Un rapport alarmant sur la rivière Richelieu
La Fondation Rivières, le Syndicat de la fonction publique du Québec, le député de Chambly et certains maires et mairesses de la Vallée-du-Richelieu tirent la sonnette d’alarme quant aux piètres performances des usines d’épuration dans le secteur de la rivière Richelieu.
Le syndicat de la fonction publique du Québec demande au vérificateur général de la province d’enquêter sur les mauvaises performances des usines d’épuration proches de la rivière Richelieu afin de protéger la santé de la population.
Une demande légitimée par une étude menée par la Fondation Rivières. Le travail de la fondation rendu public sur leur site (fondationrivieres.org) dresse un premier portrait régional de la performance des ouvrages d’assainissement municipaux.
Le principal élément qui ressort de ce rapport est la qualité inquiétante de l’eau du Richelieu constatée en juillet 2017 par les canotiers qui ont parcouru la rivière lors de l’événement Le Richelieu en 24 h.
Des installations désuètes
C’est ce qui a incité la Fondation Rivières à identifier les sources de pollution d’origine municipales. Cette étude, une première à l’échelle d’un bassin versant, a permis de constater que les déversements d’eaux usées demeurent nombreux et que l’absence de planification dans les travaux à réaliser démontre une gestion aléatoire des infrastructures. Le rapport recommande une nouvelle approche pour que les municipalités soient accompagnées dans l’identification et la résolution des problèmes environnementaux les plus importants au niveau du bassin versant.
La Fondation Rivières a ainsi colligé les données d’exploitation des années 2014 à 2016 pour 31 systèmes d’assainissement, soit 26 sur le Richelieu et cinq sur le Saint-Laurent. Seulement six des 31 systèmes répondent à toutes les exigences, autant à la station d’épuration que dans le réseau de conduites qui transportent les eaux. Des 31 entités municipales invitées par la Fondation Rivières à discuter des résultats, 22 d’entre elles, soit 71 %, ont participé à une discussion sur les observations et les actions requises au cours des prochaines années afin de diminuer les rejets dans les différents cours d’eau. Ces données et discussions ont ensuite été interprétées et évaluées afin de dresser un portrait régional synthétique et représentatif des principaux défis en assainissement. Le travail a également permis de constater une certaine anarchie dans le choix des projets et la gestion des subventions qui ne sont pas nécessairement allouées selon des objectifs environnementaux prioritaires. La Fondation Rivières recommande que les organismes de bassins versants soient appelés à jouer un rôle prépondérant dans l’identification des priorités.
La Fondation Rivièves indique dans son rapport que les usines d’épuration du bassin versant de la rivière Richelieu ont déversé des eaux polluées 4 796 fois en 2016.
Alain Saladzius, contacté par le Journal de Chambly est formel, le gouvernement ne remplit pas son rôle dans le soutien aux municipalités pour les travaux nécessaires à apporter aux installations défectueuses. « Les différentes villes doivent souvent répondre à l’urgence elles-mêmes et n’ont pas les moyens de le faire, car cela a un coût important », explique-t-il.
La Ville de Saint-Mathias-sur-Richelieu confirme que ces infrastructures méritent d’être rénovées et qu’ils n’obtiennent pas forcément l’aide nécessaire de Québec. « Ce n’est pas le ministère de l’Environnement qui traite du dossier avec nous, mais le ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire (MAMOT) », indique la Ville.
Une urgence pour le député
« Dans une lettre ouverte publiée le 28 mars dans le Journal de Chambly à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, le président de la Fondation Rivières, Alain Saladzius, déplorait une dérive en matière d’assainissement des eaux, soit l’absence d’actions prises ces dernières années pour assainir les cours d’eau du Québec. Pourtant, ‘’pour peu qu’un budget supplémentaire y soit dédié, le travail peut être plus rapidement accompli’’, affirmait-il. Je suis d’accord », indiquait au Journal le député de Chambly Jean-François Roberge. En se basant sur les dernières données disponibles, ce dernier indique qu’il y a eu 2 527 surverses au cours de cette année dans la rivière Richelieu et le bassin de Chambly. En indiquant que la Coalition avenir Québec, sa formation politique, a déjà signalé que sa priorité en matière environnementale était l’assainissement des cours d’eau du Québec, Jean-François Roberge soulève l’importance d’agir, peu importe la couleur politique. « Peu importe les moyens adoptés, et peu importe la couleur du futur gouvernement, celui-ci devra mettre les bouchées doubles pour rattraper des années de laxisme en matière de protection de notre eau potable. En 2018, il est de notre devoir de mettre fin à cette dérive inacceptable », conclut-il.