Une patinoire cher payée à Carignan ?

Lors de la séance du conseil municipal de Carignan du 3 mars dernier, des inquiétudes ont été soulevées quant aux dépenses qu’entraînera l’aménagement d’une patinoire réfrigérée au centre multifonctionnel du secteur Carignan-Salières.

La résolution pour l’octroi d’un contrat de 8 043 206.43 $ à l’entreprise Bricon pour la construction de la patinoire réfrigérée dépasse de près de 5 millions le montant prévu au règlement d’emprunt (514E) adopté par la Ville en 2019. Ces dépassements de coûts seraient trop élevés selon des citoyens et la conseillère du secteur, Mme Stéphanie Lefebvre, qui estiment que d’autres projets devraient être traités en priorité, tel l’aménagement du terrain de l’école primaire.

Des citoyens mitigés

Lors de la séance, le maire, M. Patrick Marquès, a affirmé que la population de Carignan se montrait enthousiaste à l’idée de mener ce projet à terme. Mme Lefebvre a plutôt fait valoir que cet enthousiasme, « on ne le sent pas tout à fait dans (son) secteur », où les citoyens seraient plutôt « inquiets ».

« Certains citoyens qui se disaient en faveur du projet (…) ont vite déchanté avec les nouveaux coûts » – Stéphanie Lefebvre

« Selon moi, c’est trop cher pour une patinoire qui ne peut pas être utilisée à l’année longue », indique une citoyenne. « Nos taxes ne cessent de monter à cause des nombreux règlements d’emprunt », et « Carignan a environ 10 000 habitants, ce qui signifie moins de 5000 payeurs de taxes municipales… beau compte à recevoir dans le futur! D’autant plus que les frais de fonctionnement seront aussi élevés. Une petite ville ne peut avoir tous les services d’une plus grosse », ajoutent deux autres Carignanois.

« Depuis le début de votre mandat, les règlements d’emprunt se succèdent à un rythme accéléré pour des projets de parcs et de loisirs, que l’on pense au parc des Îles, à l’aménagement du terrain de la future école primaire et à l’achat de la chapelle », a observé Mme Lefebvre lors de la séance.

Le maire a répondu qu’« on savait déjà quels étaient les besoins sur le territoire (…) et la population a déjà été sondée, donc on n’est pas partis de rien ». Selon Mme Lefebvre, « le sondage auquel le maire a fait référence ne mentionnait pas de patinoire et remonte à l’administration du maire Fournier. À ce moment-là, il était plutôt question d’un désir de se doter d’une piscine pour les citoyens », nous a-t-elle indiqué.

Le maire a soutenu que le projet de patinoire a été initié en 2018 et qu’il n’est pas question de revenir en arrière. Cela n’enlèverait rien au fait que le projet d’aménagement du terrain de l’école soit toujours d’actualité, mais « vu à long terme ».

L’exemple de Candiac

Si la patinoire réfrigérée est accueillie tout aussi froidement par la conseillère, c’est aussi parce qu’elle compare le projet à celui de Candiac, similaire, mais moins coûteux et réalisé plus rapidement. « Candiac compte sur un plan de développement et un Plan directeur des parcs et espaces verts pour guider sa démarche. À Carignan, nous n’avons pas encore un tel Plan directeur, mais il s’en vient. On a donné la résolution, il y a eu des consultations publiques jusqu’au 11 janvier. J’en ai demandé les conclusions préliminaires à la Ville, qui ne m’a pas répondu », nous confie Mme Lefebvre. « À peu près au même moment (janvier 2018) que Carignan, Candiac a demandé la même subvention pour implanter une patinoire réfrigérée. Mais pour elle, les travaux commençaient le 3 juin 2019 et la patinoire ouvrait officiellement le 23 décembre 2019. » Selon la conseillère, c’est aussi parce que Carignan a tardé à octroyer le contrat de construction que ses citoyens devront payer plus cher qu’à Candiac pour un résultat homologue.

« Bien que contrairement au projet de Candiac, les dépenses pour l’aménagement du centre multifonctionnel incluent également l’installation d’un pump track, qui se veut une sorte de piste de BMX moderne, il faut savoir qu’il n’en coûte que 100 000 $ environ. Ce n’est donc pas ce qui pèse démesurément dans la balance, mais bien la patinoire réfrigérée qui est trop coûteuse. Certains citoyens qui se disaient en faveur du projet, à l’époque où l’on parlait de dépenses de 4 millions, ont vite déchanté avec les nouveaux coûts. »

Des options de rechange

Selon elle et les citoyens de son secteur partageant le même avis, il faudrait donner la priorité à d’autres projets présentés par l’administration en 2020. D’abord, l’aménagement du terrain de la nouvelle école primaire, dont les coûts, évalués par la Ville à 7 millions $, pourraient être subventionnés aux deux tiers par le Programme québécois d’aide financière dédié aux infrastructures récréatives et sportives (PAFIRS), et offrir moult bénéfices : « une butte à glisser, des terrains de tennis, des modules de jeux pour tous les groupes d’âge, un bâtiment de service avec salle polyvalente et deux terrains de soccer ». Ou encore l’aménagement du parc des Îles, y intégrant « un bâtiment municipal, une placette permettant de tenir des cours extérieurs, des spectacles musicaux en plein air, etc. »