Une espèce en péril à Chambly
En 2014, la Ville de Chambly a été informée, par le Centre de la Nature du mont Saint-Hilaire, que la cheminée à l’arrière du Centre administratif et communautaire, situé au 56, rue Martel, était le refuge d’un oiseau en péril au Canada, le martinet ramoneur.
Pour avoir pris en considération l’avis du Centre et en s’engageant de ne pas modifier le site afin de protéger le refuge le Centre de la Nature a remis une plaque à la Ville de Chambly, le 14 mars, afin de souligner son implication auprès de cet oiseau et d’identifier cette cheminée, le seul dortoir officiellement répertorié pour cette espèce dans la région.
« Selon les recommandations des experts, il était important de ne pas ramoner la cheminée entre les mois d’avril et août, de laisser l’entrée de la cheminée intacte et d’informer le Centre de la Nature si des travaux devaient être effectués, afin de minimiser l’impact sur l’habitat de l’oiseau », a indiqué la Ville dans un communiqué.
Espèce en péril
La Loi sur les espèces en péril protège les martinets ramoneurs en interdisant de les tuer, de leur nuire, de les harceler, de les capturer ou de les prendre. Elle interdit également de posséder, collectionner, acheter, vendre ou échanger un individu ou une partie d’un individu, ou encore d’endommager ou de détruire sa résidence. Le martinet ramoneur est également protégé par la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs et le Règlement sur les oiseaux migrateurs du gouvernement du Canada, qui interdit de harceler ou de tuer des oiseaux migrateurs, adultes ou jeunes, ainsi que de détruire ou déranger leurs nids ou leurs œufs.
À Chambly, le Centre de la Nature du mont Saint-Hilaire a décidé de les observer et de les faire observer avec l’aide de la Ville. Depuis 1972, le Centre de la Nature cherche à inspirer et à encourager les gens et les organisations à s’investir avec lui dans la conservation des milieux naturels du mont Saint-Hilaire et de la Réserve de biosphère (UNESCO).
Fin mai début juin
« Au mois de mai, début juin la cheminée du bâtiment municipal accueille plus de 150 martinets ramoneurs venus migrer dans la municipalité. Les oiseaux ont choisi ce site parce qu’il répondait déjà à leurs besoins. Cette cheminée leur sert de dortoir. Cet oiseau ne peut s’accrocher qu’aux surfaces verticales et comme l’intérieur de la cheminée est rugueux c’est idéal pour lui », fait savoir Geneviève Poirier-Ghys responsable de la conservation et de la communication de l’organisme.
Pour permettre au grand public d’observer cette espèce menacée, le Centre de la Nature organise, tous les printemps depuis 2014, avec la collaboration de la Ville, des soirées d’observation dédiées aux martinets ramoneurs, qui sont devenues un rendez-vous annuel pour les ornithologues de la région. « Nous organiserons les 23, 27, 31 mai et le 4 juin, entre 19 h 30 et 21 h, au coucher du soleil un décompte où tout le monde pourra voir cet oiseau », invite Mme Poirier-Ghys.
Dans les cheminées de la région
Après la mi-juin, les couples se forment et vont nicher dans les cheminées de la ville. « Il n’y aura qu’un seul couple avec leur portée par cheminée et comme l’été les cheminées ne fonctionnent pas, ils ne risquent pas grand-chose », indique l’experte. La nidification dure de la mi-mai à la mi-août et son départ vers l’Amérique du Sud s’amorce entre le début d’août et le début d’octobre.
Cependant, les nouvelles installations qui permettent de fermer les cheminées ou les gaines métalliques qui y sont insérées, tout comme l’utilisation d’insecticides en plus grand nombre favorisent l’extinction de cette espèce qui nichait avant la colonisation de l’Amérique du Nord, dans le tronc des arbres creux. La cheminée sert désormais de refuge et cette dernière n’est pas endommagée par ses occupants.
« C’est un grand consommateur d’insectes. Il en ingère 1 000 par jour. Le martinet ramoneur est un très bon insecticide naturel. Avec de moins en moins d’habitat et de nourriture en 40 ans, c’est 95 % de l’espèce qui a disparu. On en compte environ 15 000 au Canada », regrette Mme Poirier-Ghys.
Si vous observez des martinets dans votre cheminée, avisez le Regroupement QuébecOiseaux qui gère la base de données SOS-POP (Suivi de l’occupation des stations de nidification des populations d’oiseaux en péril du Québec); cela permettra d’accroître les connaissances sur l’espèce et de mieux planifier son rétablissement.