Nos élus en période de pandémie
Nous avons donné la parole à la mairesse de Chambly, Alexandra Labbé, au député de Chambly et ministre de l’Éducation Jean-François Roberge ainsi qu’au député de Beloeil-Chambly et chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet pour savoirs quels sont les défis qu’ils ont a affronter pour traverser cette crise avec les citoyens.
Alexandra Labbé
Nous voulions savoir dans quelles conditions vous exercez vos fonctions de mairesse en ces temps de confinement?
Nous avons mis en place différentes mesures à la Ville afin de permettre à une grande majorité d’employés d’effectuer du télétravail afin de respecter les consignes du gouvernement du Québec. J’essaie le plus possible de suivre ces mesures. Je suis très souvent à la mairie, c’est plus facile d’y être efficace maintenant que toute la famille est confinée à la maison. J’échange par téléphone et par courriel avec les citoyens afin de continuer d’être à leur écoute. Je suis en lien constant avec la direction générale de la Ville pour être bien informée des différentes actions qui sont adoptées pour le bon fonctionnement des services à la population. Je participe à certaines réunions virtuelles que nous organisons par le biais des nouvelles technologies. Les seules choses qui ont vraiment été modifiées sont les rencontres en personne et la participation à des activités extérieures.
Les sollicitations que vous recevez de la part des citoyens ont-elles changé radicalement du fait de cette crise sanitaire?
Oui, puisqu’elles sont directement reliées à la situation que le Québec, et que toute la planète vit présentement. Les citoyens sont inquiets. Les organismes communautaires veulent poursuivre leur mission auprès de leurs clientèles, mais commencent à manquer d’argent et de bénévoles. Les entreprises craignent pour leur avenir et le futur de leurs employés. Mais de notre côté, les réponses sont les mêmes : nous sommes là et nous vous accompagnerons à travers cette crise.
Dans quelle mesure pouvez-vous répondre à leurs demandes?
Après l’aide des gouvernements provinciaux et fédéraux, les villes doivent examiner ce qu’elles peuvent faire. Certaines ont déjà mis de l’avant des Fonds pour soutenir des entreprises et des organismes locaux. Nous les qualifions normalement de partenaires du milieu et nous devons leur venir en aide pendant la crise et surtout après. Il faudra penser à des actions ou des programmes pour relancer notre économie locale et encourager nos organismes des secteurs communautaire, sportif et culturel. Hier, nous avons adopté une résolution d’alléger le fardeau fiscal des citoyens et des entreprises, la Ville de Chambly fixe le taux d’intérêt sur les taxes foncières, la tarification pour les services municipaux et les droits de mutation immobilière exigibles entre le 24 mars 2020 et le 30 juin 2020, sans intérêts. Ainsi, le taux de 0 % sera maintenu jusqu’au 30 juin 2020 et sera rétabli à 10 % par année, à compter du 1er juillet 2020.
Nous essayons de bien informer nos citoyens par le biais de notre site Internet, de notre page Facebook, de capsules vidéo, de nos panneaux électroniques, nos communications dans les médias locaux. Lorsque c’est possible, nous diffusons certaines informations pertinentes qui peuvent soutenir des organismes.
Il faut être créatifs dans nos approches, cette situation est tellement exceptionnelle et demande beaucoup d’adaptation pour tous nos services.
En quoi, pour vous, nos habitudes risquent de changer après la COVID-19?
Espérons que tous adopteront, pour de bon, de meilleurs réflexes au niveau des mesures d’hygiène et que nous développerons chacun notre sens civique et notre bienveillance envers nos voisins, notre communauté et notre environnement. Je vois de beaux mouvements d’entraide naître tout autour et ça me réconforte beaucoup. La vision du travail sera certainement différente, le télétravail possiblement plus répandu. C’est difficile de prévoir comment les gens seront touchés, nos vieilles habitudes reviendront-elles rapidement?
Jean-François Roberge
Nous voulions savoir dans quelles conditions vous exercez vos fonctions en ces temps de confinement?
Je suis le plus souvent en ligne, en visioconférence pour être en contact avec les employés du bureau à Chambly, nous communiquons aussi beaucoup par courriel.
Les sollicitations que vous recevez de la part des citoyens ont-elles changé radicalement du fait de cette crise sanitaire?
Depuis le début de la crise, les demandes des citoyens sont très différentes. On nous demande des précisions, des clarifications sur ce qui est ouvert de ce qui est fermé. Il y a beaucoup moins de contestation. Il y a plutôt une volonté de donner de l’information à partager. Je vois une très belle mobilisation de la part des citoyens. Le bureau en tant que tel n’est pas fermé, nous sommes toujours disponibles au téléphone, mais nos portes elles sont fermées au public.
On va sortir grandi comme société. Je sens vraiment un élan de solidarité présent au Québec. Nous sortirons plus forts et plus soudés de la pandémie. Je ne suis pas inquiet, ça va bien aller.
En quoi, pour vous, nos habitudes risquent de changer après la COVID-19?
Je pense que l’organisation du travail va changer durablement. Nous allons développer des habiletés à travailler à distance. Le télétravail risque de se démocratiser. Les particuliers, les patrons, les bureaux de ressources humaines vont constater qu’il est possible de travailler à distance et que cela cré plus de liberté. Je pense que les gens vont vouloir conserver ce mode de travail après la crise.
Sur le plan de l’éducation, je crois que beaucoup d’écoles vont grandir en traversant cette crise. On le voit déjà dans les logiciels qui sont proposés aux parents à la maison, dans l’aide aux familles confinées chez elle avec leurs enfants. Nous sommes en train de découvrir un paquet de ressources. Cette semaine, nous avons une nouvelle proposition que l’on développe avec Télé Québec qui a eu pour l’occasion une très belle ouverture d’esprit. Je me suis entretenu avec mon homologue français à l’éducation. En France, ils ont instauré un programme télévisuel d’éducation qui marche très bien. Nous voulons aussi procéder de la sorte dans les prochaines semaines. (Le ministère de l’Éducation propose depuis cette semaine un portail éducatif intitulé L’école ouverte à l’adresse suivante : www.ecoleouverte.ca/fr/resources/browse/11?sid=4)
Yves-François Blanchet
Dans quelles conditions vous exercez vos fonctions de député en ces temps de confinement?
Je suis tout juste rentré de Gatineau auprès de ma famille suite au rappel de la Chambre des Communes pour l’adoption des différentes mesures d’urgence. Autrement, je demeure en lien constant avec l’équipe du bureau de circonscription à Chambly, les employés du bureau d’Ottawa et l’ensemble des députés. Je parle aussi assez souvent aux gens du gouvernement et assez régulièrement au premier ministre.
Je veux être certain que l’ensemble des ressources de notre équipe soit à la disposition des Québécois et des gens du comté afin de rapatrier ceux et celles qui sont coincés à l’extérieur du pays, soutenir les nouveaux chômeurs, les entrepreneurs et toute personne affectée par la situation actuelle et ne pas pour autant négliger nos autres dossiers, comme l’inquiétude de reprise des travaux de la tour de Telus. Nous accompagnons les citoyens afin qu’ils obtiennent le soutien nécessaire.
Les sollicitations que vous recevez de la part des citoyens de votre circonscription ont-elles changé radicalement du fait de cette crise sanitaire?
Depuis le 15 mars, nous avons reçu un nombre important d’appels concernant le rapatriement des Québécois à l’extérieur du pays. Ce sont 68 citoyens que nous accompagnons depuis cette date et nous continuons à en recevoir tous les jours. Jusqu’à présent, 60 % de ceux-ci sont rentrés au pays et nous continuons à travailler avec Affaires mondiales Canada afin de rapatrier l’ensemble de nos citoyens.
Depuis la fermeture des entreprises, nous recevons aussi de plus en plus d’appels concernant l’assurance-emploi et les différentes mesures du gouvernement fédéral, dont l’aide spéciale de 2 000$ par mois pour 16 semaines. Cette aide avait besoin du projet de loi que nous avons fait resserrer avant d’en permettre l’adoption. Nous sommes aussi en contact avec nombre d’entreprises et d’organismes communautaires. J’interviens personnellement dans un maximum de dossiers afin d’assurer un suivi rapide et satisfaisant pour nos citoyens et nos organisations. La particularité de mon poste permet d’avoir des réponses et parfois des résultats plus rapides.
Dans quelle mesure pouvez-vous répondre à leurs demandes?
Pour ces demandes, nous réussissons à guider les citoyens au bon endroit et souvent, à faire débloquer des situations. L’information devient primordiale lorsqu’on a besoin d’aide. C’est pourquoi nous comptons également sur l’excellent travail de nos médias locaux. Leur travail est essentiel et déterminant pour la suite des choses. À ce sujet, nous comprenons que les médias locaux et régionaux auront rapidement besoin d’une aide particulière parce qu’avec l’arrêt de l’économie, les acheteurs de publicité se font plus rares.
En quoi, pour vous, nos habitudes risquent de changer après la COVID-19?
Je souhaite que nous prenions conscience de l’importance de nos communautés. J’espère que nos habitudes d’achat seront davantage orientées vers nos commerçants locaux, mais sans oublier que l’ouverture des marchés est aussi associée à de longues période de prospérité et de paix. Un équilibre est à trouver. Nous devrons nous serrer les coudes et aider ceux qui auront plus de difficultés à se remettre sur pieds. C’est pourquoi nous soutenons nos organismes communautaires qui font déjà un travail exceptionnel en ce temps de crise, mais qui seront essentiels pour la suite. La solidarité sera nécessaire. Il y aura eu un avant-crise, et un après-crise. Le monde sera différent, mais presque tous les pays agissent en convergence, et ça, c’est une bonne nouvelle pour tout le monde, chacun dans nos maisons. Courage!