« L’école ouverte » à encadrer

Le gouvernement du Québec, avec le ministère de l’Éducation, a mis la semaine dernière en ligne son site, ecoleouverte.ca. Elle propose une solution éducative à tous les élèves privés d’école depuis des semaines.

« Les activités ne sont pas obligatoires, elles sont facultatives » prévient dans une vidéo introductive le député de Chambly et ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge sur le nouveau site de son ministère.
L’école ouverte (https://ecoleouverte.ca/fr/) est un site éducatif très riche. D’innombrables références de sites sont proposés à tous les élèves.

Un très grand choix est suggéré aux élèves, allant du travail conventionnel comme des exercices de mathématiques ou de français, jusqu’à des séances de méditation ou à l’écoute de livres audio destinés aux élèves du préscolaire, de la maternelle, du secondaire et même pour la formation générale des adultes.

Jean-François Roberge a souhaité mettre en place ce site pour faciliter la vie des parents et proposer à leurs enfants un « site sécuritaire où ils peuvent aller sans danger. »

Au lancement de la plateforme, 25 millions de clics de partout dans le monde ont répondu à la proposition québécoise. De nouveaux contenus seront ajoutés chaque semaine, a indiqué le cabinet du ministre de l’Éducation.

Répertorié en fonction des niveaux, il est possible de trouver des centaines de ressources pour apprendre, créer, se divertir et bouger. Le ministre a invité aussi les professeurs et le personnel enseignant de l’ensemble des écoles de ne pas perdre contact avec leurs élèves, sans plus de directives.

Même si elle n’est pas obligatoire, la plateforme est cependant fortement recommandée.
Il est possible qu’une famille n’ait pas de matériel informatique à mettre à disposition de son enfant pour qu’il puisse se connecter. Face à cette éventualité, Québec a indiqué qu’un suivi serait effectué par téléphone ou par la poste « pour qu’aucun élève ne soit laissé derrière. »

Pour les étudiants des cégeps, des cours en ligne sont disponibles sur la plateforme Omnivox.

« Il faut des directives claires pour tout le monde. Les professionnels sont prêts à la maison pour intervenir. » – Paul-André Gallant

Une réponse dans l’urgence
Pour Paul-André Gallant, orthophoniste et président de l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec, le site proposé par le ministère de l’Éducation est un point de départ. « Une situation exceptionnelle exige une mesure exceptionnelle. C’est une très bonne intention de partager du matériel aux élèves pour maintenir des acquis. »

Mais l’une des peurs de M. Gallant est que les parents ne sont pas des enseignants et qu’ils n’ont pas tous les mêmes capacités, ni la même disponibilité, pour accompagner leurs enfants dans cette nouvelle réalité. « Qu’est-ce que cela va donner à la fin? Il va y avoir des écarts énormes entre les élèves. Il faut réfléchir maintenant à la rentrée. Qu’elle se passe au mois de mai ou en septembre, la problématique reste la même. Il faut déjà penser à l’après. »

Le ministère consulte beaucoup les professionnels de l’éducation pour mettre en place des solutions efficaces reconnaît M. Gallant. « Il a proposé un contenu ludique sur cette plateforme, moins relié à de nouveaux apprentissages. Nous étions plusieurs à le proposer. Mais notre principale inquiétude, c’est qu’il n’y a pas grand-chose pour les enfants à besoin particulier. Ils ont besoin d’être suivis par des professionnels. Il faut des directives plus précises et coordonnées. »

Le président de l’Ordre s’inquiète aussi du manque de cohésion qu’il remarque au sein des organismes scolaires. « Tout le monde veut bien faire, et des Centres de service proposent leurs propres solutions, d’autres non, parfois ce sont les écoles qui font leurs propres démarches. Il manque de cohésion, de coordination et de logique. Il faut des directives claires pour tout le monde. Les professionnels sont prêts à la maison pour intervenir. On travail beaucoup avec le ministère qui est très ouvert on ne peut pas lui reprocher. Je pense qu’il essaie vraiment de réajuster le tir. »

L’inconnu
Pour M. Gallant, trois semaines sans école ce n’est pas catastrophique, et il s’appuie, pour le dire, sur des études qui ont été faites sur le sujet après la crise du verglas. En effet en 1998, les écoles avaient fermé trois semaines. « Aujourd’hui, les trois semaines sont passées. Nous sommes maintenant dans l’inconnu sur les effets qu’entraînera cette interruption des classes sur les élèves. Surtout que cette crise génère beaucoup plus d’anxiété que le verglas. Dans certains ménages il y a des parents qui ont perdu leur emploi. Différents stress s’additionnent. Même pour les tout-petits, six mois sans service pour un enfant de deux ans, si l’on reste dans cette situation, c’est énorme. Comment va-t-on rattraper ça? »

Pour M. Gallant il est important que le ministère de l’Éducation, comme le ministère de la Santé actuellement, donne des directives claires aux professionnels de l’éducation sur ce qu’ils doivent faire afin que la réponse à cette crise soit la même pour tous les enfants.