiers pour RDS. Cet été, j’ai tourné ma série pour Z Télé. J’ai été chanceux. Je pense que se réinventer, ç’a passé à travers les shows virtuels, jouer devant un écran et faire rire 70 personnes », développe M. Laprise, qui a profité de la pandémie pour prendre de l’avance dans l’écriture de son quatrième spectacle.
Entrevoir 2021
L’année 2020 se bouclera enfin, diront certains. L’année 2021 n’est pas synonyme de crise réglée. « Il y a tant de choses que l’on ne contrôle pas. La pandémie a fait émerger certains artistes. Les réseaux sociaux perdureront à travers le retour à de petites scènes. Ayant parlé à plusieurs humoristes, on réalise que certains se plaignaient le ventre plein. Je pense que l’on va revenir avec une énergie nouvelle pour tout le monde », relativise Stéphane Fallu.
« Je pense que le retour à la normale ne sera pas avant 2022 en ce qui a trait aux spectacles. Avec le vaccin, j’ai l’impression qu’en juin ou juillet 2021, on va redevenir plus à l’aise de se fréquenter, mais j’envisage que les vrais gros spectacles de salles pleines et les tournées iront en 2022. Je vois 2021 comme étant la fin de cette histoire, suivie d’un début de renouveau. Notre monde a été frappé, ayant pour effet possible de changer les façons de penser, de faire, de redistribuer les richesses et de diriger le pays. Je pense que l’entraide sociale prendra une coche comparativement aux années antérieures et que nous deviendrons moins égocentriques à titre de société », entrevoit M. Laprise.
Les deux artistes ont utilisé la crise pour écrire. La période des spectacles virtuels corporatifs bat son plein pour ceux-ci. Les spectacles virtuels, souvent regardés dans le confort de son domicile, peuvent donner droit à des scènes inattendues. « Pendant mon stand up, j’ai vu une chicane de couple alors qu’une femme disait à son mari qu’il buvait trop. C’est inusité », témoigne Stéphane Fallu.
Célébrer Noël
Chez les Fallu, ce sera « un deux jours de pyjama en famille, ensemble avec ma gang. S’il y a de la neige, on va être encore plus contents d’aller dehors. Nous allons aussi profiter de notre passe de ski ».
L’appel du chalet basé au Saguenay-Lac-Saint-Jean, région natale de Philippe Laprise, a sonné. « On va faire du ski avec les enfants et profiter du chalet. C’est notre havre de paix qui permet de décrocher par sa nature, ses montagnes et les activités hivernales. »
Gilbert Rozon
Le monde de l’humour québécois est intimement lié au nom de Gilbert Rozon. Dernièrement, l’homme s’en est sorti pour la deuxième fois devant la justice, acquitté des accusations de viol et d’attentat à la pudeur qui pesaient contre lui.
« C’est important de continuer à dénoncer […] l’image que ça donne, c’est que la justice ne donne rien. Faire de l’humour ne permet pas d’être au-dessus de tout le monde. On ne sait pas, personnellement, ce qui s’est passé, mais si ce qui est décrit est vrai, justice doit être rendue et dans ce cas-là, je ne suis pas certain qu’elle l’ait été. Dans toutes les sphères humaines, les gens qui abusent de leur pouvoir, je suis contre », termine Stéhane Fallu, qui anime également Refuge animal.