Problème de mascné

Les dermatologues ont noté une recrudescence de la demande, depuis le port du masque obligatoire, chez une clientèle développant de l’acné.

La pandémie a greffé au vocabulaire commun quelques nouvelles expressions. L’école « en présentiel », « déconfinement » ou « télétravailler » en font partie. Dans le milieu de la santé, le terme « mascné », soit l’acné causée par le masque, en est un maintenant connu des dermatologues.

« Ce que l’on voit le plus fréquemment, c’est de l’acné : l’apparition de boutons et de pustules à tête blanche en raison du port du masque. Le masque entraîne un effet occlusif sur la peau, en bouchant les pores. Lorsque que ceux-ci sont bouchés, il y a une accumulation de sébum qui survient, il y a inflammation et prolifération microbienne menant aux rougeurs, aux boutons et même à une sensation de brûlure », décortique Marc-André Doré, dermatologue et cofondateur de la clinique virtuelle DermaGo.ca, service privé en ligne.

Allergie

Certains parlent « d’allergie » en raison des réactions causées par le masque. « C’est rarissime, je vous dirais. C’est plutôt de l’irritation que nous voyons. Les gens vont croire que le frottement de la ganse et du masque, qui crée des rougeurs, peut être une allergie, mais ce n’est pas vraiment le cas. C’est davantage ce que l’on nomme une dermatite irritative, causée par l’irritation, la chaleur, la sueur qui s’accumule sur la peau. Ce n’est pas une allergie comme telle », nuance Dr Doré.

Précaution pour la peau

De nombreux Chamblyens ont évoqué au journal enflures, rougeurs, démangeaisons, irritations, acné et peau grasse relativement aux réactions que leur procure le masque. Parmi ceux-ci, Elie Gervais, éducatrice en service de garde en milieu scolaire à l’école Sainte-Marie, tient avant tout à spécifier qu’elle est consciente que son employeur, le Centre de services scolaire des Patriotes, suit les règlements instaurés par la santé publique. Elle parle « d’acné autour de la bouche et du menton ainsi que de peau grasse en tout temps causée par l’humidité du masque. Nous devons nous protéger, mais ces mesures ne sont vraiment pas agréables et nuisent à notre qualité de vie professionnelle ». Quant à Annie Grenon, aussi Chamblyenne, le port du masque récurrent lui « fait des enflures et des rougeurs. À l’occasion, ça me pique et ça me fait des boutons qui démangent ».

« On conseille le lavage du visage une ou deux fois par jour avec un savon exfoliant, en vente libre, qui délogera les pores de la peau. Ce sont des savons pour peaux grasses, peaux mixtes ou peaux acnéiques, constitués d’acide salicylique (ingrédient de soin de la peau pour combattre l’acné). Également, après consultation d’un médecin, il peut être prescrit, en crème, de la vitamine A permettant encore de déloger les pores de la peau. S’hydrater la peau une fois par jour fait aussi du bien », conseille le dermatologue.

Peau faible

Pour la majorité, le port du masque sur le plan professionnel est nouveau. Pourtant, le personnel de la santé, les peintres commerciaux, les dentistes, les pompiers, etc., travaillent depuis toujours en silence avec le masque.

« Je pense que le port du masque obligatoire a simplement mis au grand jour les problèmes de peau associés au masque. On en voyait, dans nos bureau ou en ligne, dans le passé. Ce n’est pas nouveau. Il s’agit de conserver une bonne hygiène de peau telle que décrite préalablement mais, effectivement, ça n’empêche pas, avec le temps, que l’on développe une acné à cause du masque et, à ce moment, il faut traiter » relate Marc-André Doré.

Dérogation pour le port du masque

« Beaucoup de patients demandent des billets de médecin pour ne pas avoir à porter le masque. Je n’ai toutefois jamais considéré que c’était suffisamment important pour éviter le masque dans une période de pandémie. Personnellement, je réponds que nous avons de bons traitements pour adresser le problème, mais que le port du masque est obligatoire en temps de pandémie. En ce qui me concerne, je ne fais pas de billet permettant de déroger au port du masque », se positionne le docteur.

Consultations rares

S’il faut être patient pour consulter un dermatologue en empruntant la voie du système public, il est plus facile d’en solliciter un au privé malgré la demande croissante.

« La demande de consultation pour l’acné a augmenté depuis le port du masque. C’est une maladie de peau très fréquente. Nous offrons un service en deçà de sept jours ou un service premium en moins de 24 heures. Il y a moyen d’avoir un avis et un diagnostic très rapides », conclut le dermatologue de DermaGo.