David Goudreault vous fait cadeau de ses mots

Le 18 décembre, au Pôle culturel de Chambly, David Goudreault montera sur scène pour y offrir Au bout de ta langue, un spectacle qui s’inscrit dans une volonté de promouvoir la littérature francophone.

C’est bien au bout de sa langue que le public sera suspendu pour y trouver les trésors issus d’un riche répertoire littéraire, au cours de ce spectacle, abondant de monologues humoristiques, de slams et de poèmes, qu’il présente depuis quatre ans à travers la province.

Une production qui a fait ses preuves

« C’est vraiment un spectacle créé pour faire rire et pour faire lire. J’y déclamerai plusieurs de mes textes et expliquerai aussi comment j’ai découvert certains écrivains. Je réciterai quelques poèmes de ces grandes plumes du Québec et livrerai des anecdotes très drôles », promet M. Goudreault, en entrevue avec le journal.

« Plus on célébrera nos chanteurs, nos écrivains et nos dramaturges, plus on ravivera l’intérêt pour le français. » – David Goudreault

« Je trimbale ce spectacle depuis quatre ans. Ça a commencé avec des conférences que je donnais en milieu scolaire. Les professeurs me disaient que ce que j’y présentais était drôle, que je devais en faire un spectacle, et qu’ils étaient prêts à payer pour aller le voir. C’est donc un projet qui a été poussé par des profs », concède l’amoureux des mots aux pédagogues, dont il tient le travail en haute estime.

Un créateur engagé

Si la francophonie doit beaucoup à ce défenseur de la langue, elle le lui rend bien. Récipiendaire de quatre Prix Rideau en 2018, il est aussi le premier Québécois à avoir remporté la Coupe du monde de slam et de poésie (Paris, 2011). Également travailleur social, le romancier et poète sollicite la littérature comme moyen « d’expression et d’émancipation » dans les écoles et les centres de détention. Ses réalisations artistiques, son implication sociale et son rayonnement par-delà les frontières nationales lui ont valu l’octroi de la médaille de l’Assemblée nationale du Québec.

C’est aussi pour sa prise de parole, ses lettres ouvertes et son combat pour la préservation de la langue française que David Goudreault se hisse au premier rang des artistes engagés pour la culture. S’il admet considérer le portrait quant à l’avenir du français comme étant « très inquiétant », il demeure « optimiste ». « Il y a des réalités démographiques inéquitables et des choix de société qui amènent le Québec à s’angliciser davantage. Il y a aussi une réalité montréalaise qui se détache du reste du Québec. D’un autre côté, le français est vraiment en très bonne santé dans d’autres pays. Au Québec, tout n’est pas perdu, la bataille continue de se mener. Plus on célébrera nos chanteurs, nos écrivains et nos dramaturges, plus on ravivera l’intérêt pour le français. »

Pour le poète, le nerf de la guerre, c’est d’y « intéresser les nouveaux arrivants. Et pour ce faire, il faut nourrir notre propre fierté du patrimoine culturel jusqu’à la rendre contagieuse ». Il suggère, par exemple, de « mettre des livres dans les paniers de Noël, partout au Québec », et d’offrir « des livres de qualité » aux nouveaux citoyens.

Lorsqu’on lui demande s’il estime qu’il est tabou de s’afficher en tant que défenseur du français, ou difficile de le clamer sans faire polémique, dans la foulée des débats à question nationaliste, M. Goudreault reconnaît que « ce n’est pas la grosse mode de vouloir défendre le Québec et le français, mais je pense que l’on est capable de marcher avec les deux jambes en même temps et que l’on peut absolument être sensible aux réalités de toutes les minorités, sans oublier pour autant que le Québec est une nation minoritaire dans un pays anglophone. L’idée n’est pas d’adopter un discours moralisateur pour jeter la pierre à ceux qui maltraitent la langue, mais bien de célébrer ceux qui lui font honneur. »

« On choisit de subventionner massivement les secteurs de l’agriculture et du sport, mais celui de la culture, pas assez. Mieux encourager l’exportation de nos produits culturels, notamment en littérature, est aussi important. On reçoit beaucoup de livres qui proviennent de France et des États-Unis, qui viennent court-circuiter nos ventes, alors qu’à l’inverse, en France, un livre québécois relève de l’exotisme. » Lorsqu’il s’agit de poser des gestes concrets pour contribuer à assurer la pérennité du français, M. Goudreault admet que, parfois, il faut plus que des paroles et de la verve, car « c’est bien beau de dire qu’il faut défendre la culture, mais le mieux est encore de la consommer, d’acheter des livres et des billets de spectacle. Acheter, c’est voter! » Quant aux diffuseurs, il faudra, selon lui, qu’ils laissent davantage de place au slam et aux styles musicaux qui, à défaut d’être le genre commercial, ont su trouver leur public et susciter son intérêt, ne serait-ce que sur le Web.