Écrire sur sa mort

Le livre de Guylaine Champagne, lancé en août dernier quelques semaines après sa mort, dévoile avec authenticité et résilience ce qui s’est avéré son dernier droit.

En 2016, Guylaine Champagne, une Chamblyenne, a appris qu’elle était atteinte d’un cancer du poumon de stade 4 inopérable et incurable. Après le choc et le questionnement, elle a choisi de faire face à la maladie. Elle a reçu les traitements traditionnels proposés et s’est investie dans diverses méthodes complémentaires. Sept mois plus tard, on lui annonce une rémission partielle inespérée. Malgré tous ses efforts, la maladie revient. S’est alors amorcé le processus de fin de vie et « son retour vers les étoiles ». En ce sens, le livre qu’elle a écrit avant de quitter cette vie s’intitule Mon retour vers les étoiles.

« C’est un ouvrage qui aidera les familles qui subiront cette réalité. Elle a senti le besoin de mettre sur papier ce qu’elle vivait relativement à l’annonce de sa mort. C’est le renoncement, le détachement de la vie, du soleil, de la mer, des enfants, du matériel, de l’argent, etc. », dépeint la voix chevrotante de M. Longpré, l’homme ayant accompagné Mme Champagne pendant une trentaine d’années et qui a été à ses côtés tout au long de l’ultime processus.

« J’ai réalisé qu’il me restait trois nuits avec ma femme. » – M. Longpré

« Je la regardais écrire, à distance, plein d’admiration. Je n’en revenais pas de sa force et de son courage », relate l’homme qui souhaite lui offrir un honneur posthume.

Aide à mourir

Mourir dans la dignité est un souhait légitime et naturel. Toutefois, quand il s’agit d’un proche, d’un être cher, l’approche se veut moins cartésienne.

Le 31 décembre, à 6 h, Mme Champagne et M. Longpré entraient, une fois de plus, à l’hôpital. À 10 h, l’oncologue annonçait que le cerveau était atteint. Les traitements suggérés rendaient les conditions de vie lourdes et pénibles. Mme Champagne a donc demandé au médecin de visiter l’étage de l’aide à mourir sous le regard stupéfait de son conjoint.

Un peu plus tard, par texto, Mme Champagne apprend que sa demande d’aide à mourir est acceptée, nouvelle qu’elle embrasse avec bénédiction, avec libération.

« Quand tu es accepté pour l’aide à mourir, c’est quelque chose de peser sur le piton. C’est fou! Ça devait se dérouler le 20 mai. Je me préparais à vivre ses dernières semaines avec elle », situe M. Longpré. Le 17 avril, le couple reçoit un appel annonçant que l’étage ferme en raison de la COVID-19. Mme Champagne provoque une rencontre avec le médecin. Celle-ci réclame de devancer sa mort. Le médecin lui accorde une date dans les jours subséquents, encore sous les yeux stupéfaits de M. Longpré.

« J’ai réalisé qu’il me restait trois nuits avec ma femme. Ça n’avait pas de sens. Ce n’était pas des nuits faciles, mais elle était à mes côtés. C’était une situation irréelle, tragique et magique » complète l’homme ému.

Le livre est paru sous les Éditions CRAM. La préface est de la main de Colette Portelance.