Une aventure humaine

Stéphane Guertin a voyagé en voiture avec un ami, de son domicile de Saint-Mathias jusqu’au Panama. Il a fait de son incroyable aventure un récit authentique qu’il relate, le 1er avril, au Pôle culturel de Chambly. 

À 22 ans en 2002, Stéphane Guertin a choisi de prendre le volant de manière audacieuse. Il a proposé à son ami de le rejoindre dans un projet qui semblait farfelu. « J’avais acheté une vieille Golf pour qu’elle ne dure que quelques semaines durant mes études. Quatre ans plus tard, la voiture était toujours en état de rouler, alors je me suis mis en tête d’aller en voiture jusqu’à la Terre de Feu, au sud de l’Argentine. Et si jamais la voiture brisait, on rentrerait en avion. »

Voici donc les deux complices sur la route avec la ferme intention de partir vers l’inconnu. « Un kilomètre après le départ, la voiture a lâché, sourit Stéphane Guertin. Mais on s’était trop bien préparés pour abandonner aussi rapidement. On a d’ailleurs effectué plusieurs réparations pour aller le plus loin possible. Nous avions la volonté de découvrir quelque chose de différent. On avait déjà fait plusieurs voyages à vélo ensemble. Dailleurs, j’avais moi-même déjà fait un tour d’Europe en autostop. Je ne savais jamais où dormir. Il n’y avait pas de cell ni Google Maps à l’époque. »

Le titre, Vie et mort d’un char boiteux, laisse à penser que l’intrigue tourne autour de la voiture. Si rien n’aurait été possible sans elle, le road trip à travers l’Amérique centrale laisse des souvenirs gravés dans la mémoire des jeunes hommes. « On se faisait souvent arrêter par la police au Nicaragua. Les fonctionnaires voulaient nous relâcher moyennant finance, mais nous ne payions jamais. On avait tout notre temps et comme aucune charge n’était retenue contre nous, on finissait par sortir. Ensuite, on s’est retrouvés pris par des trafiquants qui nous ont menacés avec des mitraillettes. Mais ils voyaient que nos intentions n’étaient pas belliqueuses et nous avons pu en repartir après des épisodes de stress intense! On avait peur de certaines choses, mais on était prêts à tout. »

Sans carte, ni véritable plan, les deux Québécois sont sortis des sentiers battus. « On se guidait par moments grâce au soleil. Le point positif est que nous étions complètement immergés en Amérique centrale, souligne Stéphane Guertin. Notre espagnol s’est d’ailleurs pas mal amélioré. D’un autre côté, on a raté des choses extraordinaires, comme la reproduction des monarques au Mexique. On est passés sur la route juste à côté! »

Après quelques milliers de kilomètres, les deux aventuriers se retrouvent au sud du Panama, à la frontière avec la Colombie. « Aucune route ne reliait les deux pays et nous ne le savions pas, explique le quadragénaire. Nous pouvions prendre un traversier au prix de 2 000 $ américains, ce qui était bien au-dessus du prix de la voiture. Ensuite, nous allions entrer dans une zone FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), où cela allait être plus dangereux. On a donc décidé de rentrer au Canada. »

Des leçons à tirer

Dix ans après l’aventure, Stéphane Guertin, devenu conteur professionnel, réalise son premier spectacle autour de cette aventure. « J’avais réalisé un premier show sur un autre sujet et on me demandait d’en faire un deuxième. On m’a demandé de le faire sur mes souvenirs de ce périple. »

Vingt ans après, l’homme assure que cette aventure a été essentielle. « Nous sommes revenus différents au Québec. C’était très initiatique. On a su se débrouiller dans des situations très stressantes. » Dans le spectacle qu’il présentera à Chambly, il assure que tout est véridique. « Si j’intégrais du fantastique, plus rien ne tiendrait. C’est un travail particulier de savoir raconter l’histoire durant 1 h 20 avec la même énergie que j’avais utilisée durant les différents moments du voyage. »

Après l’aventure viennent les leçons tirées du voyage. Stéphane Guertin veut communiquer ce qu’il a vécu. « Le plus beau message qu’un spectateur m’a confié après un spectacle, c’est le fait de penser aux moments dans la vie lors desquels on pense aux choix que nous faisons. Nous avons le travail, la famille et les voyages. Mais à quel niveau a-t-on pris un risque ou pas? »

Vie et mort d’un char boiteux, le samedi 1er avril à 20 h, au Pôle culturel de Chambly. Réservations au 450 358-3949.