Un service populaire
La clinique Pro-Santé de Marieville est sur le point de fermer. La faute à un modèle économique non viable et à un désengagement de la Ville à hauteur de 50 % malgré une fréquentation d’une bonne partie de la ville.
« On a sauvé la vie de trois personnes récemment, car nos services ont pris la décision de les emmener d’urgence à l’hôpital. » Michèle Frégeau, vice-présidente de la structure est convaincue. La clinique Pro-Santé de Marieville ne doit pas s’arrêter malgré un bilan financier négatif. « J’ai de la misère à penser à abandonner après tous nos efforts. » L’annonce de la division par deux de la prochaine subvention de la Ville, passant de 10 $ à 5 $ par habitant, pourrait sonner le glas de la structure.
Ouvert en 2015, l’organisme à but non lucratif accueille aujourd’hui sept médecins et un chirurgien à temps partiel, soit le rythme attendu pour tourner à plein régime. Désormais, la clinique encaisse les loyers des professionnels de la santé pour vivre. « Mais auparavant, nous avons creusé pendant six ans pour survivre, rappelle l’administratrice. Nos frais fixes n’ont pas changé durant toutes ces années. En 2015, nous avons démarré avec un médecin, puis deux en 2016. Nous en avons accueilli un troisième en 2021 avant de pouvoir en avoir sept à la fin de cette même année. »
D’ailleurs, depuis son ouverture, le centre a vécu pas mal de péripéties, surtout avec la COVID qui a sévi de 2020 à 2022. « La pandémie a compliqué notre tâche de recrutement de médecins, poursuit Michèle Frégeau, qui gère la structure depuis 2019. D’ailleurs, toute la province était affectée. » Même avant l’apparition du virus, les difficultés étaient déjà présentes. « La réforme Barrette nous a fait mal, assure-t-elle. Fin 2015, les frais de soins dans les cliniques publiques ont été coupés. Cela a été un grand manque à gagner pour nous. L’augmentation des loyers a aussi été un frein. »
» Pour attirer des médecins chez nous, nous avons fait des bureaux intéressants. C’est un argument essentiel, car s’ils font 300 000 $ par an à Marieville, ils feront la même chose à Saint-Jean ou à Saint-Hubert. » – Michèle Frégeau
4 000 patients à l’année
Marieville n’a pas été épargnée par l’inflation immobilière et cet obstacle n’est pas forcément perçu de la même manière, que ce soit dans une ville de campagne ou en banlieue plus proche de Montréal, par exemple. La vice-présidente poursuit. « Pour attirer des médecins chez nous, nous avons fait des bureaux intéressants. C’est un argument essentiel, car s’ils font 300 000 $ par an à Marieville, ils feront la même chose à Saint-Jean ou à Saint-Hubert. Dans ce même contexte, si nous augmentons leur loyer afin de contrebalancer notre déficit, rien ne les empêche d’aller voir ailleurs. »
Aujourd’hui, la clinique Pro-Santé annonce recevoir entre 1 300 et 1 400 visites par mois grâce à la fréquentation de 4 000 patients à l’année. « Il nous manque encore un peu de monde pour rencontrer tous les critères afin de recevoir la subvention du gouvernement qui est estimée à plus de 100 000 $, assure Michèle Frégeau. Dans trois ou quatre ans, nous devrions pouvoir être autonomes. Nous avons demandé une rallonge à la Ville concernant notre entente, car nous avons vécu des situations compliquées. D’ailleurs, existe-t-il une situation favorable actuellement au Québec dans le domaine de la santé? »
Il est possible de faire un don à la clinique sur le site Internet cliniquemarieville.com/pourquoi-faire-un-don.