Ambassadeur de la langue française
Le Richelois Serge Méchain montera sur les planches du Délires et Délices, le 4 juin prochain, honorant la mémoire de Raymond Devos, de Marc Favreau et d’autres jongleurs de mots.
C’est une formule renouvelée que propose l’artiste. L’amoureux des mots reprend là où il avait laissé il y a trois ans au Café du passeur à Mont-Saint-Hilaire. Sous la forme de monologues et de poèmes, l’homme récitera les œuvres de ses prédécesseurs, eux-mêmes amants de la langue de Molière. Accompagné du chansonnier Daniel Lessard qui assurera la fluidité des enchaînements, le Français d’origine, Serge Méchain, débitera principalement les textes de Raymond Devos et de Marc Favreau (Sol). « Mes deux réservoirs de mots », exprime-t-il. De circonstance en cette ère pandémique, le monologuiste reproduira notamment de Sol le texte L’hôpital est malade, toujours actuel. Il joindra au lot les propos de Roland Magdane ainsi que de l’abbé de Lattaignant, auteur, il y a 300 ans, d’écrits plutôt osés pour l’époque.
À son arrivée au Québec, il y a 45 ans, Serge Méchain avait travaillé pour une chaîne hôtelière de la vieille capitale. De ce fait, il avait rencontré Marc Favreau, qui y séjournait dans le cadre de spectacles. Quotidiennement, il venait à son comptoir et les deux hommes discutaient. « Cette rencontre m’a grandement marqué; je suis un fan fini de M. Favreau. Je voue aux monologues intemporels de Devos et de Favreau une admiration sans faille », confie-t-il en renouant avec le passé.
Sa mission est de « faire connaître à plus de gens l’univers très particulier de Devos et de Sol; de faire en sorte qu’on ne les oublie pas », précise Méchain, qui souligne au passage le 100e anniversaire de Raymond Devos, né en 1922.
« Je riais, mais ce n’était pas un rire facile. Il fallait apprécier cette forme d’écriture qui embellit la langue française. » – Serge Méchain
Humour absurde
Le passionné décrit l’humour de Devos et de Sol comme en étant un absurde. Selon lui, cet humour se perd. Il nomme Daniel Lemire à titre de l’un des derniers jouant sur les mots. « C’est malheureux à dire, mais les jeunes humoristes ne me font pas beaucoup rire. Je ne trouve plus cet humour fin, subtil, où l’on rit intelligemment », convient-il en citant un extrait de La purée culture, de Sol. Il se rappelle sortir des spectacles de Devos en se sentant plus intelligent. « Je riais, mais ce n’était pas un rire facile. Il fallait apprécier cette forme d’écriture qui embellit la langue française. »
Gène familial
Cette passion du vocabulaire, il la tient de son père. L’homme aimait plaisanter, jouer avec les mots. Palindrome, acrostiche, anagramme, tautogramme, étymologie, double sens, tous y passaient. « Adolescent, je n’en faisais pas de cas, mais il a laissé son empreinte. Ce spectacle permet de perpétuer la mémoire de Devos et de Sol, certes, mais surtout celle de mon père », relate l’homme de lettres.
Langue de chez nous
Serge Méchain se fait un devoir d’honorer la langue française. « Je trouve que, parfois, on n’y fait pas très attention », dit-il. Il s’en amuse et s’en délecte. Il se nourrit de ses subtilités et de sa complexité. Il dénature les mots et les souffle, à sa couleur, au gré d’une simple discussion. « C’est une façon d’aller dans un univers fantastique, d’agrémenter le quotidien. Les mots font du bien et permettent de prendre la vie de désinvolte façon. C’est un contre-pied au chloroforme, au monde banal. Les mots sont des étincelles et je me plais à croire qu’ils réveillent certaines personnes », étale de poétique manière l’homme dont le dialecte enchante les oreilles.
Serge Méchain conclut avec une citation du Roumain d’origine, Émil Cioran, en lien avec son intérêt marqué pour la langue française et sa protection, qu’il mentionne très souvent dans ses spectacles. « On n’habite pas un pays, on habite une langue. » Puis, il ajoute, sourire en coin : « Que ce cher Michael Rousseau, grand patron d’Air Canada, en prenne bonne note. »
Des billets sont encore disponibles pour la soirée du 4 juin.