Un projet incertain

Alors que tout semblait se diriger vers la construction d’un nouvel aréna à Saint-Césaire en un temps peu lointain, rien n’est sûr en ce jour.

En l’espace de deux ans, le projet a grimpé d’approximativement 6 millions $. En février 2020, la soumission était de 8,2 millions $. Un an plus tard, le projet était estimé à 10 millions $. Aujourd’hui, il serait question de 14 millions $ afin d’atteindre le même résultat. « Il y a un mot qui court de ce temps-là qui s’appelle la pandémie », annonce d’emblée le maire de Saint-Césaire, Guy Benjamin. Il parle des augmentations de coûts « en construction, aux architectes ingénieurs, en équipements. C’est ça qui fait que les coûts ont explosé », expose-t-il.

Rien n’est plus incertain

En mai 2021, la Ville de Saint-Césaire annonçait le financement de la construction d’un aréna complètement neuf pouvant accueillir tous les sports de glace pratiqués par la population de Saint-Césaire et des environs. « Une population active est une population en santé. Ces investissements sont non seulement nécessaires pour le bien-être et la vivacité des gens de Saint-Césaire, mais s’avèreront être un placement très favorable à long terme pour la santé physique et mentale. Le sport, c’est la santé. Il faut bouger », avait alors mentionné Claire Samson, députée d’Iberville du moment.

« Le projet de reconstruction de l’aréna est un projet qui contribue à la qualité de vie et à la santé de la population ici, à Saint-Césaire et à sa grande région. C’est un projet qui fera une différence pour encourager le développement de saines habitudes de vie et de l’activité physique des élèves qui fréquentent l’école primaire et la polyvalente, de même que dans toute la communauté. Il s’agit d’un projet mobilisateur et nous utiliserons ce levier pour démontrer l’intégration des principes du développement durable, tant dans la conception et la construction que dans la gestion responsable des opérations, tout en stimulant la création d’emplois de même que l’activité économique, autant résidentielle que commerciale. Avec la reconstruction de l’aréna, la Municipalité s’assure d’avoir en main un projet distinctif sur le plan de sa performance globale en respectant la capacité de payer des citoyens, l’environnement et l’intérêt de toute notre collectivité », avait résumé à son tour Guy Benjamin. À l’époque, si tout allait bien, l’amorce des travaux était envisageable en mai 2022. Aujourd’hui, rien de tout cela n’est sûr.

Qui paie quoi?

Les gouvernements, fédéral et provincial, avaient annoncé une subvention de 5,3 millions $ sur les 8,2 millions $ initiaux. Le comité de relance aurait, de son côté, récolté environ 1,7 million $. Il manquait à ce moment environ 1,3 million $ pour combler le vide financier.  À 14 millions $, c’est un autre son de cloche que fait résonner le maire de Saint-Césaire. « On se ramasse à environ 8,5 millions $ d’emprunts », chiffre-t-il. Il mentionne avoir demandé à Audrey Bogemans, députée provinciale d’Iberville de la CAQ, de « bonifier les subventions, sinon ce sera pratiquement impossible d’aller de l’avant avec ce projet », complète le maire à ce sujet.

« On dirait que, pour certains, la jeunesse n’a pas d’importance et qu’ils ne regardent que les dollars. » – Sylvain Létourneau

Sylvain Létourneau est coprésident du comité de relance. Le comité regroupe différents citoyens qui collaborent avec la Ville de Saint-Césaire pour assurer la réalisation du projet. En un premier temps, en convainquant des investisseurs, le regroupement avait soulevé 1,7 million $ pour contribuer à l’accomplissement du projet. « On souhaite aller devant la population et que l’on donne le go au projet. Ça nous permet de légitimer la collecte d’autres fonds », dit-il. Le comité de relance se dit prêt à aller solliciter et à présenter son plan afin d’amasser de l’argent pour le projet. « Mais il faut que la Ville se mouille et s’engage », nuance-t-il.  

Sylvain Létourneau garde les pieds sur terre. Si le projet représente un fardeau fiscal trop élevé pour la Municipalité, le comité se montrera résilient. « On est les premiers à dire que si ça coûte un prix de fou à la Ville, on va arrêter le projet. On est tous des citoyens responsables et l’objectif n’est pas d’endetter la Ville », rappelle le Césairois. Il évalue que le comité pourrait être en mesure d’aller chercher 2,6 millions $ en tout et pour tout auprès des investisseurs. « On est tous du monde qui mettons beaucoup d’heures bénévolement pour faire avancer les choses. On dirait que, pour certains, la jeunesse n’a pas d’importance et qu’ils ne regardent que les dollars », évalue M. Létourneau.

À l’issue du conseil de Ville de novembre dernier, la Municipalité de Saint-Césaire s’est engagée à mettre 3 millions $ dans un futur aréna.

Une firme dans le portrait

Devant le manque à gagner, les élus de Saint-Césaire ont recourt à Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT) afin de faire la lumière sur l’avenir du projet. « On doit tout remettre ça à niveau », dit le maire. « Le mandat de RCGT a pour but de dresser le portrait actuel, d’identifier les besoins, de faire une analyse comparative et des bonnes pratiques. Un document neutre et indépendant présentant les avantages et les inconvénients du projet de construction de l’aréna sera soumis au conseil municipal », écrit la Ville.

«Une étude avait déjà été faite par une autre firme, démontrant que ça prenait une glace par 20 000 personnes. On est plus de 35 000 dans la MRC», chiffre M. Létourneau.

Une consultation publique au sujet de l’aréna est prévue le 12 décembre.

MRC et autres villes

Est-ce que la MRC et les municipalités environnantes profitant de l’hypothétique aréna pourraient contribuer financièrement? « Si la MRC décidait de contribuer un jour, il faudrait que l’aréna de Marieville devienne aussi des infrastructures régionales pour que l’ensemble de la MRC contribue. Pour le moment, il n’y a pas de décision prise là-dessus, boucle le maire. Les autres municipalités de la MRC devraient participer à ce projet puisqu’elles en bénéficieront également. Il manque actuellement une glace dans notre MRC », estime de son côté M. Létourneau. 

Jouer à Marieville

En attendant, les utilisateurs de patinoires du territoire affluent vers l’aréna de Marieville. Ce n’est pas la Ville qui loue des heures de glace, mais les organismes, dont principalement l’Association de hockey mineur Rouville (AHM) et le CPA Saint-Césaire. Par la suite, les villes peuvent offrir des subventions. Marieville offre 150 $ par jeune de moins de 18 ans. Le coût de location varie selon l’heure. La grille tarifaire est gérée par Sopiar gestion sportive, firme mandatée par la Ville pour l’administration des services à l’aréna Julien-Beauregard. Guy Benjamin parle d’environ 170 $ pour louer une heure de glace. Les organismes louent la glace à raison de 9.5 heures par semaine pour le CPA, et 40 heures pour l’AHM. Des ligues adultes louent également la glace pour environ 10 heures. La Ville de Marieville réserve une heure par semaine pour le patin libre, et d’autres blocs horaires s’ajoutent lors des congés scolaires.