Plonger dans la peau de nos ancêtres

Sous la plume de l’auteur et historienne Louise Chevrier, Marie-Josèphe Bédard est le personnage central du dernier volet de la trilogie de Les Chroniques de Chambly

Cet ouvrage de près de 700 pages publié aux Éditions Hurtubise pose un regard intimiste sur un autre épisode entourant la vie à Chambly au début du 19e siècle.

Ici, on se retrouve autour de 1815. Chambly compte 1000 habitants et est en plein essor économique. Marie-Josèphe Bédard a 30 ans. Elle est lasse de sa vie de servante auprès de son frère curé.

À cette époque, la seule voie de sortie était le mariage. Elle part donc à la conquête d’un époux et après quelques tentatives infructueuses, elle jettera son dévolu sur le marchand général Pierre Bruneau. Dans chacun des trois tomes des Chroniques de Chambly, il y une intrigue sentimentale qui mène à un mariage.

« À cette époque, le mariage c’était l’institution, le nœud de la société. Pour les femmes de cette époque, il n’y avait pas plusieurs choix. Soit tu te maries, soit tu restes dans ta famille et tu demeures sans considération », explique Louise Chevrier. Un extrait du roman est d’ailleurs fort révélateur des aspirations de la jeune trentenaire. (voir la boîte info)

De vrais personnages

Pour l’auteure, ce troisième tome vient clore près de 10 ans de travail et de recherche historique. Car les faits et les personnages de ses romans ont réellement existé. Et Mme Chevrier se fait toujours un point d’honneur de mettre à la fin de ses ouvrages les notes historiques.

«J’ai trouvé mes personnages dans le registre paroissial de Saint-Joseph et dans les actes notariés. J’ai choisi cette façon de faire pour faire revivre des faits historiques mêmes si mes romans sont de la fiction», poursuit l’auteure.

Sa Marie-Josèphe a donc réellement existé. Elle est la sœur du curé de la paroisse. Tous les deux font partie d’une grande famille. Leur père est Pierre-Stanislas Bédard, le fondateur du Parti canadien, qui va devenir le Parti patriote.

Ces personnages sont issus de la bourgeoisie, car ce sont eux qui ont laissé le plus de traces par écrit. On sait que Pierre Bruneau a habité 10 ans à Chambly. À travers la correspondance des Papineau, on a retracé des lettres de lui. Dans l’une d’elles, il décrit la mort de Madame De Salaberry dans la maison de son fils Charles-René.

« La correspondance et les actes notariés représentent une mine de renseignements. J’aime bien glaner ici et là des moments d’histoire, des événements que j’intègre à mon récit », poursuit l’auteure.

Cette saga de trois tomes a permis au lecteur de découvrir des personnages secondaires forts, comme la communauté des artisans qui constitue une classe sociale à part entière et Émmelie Boileau, le personnage secondaire principal des livres.

« Émmelie Boileau pourrait à elle seule faire l’objet d’un livre. Elle a été une actrice principale. La fin du roman la met d’ailleurs en vedette. Son personnage est très caractéristique. Je pense bien l’installer dans une intrigue, car je n’en ai pas encore fini avec elle », conclut Louise Chevrier.

Le lancement du roman aura lieu jeudi 29 octobre à 18 h à la Librairie Larico de Place Chambly. Rappelons que le deuxième tome des Chroniques de Chambly, Marguerite, s’est mérité en 2010 le Grand Prix du livre en Montérégie.

Un extrait du livre

L’éventualité de demeure vieille fille se précise un peu plus chaque jour, même si nous appartenons à d’excellentes familles, constata non sans un brin de cynisme Emmelie.

-Marguerite a bien de la chance, soupira Marie-Josèphe. As-tu remarqué? Lorsque le docteur Talham la regarde, le monde autour d’eux n’existe plus.

-Il l’aime.

-Être aimée! Quelle délicieuse sensation cela doit être ! Mon Dieu! fit Marie-Josèphe en joignant les mains vers le ciel, entendez ma prière : j’exige de connaître l’amour !