« Un pas en avant »
Les élèves du Centre de services scolaire des Patriotes (CSSP) rentrent en classe cette semaine après le mouvement de grève du personnel enseignant en fin d’année. Les syndicats demeurent vigilants concernant les propositions du gouvernement.
Les cours ont repris cette semaine au sein du CSSP, qui couvre Chambly et Carignan. Pour Jean-François Guilbault, président du Syndicat de Champlain, ce retour à la normale à la suite d’une entente de principe est un signal positif mais reste tout de même temporaire. « On est forcément heureux de ce dénouement. Il faut désormais que nos membres évaluent les propositions du gouvernement pour voir si la grogne va s’estomper. Nous pourrons en savoir davantage quand nous aurons tout étudié en profondeur. Cela demandera quelques semaines pour savoir si tout le monde est satisfait. »
« Nous savons très bien que tous les problèmes ne seront pas réglés dans l’immédiat. » – Jean-François Guilbault
Au début de la grogne, en novembre, le dirigeant s’inquiétait de l’état de l’éducation au Québec. Son avis n’a pas changé, même si les cours ont repris. « Nos préoccupations s’articulent autour des salaires et des conditions de travail. Il faut répondre aux grands enjeux, comme la lourdeur de la tâche et la composition des classes. Or, nous savons très bien que tous les problèmes ne seront pas réglés dans l’immédiat et qu’une convention collective ne suffit pas. Il faut que le gouvernement ait une grande réflexion à ce sujet. Mais l’accord obtenu juste avant les Fêtes est un pas en avant. »
Une augmentation du salaire de 17,4 % pour le personnel enseignant, une cinquième semaine de congés payés à partir de 15 ans d’ancienneté, une amélioration du régime de retraite ainsi que des droits parentaux et une bonification de 10 % à 15 % de la prime d’attraction et de rétention pour le personnel spécialisé, tel est le bref aperçu de cette entente de principe.
« Dans une négociation, il faut voir d’où nous sommes partis pour juger où nous en sommes arrivés, temporise Jean-François Guilbault. Au début, le gouvernement avait proposé une augmentation de salaire de 9 % sur cinq ans, la voici quasiment doublée. Nous avions aussi une très forte demande de récupération de fonds de pension. L’une des mesures essentielles de ce plan est l’ajout de 4 000 équivalents » temps plein » d’aides à la classe. Ils permettront d’alléger le travail quotidien des enseignants. Le personnel de soutien et de garderie voit ainsi son contrat bonifié avec plus d’heures et un statut permanent. Mais il ne faut pas s’arrêter là pour juger des négociations, car les mesures sont larges et certaines, très techniques. »
Aucun jour de vote quant à cette entente n’a été fixé pour le moment; le dirigeant veut être transparent concernant les mesures présentées. « On assume cette entente de principe au moment de la présenter à nos membres. Des annonces seront faites en fin de semaine prochaine concernant la clarification de l’entente et la suite des événements. »
Un retard à combler
Dans le CSSP, la grève a duré un peu plus d’une semaine. Un retard que les écoliers devront rattraper.
« Cela ne devrait pas être très compliqué, poursuit Jean-François Guilbault. D’ailleurs, la semaine de rentrée a commencé par une journée pédagogique pour tout réorganiser. On est moins bien impactés que les jeunes Montréalais qui ont un mois à rattraper. »
Le front commun historique de contestation que vient de connaître le Québec permet au représentant du Syndicat de Champlain de pointer la situation de l’enseignement sur le territoire. « Un gros travail est à effectuer concernant l’état des écoles et des conditions d’apprentissage. Le système scolaire québécois est le plus inégalitaire au pays! Il faut prendre les mesures afin que chaque élève puisse avoir les mêmes opportunités. Nous avons une recette que nous jugeons intéressante à présenter à nos membres. Il faut néanmoins que nous ayons le paquet de mesures concernant les avancées salariales ou encore la pension de retraite au complet avant de prendre des décisions. C’est la plus grosse mobilisation à laquelle j’ai assisté en 25 ans. »
La grève illimitée s’est avérée un argument de poids face au gouvernement Legault. Jean-François Guilbault n’écarte pas cette arme lors des prochains échanges. « Si l’offre des dirigeants n’est pas jugée à la hauteur, nous demanderons l’avis à nos membres afin de la reconduire ou pas. C’est un travail de négociations. Est-ce que le gouvernement voudra régler cette affaire rapidement? Nous n’avons aucun contrôle à ce sujet. »