Théâtre d’improvisation : Exprimer ses talents
Deux anciens élèves du secondaire de Chambly militent pour ramener le théâtre d’improvisation dans l’établissement scolaire. Un engagement pour rendre des vies meilleures.
Dans un monde classique, Sébastien Paquette et Zachary Lampron, aujourd’hui élèves au cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu, ne seraient certainement pas amis. « Lorsque je suis arrivé en secondaire un à Chambly, j’étais dans mes livres, rappelle le premier nommé. Mon souci était la performance. Outre les cours, je jouais beaucoup aux jeux vidéo avec un seul ami. Zachary était une classe au-dessus de la mienne et faisait partie des gars cool un peu inaccessibles. On était vraiment différents. »
Mais le théâtre d’improvisation a changé et les trajectoires des deux adolescents se sont rejointes sur scène. « Je faisais un essai pour rejoindre Les Audacieux, la troupe d’improvisation de l’école, poursuit Sébastien Paquette. Personne n’a aimé ma prestation sauf Zachary, qui a repéré du potentiel. J’ai appris par la suite qu’il était le capitaine de la troupe. Aujourd’hui, je suis son assistant pour entraîner les neuf jeunes du secondaire cette année. Notre objectif est de redonner ses lettres de noblesse à cet art qui a changé beaucoup de choses en nous. »
Zachary Lampron est passionné d’improvisation et se souvient de moments importants pour lui dans son cursus scolaire. « On avait un potentiel énorme en secondaire. Nous étions d’ailleurs souvent en finale du « Très grand Verglas », tournoi regroupant les meilleures équipes scolaires de la région. La COVID a mis un coup d’arrêt à l’improvisation en tant qu’activité parascolaire. On veut vraiment relancer cela à Chambly et participer à ce tournoi. On sait qu’il existe une grosse demande chez les jeunes. Parmi eux, l’équipe d’improvisation sera un critère important concernant le choix de leur cégep. On veut en faire de même pour la secondaire de Chambly lorsque les secondaires 4 et 5 seront prêts dans l’établissement. »
Une motivation scolaire
Outre l’union des deux amis, le théâtre d’improvisation a changé quoi dans leur quotidien? « Moi? J’aurais arrêté l’école, assure Zachary Lampron, 19 ans aujourd’hui. Les entraînements du mercredi soir étaient ma source de motivation pour poursuivre les études. Je me levais le lundi matin en sachant que dans deux jours, j’allais retrouver tout le monde au théâtre. D’ailleurs, j’ai poursuivi le cegep à Saint-Jean car je sais que l’impro est bonne là-bas. » Pour Sébastien Paquette, le contraste entre le jeune adulte de 18 ans et l’adolescent est aussi saisissant. « J’étais très académique, mais maintenant je me sens plus libre de penser. Je montre davantage d’éloquence, je m’exprime facilement en public. L’improvisation, c’est moins de chiffres, moins de pression. D’ailleurs, j’ai abandonné les sciences après une session. Je me suis rendu compte que je n’aime pas ça. Je me tourne aujourd’hui vers les sciences humaines et la politique. Je m’amuse à dire que j’ai humanisé mon secondaire grâce à l’improvisation. Je sens que je suis une meilleure personne. »
Rire et faire rire, c’est une chose. Rire et faire rire devant un public, des camarades de classe, des professeurs et des inconnus, c’en est une autre. « J’ai vraiment évolué dans la façon de percevoir les jugements à mon égard, poursuit Sébastien Paquette. J’ai mis une coquille pour me protéger. Mon but n’est pas d’être meilleur que les autres; je reste la même personne que tout le monde. Mais j’ai osé me lever pour essayer de faire rire les autres. » De son côté, Zachary Lampron veut partager son vécu. « Je veux expliquer mon vécu aux jeunes. Il peut arriver que cela ne se passe pas bien à l’école. Oui, l’école passe avant tout, mais l’improvisation peut être une échappatoire pour décompresser. Je veux leur expliquer mon chemin. »