Quand la menace vient de l’intérieur

En cette période de confinement, les organismes craignent une augmentation de signalements de maltraitance infantile et de violence conjugale.

« On se prépare pour une possible explosion de cas de violence conjugale et nous en sommes à mettre des protocoles en place en ce sens tout en mettant à jour les protocoles en lien avec la COVID-19 », déclare d’office Hélène Langevin, directrice générale à la Maison Simonne-Monet-Chartrand (SMC) qui accompagne les femmes et les mères victimes de violence conjugale.

Quant à Érik Christensen, directeur général de la clinique L’Étoile pédiatrie sociale en communauté du Haut-Richelieu, il utilise la métaphore pour décrire le portrait.

« L’image que j’aime utiliser c’est que c’est comme si on met tout ce beau monde dans un autocuiseur, on met le couvercle et, tranquillement, on monte la température. On s’attend aux cours des jours et semaines qui s’en viennent à une augmentation de demandes », relate le directeur de la clinique qui a pour mission d’offrir des services de pédiatrie sociale aux enfants à risque ou en situation de vulnérabilité.

« On travaille avec 333 enfants. Nous sommes complets et la liste d’attente est pleine donc nous ne sommes pas en mesure de faire de nouvelles ouvertures de dossiers. On ne peut donc pas aider directement s’il y a une croissance durant l’isolement », confie M. Christensen.

Coincés avec son bourreau

Une femme qui, sous son toit, est en relation avec un conjoint violent est à risque de voir la situation s’accentuer. Il en va de même pour les enfants en situation de maltraitance.

« Si une femme a des enfants, c’est déjà complexe de quitter son milieu sans même la situation de confinement. Et, habituellement, on organise la sortie d’une femme de son milieu en l’absence du conjoint. En temps de confinement, il faut user de stratégie, car ils sont toujours ensemble. Le confinement ne veut pas dire d’endurer », met en lumière la directrice générale de la maison d’hébergement.

« Une autre situation problématique que l’on vit est celle des femmes déjà en maison d’hébergement et qui avaient des droits d’accès avec le père, pour les enfants. On ne peut pas accepter que les enfants se promènent une semaine chez le père et reviennent dans la maison d’hébergement, donc plusieurs femmes sont retournées avec le conjoint violent. On s’attend à ce que ça repète sous peu », ajoute-t-elle.

« Le confinement ne veut pas dire d’endurer. » – Hélène Langevin

Comment intervenir

La majorité des gens sont en sécurité, isolés dans leur demeure. Comment intervenir si ce n’est pas le cas dans une autre chaumière?

« Si vous êtes inquiets pour la sécurité et l’intégrité, appelez la police. C’est une responsabilité citoyenne que certains oublient. Il faut arrêter de baisser les yeux », fait part sans équivoque Mme Langevin.

« Nous sommes sensibles à la situation. Nous nous fions aussi à nos partenaires pour agir, écouter et conseiller malgré le confinement. Nous sommes préoccupés par la situation et c’est quelque chose que nous considérons », dit Jean-Luc Tremblay, porte-parole de la Régie intermunicipale de police Richelieu/Saint-Laurent.

« Dans ce contexte, la Sûreté du Québec a le mandat de porter assistance au ministère de la Santé et des Services sociaux dans le cadre de l’application de la Loi sur la santé publique. Pour ce faire, certains effectifs de la Sûreté du Québec ont été réaffectés à des endroits névralgiques dans les municipalités en regard des besoins déterminés par la Santé publique. Dans cette optique, leurs patrouilles préventives seront ciblées afin de veiller à la sécurité des citoyens et s’assurer de leur bien-être », émet de son côté la Sûreté du Québec en Montérégie.

Services actifs

À la Maison SMC, les services perdurent dans un souci de grande vigilance. Si les femmes doivent sortir, c’est qu’elles n’ont pas d’autres choix. Ces situations sont pratiquement nulles.

Une chambre spéciale privée et réservée a été déployée si une femme, déjà utilisatrice, était testée positivement.

La clinique L’Étoile touche les volets médical et psychosocial. Les intervenants liés à l’aspect psychosocial travaillent de leur domicile et gardent un lien quotidien avec la clientèle. L’établissement dispose de pièces stérilisées et isolées.