Une langue difficilement assimilable pour les conservateurs

Véronique Laprise, candidate conservatrice dans le comté de Beloeil-Chambly lors des dernières élections fédérales, souligne l’importance de la maîtrise du français pour son chef de parti et salue l’ouverture sociale de Peter MacKay, qu’elle considère plus grande que celle de son prédécesseur Andrew Scheer.

La course à la chefferie est officiellement lancée dans le camp du Parti conservateur. La démission d’Andrew Scheer, en décembre, laisse le champ libre à d’éventuels candidats qui tenteront de prendre le siège vacant. Parmi ceux-ci, Peter MacKay a lancé sa campagne à l’aide d’un discours dans lequel ses capacités à maîtriser la langue de Molière ont été remises en question.

Un débat qui avait fait mal

Véronique Laprise se souvient du débat du 10 octobre 2019.

« Avec le recul, on a senti qu’ici, la campagne a commencé à moins bien aller au lendemain du débat francophone. Un candidat qui veut devenir chef doit démontrer sa capacité à débattre en français. Débattre, ce n’est pas seulement avoir un texte appris par cœur, c’est être capable de rebondir sur les commentaires des autres participants. Ça demande également une capacité à improviser. Doit-il être parfaitement bilingue? Je ne pense pas. Les francophones font aussi des erreurs en français; je ne m’attendrai pas à ce qu’un anglophone ait un meilleur français que le mien », nuance-t-elle.

Trois choix de chef

Initialement, Mme Laprise, qui a joint l’équipe de Pierre Poilievre avant Noël, avait dans sa mire trois candidats potentiels qu’elle pressentait à titre de chef du Parti conservateur.

« Pierre Poilievre, Peter MacKay et Gérard Deltell étaient mes choix. En ce qui a trait au français, Poilievre et Deltell sont beaucoup plus avancés que M. MacKay. Deltell et Poilievre se sont toutefois désistés. Pour l’instant, je n’ai pas joint une autre équipe. Pour que je me rallie derrière Peter MacKay, si je pense aux citoyens de ma circonscription, s’il ne maîtrise pas le français, il faudra qu’il offre des choses aux Québécois francophones qui leur permettraient de lui faire confiance », explique celle qui a reçu ses diplômes du Collège militaire des mains de Peter MacKay alors qu’il était ministre de la Défense.

« Un candidat qui veut devenir chef doit démontrer sa capacité à débattre en français. » – Véronique Laprise

Un français remis en question

La fameuse phrase, lancée maladroitement par Peter MacKay, « J’ai sera candidate à la chefferie du Parti conservateur » a rapidement fait le tour du Québec et certains médias en ont fait leurs choux gras, reprochant également à Peter MacKay d’être rivé aux télésouffleurs lorsque les segments francophones se présentaient.

« Les médias ont parlé des télésouffleurs, mais tout le monde les utilise lors des discours publics. J’ai parlé à Peter MacKay en personne et j’étais surprise. Il est beaucoup plus fluide en français que M. Scheer et ça fait cinq ans qu’il travaille à Toronto au quotidien. Dans les circonstances, il a conservé un bon français alors qu’il était en immersion anglophone totale. On ne peut pas que regarder la langue, mais demain (31 janvier) il sera à Montréal. J’ai l’intention de lui demander “ Si les défaillances francophones sont quelque chose que les médias récupèrent, que pouvez-vous offrir d’autre pour pallier ce manque afin que moi, comme présidente de l’association, j’aie envie d’aller vers vous comme chef? “ », dit celle qui spécifie ne pas vouloir revivre ce qu’elle a vécu sur le terrain lors des dernières élections.

Un chef plus progressiste

Identifié comme étant le parti le plus à droite sur l’échiquier politique du Québec, le Parti conservateur et ses positions sur certaines idées n’ont pas su charmer les électeurs de la province en octobre dernier.

« Quand je faisais mon porte-à-porte, les gens me disaient qu’ils aimaient les idées du parti, mais ils avaient des réticences avec M. Scheer par rapport aux questions sociales qui ne passaient pas dans Beloeil-Chambly. Côté social, MacKay est beaucoup plus progressiste. Dans ses positions, qu’il a affichées publiquement, il a été très clair. Il rejoindra davantage les citoyens que je représente », avance positivement Véronique Laprise.

À ne pas inviter à la même fête
S’étant battue contre Yves-François Blanchet, maintenant député du comté et chef du Bloc, Mme Laprise compare les acteurs des élections d’automne.

« Ayant côtoyé M. Scheer et M. Blanchet sur une base individuelle, Andrew est une personne facile à aimer; il est aimable. Mais ça ne s’est pas reflété dans son image médiatique. Inversement, M. Blanchet a été très apprécié dans les médias. Pourtant, quand je l’ai rencontré, il était le seul candidat qui n’avait pas envie de collaborer ou de nous connaître. Il est plus distant, plus froid, mais il a su exceller dans les médias. C’est une question d’image publique. En démissionnant, M. Scheer comprenait que cette notion d’image est très difficile à retourner de bord. »

Véronique Laprise
Le 25 janvier, à la suite de l’assemblée générale annuelle, Mme Laprise est devenue présidente de l’Association du Parti conservateur dans Beloeil-Chambly.

« J’ai enfin une équipe exécutive digne de mention. Je suis contente, car quand j’ai commencé la campagne en automne, l’association était plutôt inactive depuis plusieurs années. C’est un des problèmes que j’ai constatés pendant la campagne. Tu ne peux faire beaucoup de terrain pendant une campagne, mais ça prend une équipe en permanence », termine celle qui appliquera à nouveau pour être candidate lors des prochaines élections.