Yves-François Blanchet ne fait pas d’excuses au ministre des Transports Omar Alghabra

Dans un point de presse tenu aujourd’hui à la colline parlementaire à Ottawa, Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois et député de Chambly, a répondu pour la première fois aux questions des journalistes concernant les propos controversés qu’il avait émis à l’encontre d’Omar Alghabra, il y a deux semaines, alors que ce dernier venait d’être nommé ministre des Transports dans le gouvernement de Justin Trudeau.

Le 14 janvier, le ministre Omar Alghabra dénonçait une «campagne de salissage dangereuse» de la part de M. Blanchet à son encontre. Le chef du Bloc québécois et député de Chambly avait affirmé dans un communiqué qu’il «refuse d’accuser qui que ce soit, mais des questions se posent sur la proximité du nouveau ministre des Transports, Omar Alghabra, avec le mouvement islamique politique dont il a été un dirigeant pendant plusieurs années», en parlant du poste de président de la Fédération canado-arabe (FCA) qu’occupait le ministre entre 2004 et 2005, un poste déjà occupé par un chrétien.

La ministre du Revenu National et députée libéral des Îles-de-la-Madeleine, Diane Lebouthillier, s’est révoltée de l’attitude de M. Blanchet auprès du Journal de Chambly. «Quand j’ai entendu les propos de M. Blanchet j’étais sidérée. J’ai trouvé ça honteux et odieux de discréditer un collègue parlementaire de cette manière. Ce genre d’allégations, on a vu ce que cela a fait à la politique américaine. Je suis convaincue que ce que M. Blanchet a fait, M. Duceppe ne l’aurait jamais fait. L’ancien chef du Bloc québécois a déjà assisté à des réunions de la FAC. Mon collègue (M. Alghabra) a invité M. Blanchet à le rencontrer. Il agit avec beaucoup de sagesse et en personne très responsable. J’espère que M. Blanchet va faire l’effort de le rencontrer. J’encourage M. Blanchet à apprendre à connaître M. Algabra et à s’excuser. Ce sont des propos qui n’ont aucune raison d’être. Que M. Blanchet suive l’exemple de ses prédécesseurs. M. Duceppe était trop gentleman pour agir de cette façon.»

Pas d’excuses

Aujourd’hui, aux questions des journalistes, M. Blanchet n’a pas fait d’excuses à M. Alghabra et a indiqué qu’on lui faisait «un procès d’intentions» précisant qu’il était de son devoir de poser des questions et au premier ministre d’y répondre.

Les insinuations du député, laissant croire à des penchants islamistes de M. Alghabra, ont largement été décriées par les autres partis politiques à Ottawa dès qu’ils ont été tenus. Ils ont semé l’indignation dans les rangs du Parti libéral à Ottawa, du chef du NPD Jagmeet Singh et d’Erin O’Toole, chef du Parti conservateur. Le Conseil national des musulmans canadiens et le groupe Les Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient ont également condamné les propos de M. Blanchet. Même l’ancien chef  du Bloc québécois, Gilles Duceppe, dans un entretien qu’il a accordé au quotidien Le Devoir le 19 janvier, n’a pas adhéré à la déclaration de M. Blanchet.

M. Blanchet a estimé dans un communiqué, envoyé par courriel au journal, qu’il avait « soulevé des questions légitimes en démocratie quant à des positions passées du nouveau ministre des Transports, monsieur Omar Alghabra, relativement à l’application de la loi islamique (charia) en matière de droit familial, avec ce que cela implique pour les droits des femmes, ainsi que sur son opposition à l’inscription du Hamas sur la liste des groupes terroristes alors qu’il dirigeait la Fédération canado-arabe. Non seulement le Parti libéral refuse-t-il que le ministre réponde aux questions, mais il tente de censurer le simple fait de les poser. Les Libéraux de Justin Trudeau craignent-ils de s’en remettre au jugement des Québécois et des Canadiens? »

M. Blanchet a joint à son communiqué pour alimenter ses propos trois articles de presse. Il y avait deux articles de chroniqueurs du Journal de Montréal, ne s’appuyant pas sur des preuves,  et un article du Globe and Mail concluant qu’il n’y a aucune preuve à l’encontre de M. Alghabra. À la question d’une journaliste aujourd’hui, à savoir si M. Blanchet avait des preuves de ses allégations, il a mis de l’avant de nouveau ces trois publications.