Le théâtre réinventé
Les comédiens jouant au théâtre remontent sur les planches dans un tout autre contexte, soit celui de ne pas pouvoir jouer de scènes de proximité.
« Ça pose un problème. Il faut respecter les deux mètres de distanciation. Certains spectacles prévus ont dû être mis de côté, car ça devenait impossible, au sein des décors créés, de respecter cette distanciation. Les metteurs en scène impliqués doivent faire du remaniement », convient Jean-Alexandre Côté, membre fondateur et codirecteur artistique.
« Ce serait la catastrophe. Je me demande comment feront les metteurs en scène. Si je devais revivre certaines pièces dont j’ai fait la mise en scène, je ne sais pas comment j’y arriverais », avoue Catherine Papineau, metteuse en scène chamblyenne.
Nouveau problème
Une complexité qu’a fait naître la COVID-19 est la disponibilité des acteurs au sein de la pièce. Par exemple, certains comédiens d’une troupe étaient disponibles au printemps, mais ils ne le seront plus lorsque reprendront de plus belle les présentations.
« Il faut remplacer certains acteurs, donc recommencer certaines répétitions. Il se crée des délais pour cette raison », explique le directeur artistique.
« Ça pose un problème. Il faut respecter les deux mètres de distanciation. » – Jean-Alexandre Côté
Le Café-Théâtre occupe un édifice de la Ville. De mars à maintenant, la Municipalité a donné congé de loyer à l’organisme. Le Café-Théâtre est désormais admissible à une subvention permettant un soutien financier.
Fébrile, M. Côté mentionne que les représentations devraient reprendre vers les mois de janvier ou février. Entretemps, les répétions devraient prendre vie dès l’automne. Les Monologues du vagin, pièce mise en scène par Catherine Papineau et qui devait être présentée du 17 avril au 2 mai derniers, brisera la glace après plusieurs mois d’inactivité. Si tout se déroule comme prévu, la pièce aura lieu cinq vendredis consécutifs du 26 février au 27 mars.
Les Monologues du vagin
Les tabous entourant l’organe génital féminin sont encore bien palpables et, malgré les percées, au fil du temps subsiste pour certains un inconfort entourant cette zone aux multiples fonctions.
« Mon Dieu qu’il en reste des tabous! lance d’entrée de jeu Catherine Papineau, metteuse en scène de la pièce. Il y a des gens qui me disent qu’ils ne sont pas sûrs de voir la pièce quand ils entendent le mot ‘’vagin’’. C’est d’ailleurs l’un des mandats de cette pièce, briser les tabous », ajoute-t-elle.
Les spectateurs pourront savourer les écrits de l’autrice de ce succès planétaire, Eve Ensler. La dramaturge et féministe américaine s’est entretenue avec plus de 200 femmes avant d’écrire la pièce, qu’elle considère comme un recueil de témoignages.
De monologue en monologue, chaque femme va ainsi, tour à tour, égrener une histoire intime qui est souvent drôle, parfois grave, voire atroce. Chaque texte est court. On ne s’attarde jamais.
Dans le cas présent, Jade Surprenant, Véronique Dupont, Gabrielle Labbé, Sandrine Jutard et Catherine Papineau se relaieront sur scène, déployant langue et salive pour que soit mis en valeur le vagin.
« Ce n’est pas facile pour tous d’entendre un mot tel que ‘’vulve’’, qui n’est pas nécessairement un mot sexy. On l’associe parfois à des synonymes plus péjoratifs, évoque Mme Papineau. Il y a encore des femmes qui pensent que ce n’est pas correct d’avoir du plaisir. Il y a des femmes qui ne se connaissent pas. »
Réalisations antérieures
Catherine Papineau n’en est pas à ses premières armes artistiques. On lie à son passeport artistique la pièce Groupe Seins, présentée en 2018 au CTC, qu’elle a écrite et mise en scène. L’œuvre parle du cancer et propose différentes visions du sujet. La Grenouille et le Chaudron, qui a fait une tournée dans plusieurs théâtres et organismes depuis 2015, est également inscrite au parcours de Mme Papineau. Cette fois, l’œuvre laissait la place à la violence conjugale en guise de thématique.
« J’aime les pièces qui permettent une réflexion, qui offrent une profondeur, qui aident à comprendre ou qui sensibilisent », complète la metteuse en scène, quant à la nature de sa ligne directrice artistique, qui a bien hâte de renouer avec sa passion