Stratégie contre les violences sexuelles : un pas attendu pour les organismes

Les groupes féministes de la région reçoivent positivement la Stratégie d’intervention pour prévenir et contrer les violences à caractère sexuel sur les campus, annoncée par la ministre de l’Enseignement supérieur, Hélène David, le 21 août. Les organismes espèrent que ce pas en avant sera le premier d’une longue série.
Par cette annonce, Québec s’engage à injecter 23 M$ sur cinq ans pour permettre aux établissements d’enseignement supérieur d’instaurer de meilleures pratiques en matière de lutte contre les violences à caractère sexuel.
Divisées en six axes, 19 mesures découleront de cette initiative, notamment la création d’un guichet unique pour accueillir les victimes, les accompagner et les référer. Des mesures d’accommodement académiques pour la victime comme l’annulation sans frais de cours ou la résiliation de bail en résidences étudiantes sont aussi proposées.
«Certains reprochent que ce soit encore les victimes qui écopent dans ces cas, mais dans le système judiciaire actuel où quiconque est innocent jusqu’à preuve du contraire, ce sont des mesures pour les victimes», reconnaît la directrice du Centre de femmes Ainsi soit-elle, Josée Daigle.
«Cette stratégie démontre une volonté politique, ajoute-t-elle. C’est une prise de conscience collective. J’ai confiance que les esprits sont éveillés et que les mentalités vont changer !»

Avant la rentrée

À quelques jours des initiations dans les différents établissements scolaires, elle se réjouit aussi d’apprendre que des vigiles seront présents pour éviter les dérapages.
«C’est proactif. Ce genre de mesure permet de faire réaliser que chaque personne a une responsabilité. Les groupes de femmes, on tape toujours sur le même clou, mais tout passe par la sensibilisation et la prévention», résume Mme Daigle.
La stratégie dévoilée la semaine dernière fait suite aux cinq journées de consultation menées par la ministre à l’hiver 2017. Le dépôt d’un projet de loi devrait suivre.

«J’ai confiance que les esprits sont éveillés et que les mentalités vont changer !»
– Josée Daigle

«Les victimes ne doivent plus jamais être laissées à elles-mêmes. Nous devons collectivement, lutter contre ce phénomène», déclare la ministre dans un communiqué.
«La violence faite auprès des femmes a toujours compté dans nos priorités. On a souvent pris position et cette stratégie va dans le sens de plusieurs projets de loi que nous avons déposés», se réjouit la présidente de l’Association féminine d’éducation et d’action sociale (Afeas) de Chambly, Linda O’Neill.

À l’extérieur des classes

Les mesures pour assurer la sécurité des femmes ne se limitent pas aux campus universitaires. En janvier, une nouvelle mesure initiée en Floride, le angel shot, ciblait les bars et les restaurants.
Il s’agit d’un message codé qu’une cliente peut lancer si elle se sent menacée et qu’elle souhaite qu’un employé lui apporte de l’aide.
Le porte-parole de la Régie intermunicipale de police Richelieu–Saint-Laurent, Pierre Tremblay, remarque que la pratique n’est pas courante dans la région, n’ayant aucune intervention de ce type recensé pour l’instant.
«Toutes ces mesures envoient un signal clair que les violences sexuelles ne sont pas acceptables », conclut Josée Daigle.