Chambly : des premières parties imposées par les producteurs

La SPEC du Haut-Richelieu considère qu’en musique, de la façon dont la programmation est actuellement orchestrée, la première partie avant l’artiste principal ne représente pas de plus-value à l’expérience client. 

L’animateur Patrick Lagacé a publié, la semaine dernière, une chronique relativement à l’existence de la première partie avant le spectacle principal. Le sujet a polarisé et fait réagir fortement, notamment dans le milieu culturel. Le journal a cherché à savoir où se positionne la SPEC du Haut-Richelieu, entité qui gère la programmation du Pôle culturel de Chambly, par rapport à cette fameuse première partie.

« Il arrive que les producteurs nous imposent des premières parties. C’est rarement nous qui faisons le choix », indique d’emblée Guy Boulanger, conseiller cadre à la direction générale de la SPEC. Il affirme notamment que cette requête des producteurs vient du fait que les artistes, en musique, demandent « de plus en plus » de faire des spectacles sans entracte. « Il y a des salles, au Québec, qui demandent un supplément au producteur pour compenser les pertes de revenus de bar », explique M. Boulanger. Une première partie peut être une solution à cette avenue. « C’est d’intégrer une première partie pour les mauvaises raisons », estime-t-il. Il précise que le principe d’imposer une compensation de la sorte ne fait pas partie des politiques de la SPEC. « Pour moi, ça relève de la direction artistique d’un spectacle et je respecte ça. Je ne veux pas avoir de première partie juste pour avoir une première partie. »

Frais supplémentaires

Guy Boulanger note qu’en plus de « se faire imposer » une partie, il doit ajouter des dépenses relatives à celle-ci. Il défraie des coûts supplémentaires pour les techniciens en lien avec le son et l’éclairage. « Souvent, les artistes en chanson viennent avec leur équipe technique. Elle n’est pas rémunérée pour s’occuper de la première partie », dit-il.

Dans ce cas, l’hôte doit fournir le personnel en conséquence. « Ça m’horripile, car je me demande pourquoi intégrer une première partie. Parce que le show n’est pas assez long? Ce n’est pas une raison. En plus en nous demandant de payer un supplément pour l’équipe technique », évoque-t-il. Il arrive aussi qu’un cachet supplémentaire soit exigé pour ladite première partie.

Vision de développement

« S’il n’y a pas de fibre avec l’artiste principal, si celui-ci ne soutient pas la première partie, il n’y a pas d’intérêt à avoir une première partie », considère Guy Boulanger. Concernant la pertinence d’une première partie, il parle de « vision de développement ». Le principal intéressé mentionne que cette vision est plus présente en humour qu’en musique. « C’est mieux fait. De un, ils ne nous demandent pas d’extra. De deux, les producteurs en humour ont une vision de développement intégrée à la stratégie », remarque-t-il, ajoutant que la première partie est ainsi placée pour ensuite être lancée plus tard en rodage. « On construit son public, il y a une vision, ça marche. J’ai rarement vu de cohésion dans une première partie en musique », compare le conseiller.

Préparer le public

Il arrive que le public découvre seulement une fois sur place la tenue d’une première partie avant l’artiste pour lequel il s’est déplacé. Ce n’est pas apprécié de tous. Guy Boulanger déclare qu’une première partie ne devrait pas dépasser 20 minutes, peut-être 30 « au gros maximum ». Il nuance que l’expérience peut être intéressante en termes de découverte d’artistes si le public est « bien préparé » en amont.

À titre de membre d’un réseau de diffusion, il a eu ces échanges avec des producteurs et autres diffuseurs. Il relate que ces rencontres visaient entre autres à contribuer à l’émergence des artistes de la relève en les intégrant dans les premières parties.

« C’est un casse-tête épouvantable. Il faut que l’artiste principal endosse sa première partie. C’est-à-dire prendre le temps de le présenter au public et d’expliquer pourquoi il l’a choisi. Ça permet de rendre le public disposé à accueillir cette première partie. Mais là, elle arrive comme un cheveu sur la soupe », observe M. Boulanger.

Il évalue qu’en musique, de la façon dont le système est géré, la première partie n’apporte aucun bénéfice à l’expérience client. « Je crois en la pertinence des premières parties. C’est un bon outil pour faire découvrir des artistes émergents. Mais il faut avoir les outils pour annoncer et expliquer le show » résume-t-il en terminant.