Vaccin contre le VRS : Un nouveau besoin
L’arrivée du virus respiratoire syncytial pousse les personnes âgées à se protéger grâce à un vaccin. Pour se le faire administrer, il faut débourser 300 $. Une dépense justifiée?
Arexvy pourrait bien être le tube de cet hiver dans les différents services de santé. Ce nouveau vaccin, approuvé en août par Santé Canada pour les 60 ans et plus, permet de lutter contre le virus respiratoire syncytial (VRS).
« Le gouvernement a fait les comptes et a jugé que ce n’était plus rentable par rapport au risque. » – Kim Lavoie
Les données de la Direction de la santé publique de la Montérégie indiquent que 344 doses du vaccin contre le virus respiratoire syncytial ont été administrées sur le territoire de la Montérégie-Centre du 4 octobre 2023 au 10 janvier 2024. Du côté du Jean Coutu du boulevard Fréchette à Chambly, le constat de Julie Simard, membre de la pharmacie, est clair. « Nous avons beaucoup plus de demandes récemment. Notre infirmière vient trois fois par semaine et vaccine à ce sujet au moins une fois par jour. »
L’évolution se confirme à l’hôpital du Haut-Richelieu. Même si les données concernant le VRS ne peuvent être exactes à 100 %, puisque des patients contaminés viennent pour d’autres soins, des tendances se dégagent, selon la direction de l’établissement. « Le pourcentage de départ de l’urgence des hôpitaux de la Montérégie avec un diagnostic de grippe (influenza) était de 1,5 % au 10 janvier comparativement à 1,2 % la semaine précédente. Le pourcentage d’admission avec un diagnostic d’influenza ou de pneumonie dans les hôpitaux de la Montérégie était de 7,3 % au 10 janvier, comparativement à 4,6 % la semaine précédente. » Néanmoins, la Direction de la santé publique de la Montérégie a observé une baisse du nombre de tests positifs liés au VRS depuis mi-novembre, passant de 13 cas durant la semaine du 15 novembre à 6 lors de la troisième semaine de janvier.
Une rentabilité
Dès lors, le coût de 300 $ par administration est-il justifié? Le gouvernement devrait-il mettre la main à la poche pour soutenir la population de 60 ans dans la prévention de la maladie? Le VRS peut être virulent, sachant que les personnes âgées n’ont pas forcément les finances pour se soigner. « La raison pour laquelle de nombreux vaccins très efficaces ne sont pas couverts est généralement basée sur le NNT – nombre nécessaire à traiter pour prévenir un résultat grave comme l’hospitalisation, un autre traitement coûteux ou la mort, bien sûr, affirme Kim Lavoie, professeure du Département de psychologie de l’UQAM. Si le NNT est trop élevé pour un coût de 300 $ par personne, par rapport aux économies potentielles liées à la prévention de la maladie ou de la maladie grave, le gouvernement ne voudra peut-être pas payer pour cela. »
Le VRS n’est pas la seule « maladie » concernée. « C’est l’une des raisons pour lesquelles notre gouvernement ne prend plus en charge les examens annuels des enfants chez le pédiatre ou les » pap tests » annuels des femmes pour la détection précoce du cancer du col de l’utérus, assure Kim Lavoie. Le gouvernement a fait les comptes et a jugé que ce n’était plus rentable par rapport au risque. Ils peuvent également prendre en compte les » coûts » potentiels des faux positifs et les effets secondaires potentiels des vaccins. »
Le VRS provoque des infections aux poumons et aux voies respiratoires. Il peut être aussi virulent chez les nourrissons. Selon Santé Canada, les bébés à haut risque peuvent être vaccinés à partir de 48 à 72 heures après leur sortie de l’hôpital. Le ministère de la Santé et des Services Sociaux (MSSS) assure que la situation pourrait évoluer. « Nous sommes actuellement en attente de l’avis du Comité sur l’immunisation du Québec de l’INSPQ avant de prendre la décision d’intégrer le vaccin contre le VRS dans son Programme québécois d’immunisation et ainsi le distribuer gratuitement aux clientèles pour lesquelles il serait nécessaire. »