Traiter ses animaux humainement
Depuis l’été dernier, le projet du Centre de services funéraires pour animaux de compagnie de Chambly suscite un questionnement auprès des citoyens.
Incinérateur? Crématorium? D’entrée de jeu, Dr. Pierre-Yves Anglaret, vétérinaire et promoteur du projet à Chambly, souhaite nuancer. « J’ai l’impression qu’il y a une confusion sur l’usage des mots. On parle bien d’un procédé d’incinération. Par contre, incinérateur et crématorium sont deux choses complètement différentes. Nous sommes un crématorium, un centre commémoratif, comme on le voit pour les humains, sauf que nous l’offrons pour les animaux de compagnie, animaux familiers. Nous ne sommes pas un incinérateur de carcasses. »
Dans le but d’offrir davantage d’information sur l’ensemble de la situation, le promoteur et les élus de Chambly se sont rencontrés. « Il me semble que nous avons eu une discussion positive à l’occasion d’un huis clos. Nous avons exposé à nouveau les tenants et aboutissants du projet. L’idée était d’avoir une discussion ouverte au sein de laquelle il y a eu une période d’échanges et de questions », résume M. Anglaret.
Voyant son projet repoussé lors de la séance du conseil de Ville de Chambly de janvier, l’homme d’origine française reçoit le message positivement. « Je vois ce délai comme un temps supplémentaire pour mieux expliquer notre projet auprès de la population. Je vois ce qui se dit sur les réseaux sociaux autour de ce projet. Je pense qu’un point de clarification est indispensable. Il permet justement de transmettre les bonnes informations. »
Localisation
Initialement, la volonté était d’ouvrir le centre à l’angle du boulevard de Périgny et de la rue Maurice. La compagnie avait obtenu toutes les autorisations à cet effet. « La Ville nous a fait part que l’installation en face du Pôle culturel de Chambly n’était pas simple pour elle. La Ville m’a demandé si j’acceptais plutôt de déménager le projet plus loin sur Périgny. J’ai accepté et je comprends, en toute bonne foi, qu’autre chose soit envisagé en face du centre socioculturel. Nous travaillons ensemble pour trouver une solution qui satisfera tout le monde et qui, moi, me permettra d’avoir une visibilité maximale sans heurter la sensibilité. Si mon projet en était un d’incinérateur industriel dans lequel je traite des milliers de carcasses toutes les semaines, ça aurait du sens d’être dans une zone industrielle. Mais ce n’est pas le cas », répond le docteur à ceux qui se demandent pourquoi il ne s’installe pas dans le quartier industriel.
« Les normes sont très strictes et éditées par le ministère del’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Si l’on pollue, si l’on fume, si l’on pue, on fermesur-le-champ. » – Pierre-Yves Anglaret
Émissions, odeurs et environnement
Parmi les plus vives inquiétudes émises par les citoyens, les rejets dans l’air ont souvent été nommés. « Est-ce que les gens se plaignent de complexes funéraires pour humains? La crémation d’un humain, c’est plus gros, plus lourd, et à ma connaissance, personne n’a noté la moindre nuisance ni odeur. Non, ça ne fume pas et ça ne sent pas. Si c’était le cas, c’est que ceux qui l’exploitent travaillent mal. Les normes sont très strictes et éditées par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Si l’on pollue, si l’on fume, si l’on pue, on ferme sur-le-champ. Nous devons être transparents. On ne peut pas travailler autrement que de cette façon », affirme Pierre-Yves Anglaret.
En ce qui a trait au four, le promoteur explique qu’un four de crémation contient deux cellules : l’une pour contenir la dépouille qui redeviendra poussière, et l’autre qui se nomme la postcombustion, la plus volumineuse du four, servant à rebrûler toutes les fumées dans lesquelles se trouvent les particules. Le four en question est un modèle P200. Il est fabriqué par l’entreprise québécoise PYROX. Selon ce que véhicule M. Anglaret, « ce four permet des résultats allant de 20 à 25 % supérieurs à ce que les normes imposent ».
Nombre d’animaux au quotidien
Il n’est pas possible de cibler précisément la quantité quotidienne d’animaux qui se transformeront en cendres, qui seront ensuite déposées dans une urne au centre. « Ce que je peux vous dire, c’est que nous sommes contraints par le temps que durent les services funéraires. Je pense que nous arriverons à faire cinq ou six services par jour. Ça dépend de détails techniques, dont la taille des animaux. Nous avons un petit four ne permettant pas une grande capacité de crémation, et nous n’avons pas les autorisations pour », justifie l’homme, qui souhaite pouvoir aller de l’avant avec son projet dans les semaines à venir.
Selon la taille de l’animal, la durée d’une crémation peut varier entre une trentaine de minutes et deux heures. S’ensuit un service funéraire, où les endeuillés vivent un moment de recueillement avec leurs proches.
Animal membre de la famille
Pour plusieurs maîtres d’animaux, leur fidèle compagnon est membre à part entière de la famille. Si, pour certains, la mort d’un animal semble bénigne, pour d’autres, c’est un cheminement et un processus de deuil qui s’entament. « Les gens nous appellent et vivent un moment douloureux. Avant, on parlait de pet owners, maintenant, on parle de pet parents. Je trouve que ça résume bien le portrait. Nous recevons des gens dont l’animal fait partie de la famille. À ce titre, les gens estiment que leur animal est digne de recevoir le même traitement que d’autres membres ‘’à deux pattes’’ de leur famille. Nous sommes là pour les accompagner dans ce moment de deuil. Éventuellement, nous souhaitons intégrer des groupes de soutien, besoin que vivent certaines personnes », dépeint le vétérinaire.
Un service de la sorte peut coûter en moyenne entre 300 et 350 $. Hormis pour les chiens et les chats, M. Anglaret, qui gère également le même type de centre à Rigaud, a reçu des demandes de service de la part de familles souhaitant dire au revoir à leurs hamster, lapin, souris, serpent, oiseau, etc.