« Une bulle au cerveau »

Cynthia Marier, éducatrice à la petite enfance à sa garderie en milieu familial Les petits oisillons à Chambly, s’exprime sur le drame impliquant l’emboutissage d’un autobus dans une garderie, tuant deux enfants.

C’est après avoir fait déjeuner « les cocos » que l’éducatrice a appris qu’un conducteur d’autobus avait foncé dans une garderie, à Laval. Simultanément, la nouvelle encore peu détaillée circulait sur les réseaux sociaux. « Ça laissait déjà sous-entendre qu’il (le chauffeur) avait fait exprès mais, dans ta tête, tu te dis » qui peut faire ça? », questionne Cynthia Marier.

Tout en allant jouer dehors avec les enfants, elle a suivi, comme beaucoup l’ont fait au Québec, la progression du drame. Pierre Ny St-Amand, employé par la société de transport depuis une dizaine d’années, aurait volontairement heurté la garderie. La collision a blessé six enfants et enlevé la vie à deux autres. « On ne comprend pas encore. C’est invraisemblable. Quelle motivation peut mener à ça? », se demande la propriétaire de la garderie. 

« Quand tu vas mener tes enfants à la garderie le matin, tu ne te dis pas que tu ne les reverras plus le soir. » – Cynthia Marier

Retour des parents

Les parents ont enlacé avec plus d’ardeur leur progéniture à l’heure de les récupérer après le travail. « Tout le monde est à l’envers. Quand tu vas mener tes enfants à la garderie le matin, tu ne te dis pas que tu ne les reverras plus le soir », convient Mme Marier. Une sorte de prise de conscience collective s’est fait sentir. « Les parents qui m’en ont parlé, je les sentais plus émotifs avec leur enfant. C’est normal », ajoute la Chamblyenne. 

Entre éducatrices

Dans les groupes d’éducatrices en garderie sur les réseaux sociaux, les échanges ont été nombreux. Avec ses homologues, Cynthia Marier a suivi l’évolution de la tragédie en temps réel. « Certaines habitaient proche et nous donnaient le pouls de ce qui se passait », raconte-t-elle. 

N’étant pas en installation, l’éducatrice chamblyenne n’entrevoit pas de différence à son milieu de travail. « Mais pour elles, ça va être un méga traumatisme. Dans les milieux en général, je ne pense pas que les filles auront plus peur. Ça semble être un cas vraiment isolé : une bulle au cerveau », termine Mme Marier.

Accusations 

Le chauffeur de 51 ans a été arrêté sur place. Neuf chefs d’accusation ont été déposés contre lui : deux de meurtre au premier degré, un de tentative de meurtre, deux de voies de fait graves et quatre de voies de fait.