Gilles Tarabiscuité : la photo sous un autre angle
Depuis le 25 mars, il est possible d’admirer les œuvres de l’exposition Visions du monde numérique, signée Gilles Tarabiscuité, au Pôle culturel de Chambly.
L’œuvre photographique de M. Tarabiscuité est aussi unique que son pseudonyme, qui semble formé à partir des termes « tarabuster » et « biscuit ». Serait-ce un possible clin d’œil à son parcours, parsemé de rebondissements, mais aussi empreint de plaisir et de tendresse pour son indéfectible passion?
« L’histoire du nom est simplement que je travaille dans le monde de l’Internet depuis les tous débuts. J’ai un compte Gmail depuis 15 ans au moins. Au début, Google ne nous demandait pas d’information personnelle. Puis, un jour, (le géant américain) a décidé qu’il fallait qu’on lui livre nos vrais noms. L’idée de fournir à Google des données gratuites sur mon identité me dérangeait. J’ai donc inventé ce nom il y a une quinzaine d’années, et c’est resté. », nous confie l’artiste.
L’exploration
Lorsqu’il raconte ses années de formation, il s’avoue explorateur et étourdissant. « Mon cheminement artistique a débuté à Québec, dans le cadre de mes études au cégep. » Gilles y a d’abord appris à développer les photos en laboratoire et à exploiter la dualité des tons noir et blanc. Puis, la poursuite de ses études vers le niveau universitaire le mènera jusqu’en Allemagne. Il reviendra ensuite au Québec nourrir un intérêt pour les sciences politiques. « Après ça, je suis retourné à l’université en histoire de l’art », relate, sur un ton amusé, celui qui a enchaîné les diplômes jusqu’au doctorat. « Au travers de tout ce parcours, la photographie m’a toujours suivi. »
Le polygone, et plus particulièrement le triangle, est au cœur des élans artistiques de M. Tarabiscuité, même s’il se laisse aussi tenter par les courbes pour créer des chapeaux en carton. « En architecture, l’utilisation des triangles permet de créer des structures vraiment intéressantes. »
« (…) c’est vraiment ma perception du monde numérique. » – Gilles Tarabiscuité
L’imposteur du numérique
Dans une vidéo de présentation diffusée par la Ville de Chambly, on peut l’entendre défendre le choix du titre, Visions du monde numérique. « C’est un peu ironique (…) de dire que c’est la vision du monde numérique (…) », observe-t-il en faisant référence au fait qu’il n’a sollicité aucune technique de retouche ou de synthèse 3D, puisque ses photographies sont dites « pures ». « Mais c’est vraiment ma perception du monde numérique. »
Une mise en abîme
Sous des apparences trompeuses d’origami, les structures colorées que Gilles photographie ne sont pas celles qu’il fabrique d’abord à partir de matières cartonnées. C’est que l’artiste a développé un procédé bien particulier, soit celui de bricoler et de photographier en deux temps : il assemble d’abord un « bricolage », tantôt de sa tête, tantôt à partir d’un modèle sur Internet qu’il reproduit, puis en prend des photos, qu’il imprime ensuite pour coller sur une nouvelle structure en bois. C’est cette sculpture, créée à partir de la première créature, qui sera prise pour modèle ultime à photographier, révélant ainsi toute l’essence de son art, un peu comme la mise en abîme de la photo.
Moderne, séduisant et caractériel
Usant de couleurs de la séduction et du caractère, soit le rouge des roses et le jaune tulipe dans cette exposition, mais aussi le fuchsia, le magenta et le vert émeraude dans son œuvre plus globale, Gilles exploite les jeux d’ombre et de lumière, rappelant la texture et les couleurs du satin, pour un résultat aussi moderne et attirant que d’allure publicitaire.
L’exposition sera accessible au Pôle culturel de Chambly jusqu’au 7 juin.