Un besoin plus criant que jamais

Si leurs services étaient connus auprès des familles vulnérables et des familles en crise, c’est une nouvelle clientèle qui s’ajoute désormais aux dossiers des psychoéducatrices.

« Pendant la COVID-19, les familles moyennes ont connu leur lot de déséquilibre et ont besoin d’accompagnement. En temps normal, une famille moyenne qui s’en sortait bien sur le plan des compétences parentales aurait probablement été capable de passer à travers sans l’intervention d’un professionnel. S’ajoutent même les familles aisées au chapitre du fonctionnement qui, elles aussi, ont besoin d’aide », constate Isabelle Cyr, psychoéducatrice et cofondatrice de la Clinique familiale interdisciplinaire Lüna, basée à Chambly. Celle-ci ajoute que la demande est si élevée depuis le confinement, que les cliniques privées ne sont pas en mesure de répondre.Du jamais-vu pour elle.

Sa clientèle est plutôt élargie. Elle travaille principalement avec les 0 à 22 ans, mais son approche consiste à travailler majoritairement avec les familles. La COVID-19 a d’ailleurs augmenté les besoins des familles à plusieurs égards. Des parents d’enfant en retard quant à l’apprentissage sont aujourd’hui témoins impuissants de cet état accentué que vit leur enfant avec les mois d’absence scolaire accumulés.

« En temps normal, une famille moyenne qui s’en sortait bien sur le plan des compétences parentales aurait probablement été capable de passer à travers sans l’intervention d’un professionnel. » – Isabelle Cyr

« Ces enfants se sont retrouvés confrontés à la réalité de s’organiser par eux-mêmes. Ils ont aussi souvent des difficultés d’attention. Ils ont perdu en quelque sorte leurs repères, ce qui leur cause soit de l’anxiété ou crée chez eux une réaction d’opposition à l’égard des tâches. Ils ont besoin de constance, de structure » fait part la psychoéducatrice. Avec des parents qui, par la force des choses, n’ont pas été disponibles et qui, surtout, n’ont pas de certification scolaire, il n’a pas été rare de voir certaines harmonies familiales en prendre pour leur rhume.

École à distance

Quelle incidence aurait une deuxième fermeture scolaire auprès de ces enfants?

« Il faut que les écoles aient un plan de travail organisé. La première vague a été désorganisée. C’est ce qui a nui aux parents et aux enfants, augmentant le stress familial. Une bonne préparation permettra de réduire l’effet d’anxiété chez les enfants. Les retards d’apprentissage risquent tout de même d’être dommageables. Sans le suivi des psychoéducateurs ou des orthopédagogues, on notera une aggravation des résultats scolaires », mentionne Mme Cyr.

Anxiété

L’anxiété est de plus en plus nommée chez les enfants, phénomène peu existant il y a une décennie.

« Ce qui affecte les enfants, c’est l’anxiété de leurs parents. Plus les parents sont désemparés, plus l’enfant deviendra anxieux et vulnérable. L’élément important est de s’assurer que les parents sont en contrôle de leur environnement familial », complète la cofondatrice de la Clinique Lüna.