Une escapade à Chambly
Dès le 31 juillet, le Réseau express métropolitain (REM), qui lie la Rive-Sud à Montréal, sera en marche pour les usagers. Cette nouvelle offre de transport en commun attirera-t-elle davantage de touristes dans la région?
Le REM offrira un réseau de transport en commun qui facilitera les déplacements de Montréal vers la Rive-Sud et vice-versa. « Il y a une demande pour la mobilité durable et pour un tourisme qui ne se fait pas qu’en voiture », affirme Frédéric Pichette, gestionnaire média et marché d’agrément chez Tourisme Montérégie.
Des routes réfléchies
Mario Leblanc, directeur général de Tourisme Montérégie, envisage de façon très positive l’arrivée du REM pour le tourisme dans la région. « Quand on facilite la mobilité entre la grande ville et notre territoire, ça offre un meilleur accès à nos attraits touristiques. »
Pour Frédéric Pichette, l’effet se fera sentir graduellement. Il souligne que les retards dans l’échéancier de la construction du REM ont freiné le sentiment d’urgence chez l’industrie touristique. « Une fois que le réseau sera complété, je crois que ça va mieux se structurer. »
Le réseau des autobus de Chambly a été entièrement revu avec l’arrivée du REM. Eric Edström, responsable aux relations médias chez exo, estime que ces améliorations seront bénéfiques pour les citoyens, mais aussi pour les visiteurs. « En offrant notamment plus de services le weekend, la clientèle aura plus de flexibilité pour se déplacer vers et à partir de Chambly ». La Ville de Chambly en est convaincue.
Tourisme d’agrément
Mario Leblanc estime que ce nouveau réseau permettra de faciliter l’accès sur la Rive-Sud pour la clientèle touristique en provenance de l’étranger.
Il affirme que le REM représente également de belles opportunités pour le tourisme régional. Bien que Frédéric Pichette soutienne qu’il est difficile d’en prévoir les effets bénéfiques sur le tourisme à Chambly, il prétend que le REM et les nouveaux trajets d’autobus faciliteront l’accès à la région pour les Montréalais qui ne possèdent pas de voiture. Il évoque notamment le festival Bières et Saveurs, qui a lieu en septembre en Chambly. Il estime que plusieurs Montréalais sans voiture viendront à cet évènement à l’aide du REM.
M. Leblanc souligne que le REM pourrait inciter certaines personnes à passer une nuit en Montérégie. Toutefois, Frédéric Pichette souligne qu’à Chambly, il n’y a aucun hébergement touristique. Il ajoute que c’est un élément qui ralentit l’augmentation de l’attractivité de la ville, qui possède « déjà un gros pôle touristique ».
M. Leblanc soutient que le REM représentera « une expérience en soi ». Il croit que le métro léger automatisé attisera la curiosité de plusieurs. Danielle Pilette, professeure associée de gestion municipale au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale à École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal, est du même avis. Elle souligne que plusieurs familles pourraient être intéressées à faire l’expérience du REM avec leurs enfants et en profiter pour effectuer une activité sur la Rive-Sud. La professeure note qu’autrement, il est plus difficile de convaincre les familles de prendre le transport en commun lors d’activités de tourisme d’agrément. La voiture apporte une facilité aux parents, particulièrement pour les familles avec de jeunes enfants,
Tout inclus
Danielle Pilette n’est pas aussi optimiste quant aux retombées du REM sur le tourisme d’agrément. Elle croit que les effets bénéfiques sur le tourisme à Chambly seront plutôt marginaux. Elle estime que la nécessité de prendre une correspondance après le trajet en REM dissuadera plusieurs visiteurs. La professeure affirme que les villes qui ont un accès direct au REM et qui n’ont pas besoin de correspondance connaîtront davantage de répercussions positives. Elle croit donc que les retombées touristiques seront particulièrement concentrées à Brossard. Avec le centre d’entraînement du Canadien, ses salles de spectacles, ses hôtels et le Dix30, elle souligne que Brossard possède déjà plusieurs attraits touristiques.
Pour que le REM devienne un atout pour la Ville de Chambly, la professeure croit qu’il est nécessaire de miser sur des circuits et des forfaits.
« Il faut faciliter la vie et l’organisation des touristes urbains en provenance de la région montréalaise. » Elle ajoute que ceux-ci sont déjà sollicités par plusieurs offres culturelles et que l’inflation limite souvent leurs moyens financiers. Elle donne l’exemple d’un forfait qui inclurait un billet pour un spectacle culturel ou sportif, le prix du billet du transport avec le REM ainsi qu’un repas dans un restaurant local.
Danielle Pilette affirme que pour les municipalités qui nécessitent une correspondance à partir du REM, « il faudra travailler plus fort ».
La professeure mentionne également l’option de proposer des navettes directement à partir du REM. M. Leblanc affirme que Tourisme Montérégie, qui est déjà en partenariat avec plusieurs navettes, « regarderait positivement » l’idée de nouvelles collaborations.