Chambly : coincée entre les griffes de son proxénète
La Mathiassoise Chloé-Kim Bussière lance son livre Prisonnière de son pimp, récit d’un lourd passage de sa vie alors qu’elle n’était qu’adolescente.
À quinze ans, Chloé-Kim Bussière est « tombée follement amoureuse » d’un garçon plus vieux, parfait en apparence. Il s’agissait de Joseph*, un homme de dix ans son aîné qui l’avait abordée, tout banalement, dans un centre commercial.
De façon progressive, le conte de fées de l’étudiante de l’école Monseigneur-Euclide-Théberge de Marieville s’est transformé en film d’horreur. L’enjôleur lui a fait faire de fausses cartes pour la traîner dans un bar de divertissement pour adultes appartenant à son ami. Peu à peu, de façon moins sympathique, Chloé-Kim Bussière raconte qu’on l’a incitée à danser. « Ça commence de même jusqu’à ce qu’en cabine, il se passe autre chose », décrit la femme de 32 ans.
D’adolescente à objet
La dérive s’est poursuivie. Chloé-Kim Bussière mentionne que Joseph affirmait qu’elle lui appartenait et qu’elle devait lui obéir.
« On en vient à se ramasser dans des soirées qui font plus peur et où ça dégénère un peu plus », raconte-t-elle.
Elle est alors obligée de subir des actes dégradants, avec des clients d’âges divers. « Il y en a qui auraient pu être mon père. L’un d’entre eux me disait » Viens voir papa ».
Je mentionne dans le livre à quel point ça m’écœurait. Je ne peux pas croire que ces hommes-là pensaient que j’étais majeure et que j’avais envie d’être là », relate avec dégoût Mme Bussière.
Menacer et manipuler
Chloé-Kim Bussière n’était pas séquestrée. Elle vivait toujours avec ses parents. Elle a dû commencer à leur mentir et à mener une double vie, sans que ses proches ne remarquent sa détresse. À la même époque, Joseph a commencé à la droguer, à son insu, puis à la forcer à consommer. La victime soutient que si Joseph la frappait et abusait d’elle, il parvenait toujours à la manipuler pour qu’elle en vienne à tolérer l’inacceptable.
Pour l’empêcher de dénoncer ce qu’elle vivait, l’autrice raconte avoir subi la pression de menaces envers ses proches.
Fin de l’emprise
L’emprise du proxénète s’est étalée sur environ un an. « Jusqu’à ce que je décide que c’en était trop », conclut-elle, après avoir emmagasiné suffisamment de courage pour prendre la fuite.
L’adolescente a réussi à se séparer du maquereau pendant plusieurs semaines. « Jusqu’à ce qu’il revienne me rechercher », précise-t-elle. Le second essai sera le bon. « Je n’avais plus peur. Je préférais mourir que de continuer à vivre ça », a-t-elle ressenti, à bout de forces.
La mort du passé
La trentenaire n’a jamais porté plainte contre Joseph. Elle souligne qu’il a toutefois été incarcéré plus tard, pour de multiples délits. Elle mentionne au journal qu’il y a quelques années, il a tenté de revenir vers elle, en vain. « J’étais rendue une femme », dépeint-elle. Aujourd’hui, elle n’a plus à le craindre, car il est décédé. « C’est une certaine libération et une paix d’esprit, car je n’ai plus peur de tourner le coin de la rue et de tomber face à lui. Mais une partie de moi trouve cela injuste, car je n’ai pas le sentiment qu’il a payé pour tous les gens qu’il a blessés dans sa vie », nuance Mme Bussière.
Femme et maman
La femme de Saint-Mathias-sur-Richelieu est maman de deux filles, âgées d’un mois et de sept ans. « Je ne veux pas que mes filles grandissent dans la peur, ni être surprotectrice, mais je souhaite montrer, avec ce livre, que c’est important que les parents soient ouverts à en parler avec leur jeune », termine Mme Bussière.
Le livre Prisonnière de son pimp est publié aux éditions JCL.