Sur les traces de Tonio un an après son décès

MÉMOIRE. Un an après son départ, Antonio Dionne est encore bien présent dans la mémoire de la communauté locale. Le Journal de Chambly a suivi les pas de celui que l’on nommait affectueusement Tonio, pour aller à la rencontre des amis qui ont cr

Jeanne Gaudreault

Le 14 avril 2016, Jeanne Gaudreault trouve Tonio dans un bien piètre état à son domicile. Depuis plusieurs jours, les citoyens s’inquiétaient, ne voyant plus Tonio se promener dans la ville, à la recherche des cannettes, qu’il ramassait religieusement.

Sans hésiter, elle l’a transporté à l’Hôpital du Haut-Richelieu, où il a été traité pendant près de deux semaines. L’homme de 69 ans s’est éteint la journée de son congé.

« Antonio avait un message, croit Mme Gaudreault. Il estimait que nous étions une menace pour la planète. Il trouvait que l’on gaspillait. Il n’avait aucune malice, il souriait avec les yeux. C’est moi qui a été chanceuse de le rencontrer. Il m’a apporté beaucoup plus que ce que je n’ai pu lui donner. »

Raymond Martel

Habitué du McDonald’s à Chambly, Tonio aimait y prendre un café et piquer une jasette avec les personnes qui fréquentaient le restaurant. De fil en aiguille, il est devenu un régulier tant pour les employés que pour les clients.

Raymond Martel l’a croisé à de nombreuses reprises. En apprenant qu’il était hospitalisé, M. Martel a fait signer une carte de prompt rétablissement à tous les amis de Tonio qui fréquentaient l’établissement et il est allé lui remettre à l’hôpital.

« Tonio était présent dans le secteur, indique M. Martel. Il était l’un des plus grands marcheurs de Chambly. On peut dire de lui, comme dans la chanson de Félix Leclerc, que ses souliers ont beaucoup voyagé et traversé le monde et sa misère… »

Robert et Wilfrid Collin

Nombreux sont ceux qui ont embarqué Tonio pour lui faire des lifts jusqu’au Metro Plus Marché Collin. Régulièrement, il venait remplir les gobeuses des canettes trouvées sur sa route.

Bien installé sur son banc à l’entrée de l’épicerie, les clients de la place Chambly le croisaient fréquemment.

Les propriétaires ont immortalisé la présence de leur fidèle visiteur, en apposant une plaque en son honneur sur le banc.

« Il n’y a pas une semaine qui passe sans qu’un client nous parle de lui. Il a laissé son âme ici », remarque Robert Collin.

« C’est un gars qui avait de l’histoire. Il pouvait parler de n’importe quoi, tant au plan politique qu’en actualité », renchérit Wilfrid Collin.

Claude Demers

Tonio a adopté le festival Bières et Saveurs dès sa première édition. Fier bénévole, jamais l’organisation n’a eu à le tenir sur une liste, le Chamblyen était toujours au rendez-vous pour donner un coup de main, du début à la fin.

Une fois de temps en temps, il sirotait une boisson gazeuse, qu’il affectionnait particulièrement.

« En 14 ans, il n’y a pas grand-chose qu’il n’a pas fait, remarque le directeur général de Concept B, Claude Demers. À la fin du montage du site, Tonio nous disait qu’il allait faire beau et que tout serait prêt. Ça donnait le coup d’envoi, c’était notre tradition. Il était infatigable, rien ne l’arrêtait. »

Alexandre Desnoyers

Le 14 mai 2016, plus de 150 personnes se sont réunies à la chapelle du Complexe Funéraire Desnoyers de Chambly pour saluer son départ.

Des gens d’affaires, de la scène culturelle et communautaire étaient présents pour offrir une cérémonie empreinte d’humour, d’amour et de solidarité pour celui qui aura été un emblème de Chambly.

« Tonio m’a toujours donné l’impression de quelqu’un qui ne voulait pas déranger autour de lui, lance Alexandre Desnoyers, du complexe funéraire. Il a mis plein de personnes en contact et a réussi à rassembler la communauté. La chapelle était pleine à craquer, c’était un personnage. »